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La baie de Kotor

Le lendemain, nous quittons la ville de Cetinje, et entamons la journée avec une belle montée de 600 m.

C’est rude, oui, mais la vue au col est à couper le souffle : la baie de Kotor se dresse devant nous. Magnifiques montagnes, soleil éblouissant, qu’est-ce qu’on a de la chance !! La route est toujours aussi étroite, et on y est encore quasiment seul, on apprécie !

On enchaîne avec une des plus grosses descentes de notre voyage,sur la route nommée “Kotor Serpentine”. Vous l’avez deviné, c’est une succession d’épingles à cheveux bien serrées et numérotées – il y en a 16 ! Paraît-il que c’est l’une des routes en épingles à cheveux parmi les plus célèbres au monde. Nous passons notre temps à nous arrêter pour prendre des photos et savourer ce paysage dont il nous paraît impossible de saturer.

Les deux dernières épingles sont cachées dans l’ombre, et là, on ne s’arrête plus car la température y est bien fraîche ! Nous arrivons finalement à Kotor, cette petite ville médiévale où j’étais déjà venue il y a quelques années avec mes collègues… Nous sommes hors saison, et tout est fermé, autant les boutiques de touristes que les restos, nous laissant l’impression d’être dans un décor en carton pâte. De mon côté, j’arrive à faire abstraction et j’apprécie toutes ces vieilles pierres, mais pour Mathieu, cette ville fantôme où tous les habitants ont été chassés au profit d’installations touristiques, ce n’est pas à son goût. C’est un cruel dilemme : faut-il mieux être là en ce moment, seuls, dans un endroit sans vie, ou en pleine saison quand tout est ouvert, mais avec une foule de touristes autour de nous ? Nous allons y être confrontés bien souvent par la suite, en Croatie et à Mostar en Bosnie. 

Sur la place principale, on se fait aborder par un homme qui travaille pour la promotion du vélo dans la baie. Nous discutons, prenons quelques photos… On en profite pour lui souffler à l’oreille que nous cherchons un endroit où dormir pour ce soir, mais sans succès, il nous oriente vers l’auberge de jeunesse du coin 😅

Le lendemain, nous réenfourchons Steven et partons pour faire le tour de la baie. Les points de vue sont tous plus beaux les uns que les autres, nous apercevons souvent de belles petites églises, traversons de charmants petits villages au nom parfois imprononçable …

Parmi eux, Perast, où nous trouvons un café ouvert (miracle !). De là, une super vue sur la rive opposée, et au milieu de l’eau, une église et un monastère. Superbe !! A côté de nous, un chat qui se prélasse dans son pot de fleurs, il semble avoir la belle vie !

De l’autre côté de la baie, on passe à l’ombre de la montagne, et d’un coup, on se les pèle ! Ça nous permet d’avancer un peu plus vite sans s’arrêter toutes les deux minutes pour les photos ^^ Et puis, dès qu’on sort de la baie et qu’on repasse au soleil, grand chaud à nouveau. Nous sortons de ce paysage enchanteur pour nous enfoncer un peu dans la montagne, tout droit vers la frontière croate. Ça monte bien fort, cette frontière est perchée !

Nous quittons le Monténégro, qui a été pour nous un véritable coup de cœur, avec tous les jours sans exception des merveilles de la nature, sous le soleil, qui nous ont enchanté les pupilles par leur surprenante beauté.

Et pour parfaire le tableau jusqu’au bout, nous rencontrons des douaniers monténégrins bien sympas. 

Derrière la frontière du Monténégro, nous nous engageons dans un long corridor (le plus long que nous avons vu jusqu’à présent), montant toujours, avant d’apercevoir la frontière croate.

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Du lac de Skadar à Cetinje

Le lendemain matin, nous faisons également nos adieux à Martin, non sans émotion, et quittons la ferme. Nous nous arrêtons rapidement à l’épicerie du village pour écouler nos derniers leks avant de passer la frontière. La traversée est très rapide, les douaniers nous demandent si on a un test : non mais on est vacciné. Ah ok. Et ils nous laissent passer sans rien vérifier !

Rapidement, on commence à grimper une côte bien raide, et la pluie se joint à la partie. On s’arrête un peu en pensant que ça va passer, mais que nenni ! Plus qu’à enfiler les kways et continuer sous l’eau ! Amélie et Anthony nous avaient conseillé un resto panoramique sur la route, pas cher et super bon, c’est ce qui nous motive !! Et quelle déception, à notre arrivée, il est fermé😰 On comptait tellement dessus qu’on a quasiment rien à manger, et l’endroit est plutôt désertique ! On essaie de s’abriter tant bien que mal derrière un mur du resto, car non seulement il pleut, mais un vent à décorner les bœufs s’est levé et nous glace le sang, c’est l’enfer !! On mange vaillamment une boîte de sardines, et des biscuits que Mathieu a eu la clairvoyance d’acheter ce matin avec nos derniers leks.

On poursuit notre ascension et la pluie se calme un peu. Nous arrivons aux antennes qu’on voyait au loin lors de notre randonnée de la veille, et on voit également là où nous nous sommes promenés ! Quelle chance on a eu d’avoir beau temps hier pour profiter à fond de la vue !!

On redescend ensuite rapidement de l’autre côté et on s’arrête dans le premier village pour manger quelque chose d’un peu plus consistant ! Nous y croisons un franco-monténégrin qui nous invite pour le café et nous indique un bar où le patron a peut-être une solution pour nous héberger ce soir. Ni une ni deux, on s’y dirige, et on accepte avec grand plaisir la salle communale qu’il nous ouvre pour nous installer à l’abri des grosses rafales de vent. Dans son bar, on rencontre un homme qui semble content de parler anglais, qu’il avait appris lorsqu’il avait émigré aux USA. Au début, c’est sympa, mais c’est un vrai pilier de bar et sa discussion finit par tourner en boucle, toute en lourdeur et machisme. Du coup, on se retire dans notre abri de fortune !

On passe une bien bonne nuit, on a même eu trop chaud !

Nous reprenons notre chemin où nous l’avons laissé, et en prenons plein les yeux toute la journée. En fait, la totalité de notre parcours au Monténégro suit une route panoramique, et c’est absolument magnifique !! Elle est toute étroite, et quasiment personne ne roule dessus. Il ne pleut plus, heureusement, mais le soleil ne se montre pas avant la fin de la journée et le vent nous glace les os. Au maximum, il fait 6°, et on lutte toute la journée pour se réchauffer.

Autour de nous, c’est assez désertique, on ne croise que quelques rares habitations (et qui dit que les maisons sont encore habitées ?). Partout, de nombreux murets en pierres sèches ponctuent le paysage, on apprend qu’ils servaient à la fois à délimiter les parcelles, à parquer les troupeaux, et à lutter contre l’érosion. Le fil conducteur d’aujourd’hui et demain, c’est le lac Skadar (commun avec l’Albanie, le même qu’on avait vu lors de la randonnée), qu’on longe depuis hier et jusqu’à demain, et qui nous offre des tas de points de vue à couper le souffle. Il occupe une dépression karstique et est très peu profond (6 m en moyenne), à l’exception de crevasses ponctuelles.

Nous faisons une pause dans un pub le midi à Virpazar, et en profitons pour faire des courses (probablement le seul magasin qu’on va croiser entre hier matin et demain !). On se dégote ensuite un parfait endroit pour bivouaquer, en hauteur et avec une super vue sur les îles du lac Skadar. Il fait froid, mais c’est un froid sec, donc pour le moment, ça va. Au matin, le soleil se lève face à nous, quel plaisir de le retrouver !

Nous nous promenons à pied le long d’un ruisseau et de sa cascade, le tout dans un paysage bien karstique, et puis nous reprenons la route. 

Nous poursuivons sur la même route que la veille, le long de l’extrémité ouest du lac, qui nous offre des points de vue tous plus beaux les uns que les autres.

Notre point de chute ce soir est Cetinje, et si nous connaissons à peu près la distance qui nous en sépare, nous ne savons en revanche pas quel dénivelé nous attend. Comme on ne va rester que quelques jours au Monténégro, nous n’avons pas pris de carte sim et n’avons donc pas d’internet sur nos téléphones pour regarder tout ça. Et malheureusement, ça monte beaucoup plus que prévu !!! Et encore une fois, on n’a pas vraiment de stock de bouffe sur nous, à part des abricots secs achetés par miracle la veille. On en chie, on a l’impression que cette ville est toujours plus loin et plus haute, c’est bien dur. 

Quand enfin on y arrive, on est mort et on fait la sieste, tant pis pour les musées et autres choses à voir. En effet, cette ville a été la capitale du pays (avant Podgorica) entre 1878 et 1946, et on y trouve de beaux bâtiments qui abritaient anciennement les consulats étrangers, aujourd’hui reconvertis en musées pour la plupart (musée national du Monténégro, bibliothèque nationale, archives nationales, théâtre national …).