Après un 2e petit dej au café d’Emilio, nous quittons la ville de Gênes sous un ciel bien lourd. Enfin, nous roulons pour sortir de la ville, car c’est très long, très industriel, et pas du tout équipé pour les vélos ! Du coup, c’est assez laborieux et ce n’est qu’après une vingtaine de km que la densité des habitations et industries commence à se réduire et qu’on peut enfin apprécier un peu.
Un peu voire même beaucoup quand soudain on aperçoit des dauphins dans la mer !!! Quel spectacle ! On s’arrête de longues minutes pour les contempler, voir leur nageoire dorsale sortir de l’eau, et s’extasier quand ils sautent. On est tout content !
La route suit le contour de la montagne, parfois nous passons quelques tunnels mais jamais très longs, c’est bien agréable. Sur un tronçon trop court à notre goût, nous suivons le tracé d’une ancienne voie ferrée réhabilitée en voie cyclable. Un pur régal !
Par contre, lorsque vient l’heure de trouver un endroit où dormir, ça se corse : on est coincé entre la montagne et la mer pas loin de Finale Ligure ! Et dès qu’il y a des habitations, tout est privé. Même les chemins pour monter vers les tours fortifiées qu’on aperçoit un peu plus haut ! C’est un véritable casse-tête, et on finit par se trouver un coin tout bof au bord d’un port de plaisance, où il est bien écrit « interdit de camper », mais on a plus d’espoir de trouver quelque chose de bien. Pas sûr qu’on dorme sur nos deux oreilles, mais tant pis !
Nous cuisons nos pâtes, ajoutons le Parmigiano que nous a donné la maman de Francesco et que j’ai râpé avec une râpe achetée spécialement pour l’occasion. Personne ne vient nous embêter, tout va bien.
Le réveil sonne tôt le lendemain matin, et au final, nous n’avons pas si mal dormi que ça (mais on va quand même pas dire qu’on a bien dormi 😅).
Nous quittons ce coin de bivouac et allons nous promener dans le centre historique fortifié de Finale Ligure, qui a été élu plus beau village d’Italie. Ce sont des dédales de ruelles étroites, bordées de maisons colorées, avec souvent les volets verts et le linge qui sèche à la fenêtre. C’est bien agréable ! On fait aussi un crochet par la collégiale San Biagio, dont l’intérieur est lourdement décoré !
Nous reprenons la route qui longe le littoral. Elle est toujours aussi fréquentée qu’hier, et nous ne voyons aucune piste cyclable de la journée. Difficile d’imaginer ce que ça doit être en été !
Nous nous arrêtons à nouveau un court instant dans le village d’Albenga, le temps de visiter quelques églises et puis on arrive enfin à Imperia, après avoir affronté une côte bien raide de 200m positifs.
Nous y visitons un musée de l’olive et son huile, attenant à l’entreprise Carlo Carli. Y sont exposés d’anciens pressoirs, beaucoup d’objets liés à l’huile d’olive et remontant pour les plus anciens à l’époque des égyptiens. Et dans un autre bâtiment, on peut voir les machines actuelles utilisées par l’entreprise ! Dommage pour nous, ils ne sont pas en activité aujourd’hui, on doit donc se contenter d’une vidéo pour les voir tourner.
À la sortie, on se voit même offrir 3 fioles d’huile d’olive !! Autant dire qu’à l’entrée quand ils nous avaient parlé d’un « petit cadeau » à la fin, on ne s’attendait pas à autant ! Voilà de quoi agrémenter nos pâtes jusqu’à notre retour ^^
Nous ne roulons que peu ensuite, car nous tombons sur un parc en bord de mer, et la journée est déjà bien avancée. C’est culotté, car dans la ville même d’Imperia, mais nous décidons de nous y installer pour la nuit.
De même qu’hier, le réveil sonne bien tôt ce matin, mais c’est nécessaire vu notre emplacement de tente 😅 On replie tout bien vite, juste à temps pour le premier promeneur de chien. Ouf !
On remonte en selle et on retrouve la route bien passante. Mais dès San Lorenzo Al Mare, nous empruntons une nouvelle voie verte, sur le tracé d’un ancien chemin de fer. C’est super cool et on croise des milliers de cyclistes (personne ne travaille ici ?!), et des petites guinguettes en bord de mer, ou bien sur nous nous arrêtons pour une pause café et panettone !
Peu avant Vintimille, on bifurque pour s’engager dans la vallée de la Nervia, vers le nord. Le paysages nous régalent, le soleil illumine les couleurs des petits villages, le tout réhaussé du jaune éclatant des mimosas. Dans un premier temps, on traverse le village de Dolceacqua, avec son château en ruine et son pont courbé qui nous rappelle celui de Mostar en Bosnie.
Puis on arrive à Isolabona, plus loin dans la montagne. Voilà encore un magnifique petit village perché, et qui nous semble plutôt vivant, d’autant plus qu’on y est à l’heure de la sortie des classes.
Pour dormir, on repère une maison un peu à l’écart du centre du village, en hauteur, avec tous les volets fermés. De l’extérieur, elle ne semble pas trop habitée (résidence secondaire ?). Le petit chemin qui y mène nous semble parfait pour passer la soirée et la nuit, et on s’y installe discrètement. Alors que Mathieu finit tout juste de prendre sa douche (toujours à poil, dans le chemin), j’aperçois en bas deux mamies qui arrivent. Mayday mayday !! Elles sont un peu surprises de nous voir ici (et nous aussi – finalement, c’est habité cette maison !), mais nous autorisent à rester, juste une nuit hein ! C’est super, au moins, on n’a plus rien à craindre !
La nuit a été plutôt tranquille, puisqu’on n’avait pas peur d’être surpris. Au réveil, le ciel est tout voilé, et nous sommes un peu frustrés de ne pas avoir poussé jusqu’au village d’Apricale hier soir (à environ 5 km de là), pour profiter des belles lumières sur ce bourg perché sur un éperon rocheux !
On y roule quand même, l’occasion de découvrir un très beau village, mais totalement endormi à cette période de l’année. On a été très inspiré de prendre notre petit-déjeuner avant de partir, car il n’y a pas un seul café d’ouvert ici, on est bredouille ! C’est bien dommage, et on ne s’attarde donc pas ici.
Demi-tour, on repart vers Vintimille.
Quelques minutes après … voilà la frontière française qui se profile !!! Y a pas à dire, ça fait bizarre de se retrouver là après si longtemps ! On pensait faire une belle photo, mais à notre surprise, nous sommes accueillis à la frontière par une horde de camions de gendarmes, et des militaires italiens. C’est très déroutant, et c’est bien la seule frontière de l’espace Schengen qu’on ait traversée qui soit comme ça ! C’est pas super engageant comme accueil. On fait quand même notre photo devant toute cette armada, et on poursuit vite notre route.
On atteint rapidement Menton et son centre historique tout coloré.
On a de la chance, c’est en ce moment la fête des citrons, et nous pouvons aller admirer les immenses statues entièrement composées de citrons et d’oranges. Ça nous rappelle un peu les mosaïcultures de Montréal !
On passe aussi par l’hôtel de ville où sont exposées de nombreuses orchidées.
On en profite bien, et il nous faut ensuite nous éloigner un peu du centre ville, pour trouver un endroit où dormir. Et c’est là que les galères commencent ! En effet, il nous est impossible de trouver un endroit où nous installer. Toutes les parcelles sont privatisées, les campings sont soit “fermés pour les tentes” (merci de nous expliquer ce que ça veut dire), soit on nous propose généreusement un emplacement tente pour la modique somme de 27 euros 😳 Pas plus de succès en frappant chez les gens : “ah non vraiment, je ne vois vraiment pas où vous pourriez mettre votre tente” (devant son immense jardin), « l’herbe est mouillé, et puis ma femme me tuerait si j’acceptais, mais vraiment ça m’aurait fait plaisir », « pas possible à cause de mes chiens », « pas chez moi, sûrement pas ici”… Sympa l’accueil. Ça nous rend un peu triste, surtout que c’est notre premier contact avec nos concitoyens !
10 km plus tard et 300 m plus haut, on finit par se trouver un coin dans un sous-bois au bord d’un chemin de terre et pas loin de l’autoroute. Pas glamour, mais bon, la nuit est tombée, et ça ira bien pour ce soir !!
On s’installe rapidement à la lumière de nos frontales, quand soudain une voiture passe en contrebas et s’arrête à notre hauteur. Dans notre tête, c’est directement : les flics nous ont déjà retrouvés ????? On descend voir, et on voit un monsieur au téléphone : est-il en train d’appeler les flics ??? Vu la gentillesse des gens dans le coin on devient parano XD Car au final, c’est juste un monsieur qui a reçu un coup de fil et qui s’est arrêté là pour répondre.
On se dépêche de manger et on se couche aussitôt.
Bon, ce n’est pas la nuit du siècle, entre le vacarme de l’autoroute (la circulation ne s’arrête jamais la nuit ???), des jeunes qui mettent la musique pas loin, et un tas d’autres petits bruits. Au réveil, la tente est complètement trempée d’humidité, et il nous est bien impossible de la faire sécher ici. On repart rapidement, on fait coucou à toutes les maisons qui nous ont envoyé bouler hier soir, et on retrouve la côte.
Quelques kilomètres plus loin, nous voilà à Monaco. Tout le monde nous a déconseillé d’y aller, mais bon, on se dit qu’on aura probablement jamais l’occasion d’y retourner, et on est bien curieux, donc on se lance. Bienvenue au pays du blingbling, des buildings,… tout sauf le paradis de deux cyclo-touristes. Mais bon, nous pourrons désormais critiquer de manière avisée !
On poursuit la route, ça monte, ça descend, rien n’est aménagé pour les vélos, ce n’est pas une partie de plaisir. On fait un détour par le phare au bout de la presqu’île de Saint Jean Cap Ferrat, et on arrive finalement à Nice. C’est très différent de ce que j’avais imaginé, les maisons sont très colorées, c’est beau ! Par contre, on découvre de loin le fameux carnaval de Nice, mais de loin, car des palissades hautes de plus de 2 m ont été dressées tout autour pour empêcher les simples badauds de profiter du spectacle. Du coup, ce qu’on voit, ce sont des gens, adultes comme enfants, massés à l’arrière des palissades et qui essaient d’entre-apercevoir le spectacle au-travers du petit centimètre qui sépare les barrières. C’est d’une tristesse !
Nous arrivons ensuite chez Eric et Victorija, qui nous hébergent chez eux ce soir, et que nous rencontrons grâce à warmshower. Eric, passionné de vélo, travaille chez Décathlon, et Victorija, d’origine de Macédoine du nord, mais émigrée aux USA pendant 18 ans et finalement arrivée en France 5 ans plus tôt, est oenologue et autrice de livres sur la cuisine méditerranéenne. On est tout de suite bien à l’aise avec eux et nous passons un super moment, autour d’un bon vin bien sûr ! La soirée passe en un battement de cil, on aurait l’impression de pouvoir discuter encore des heures !
Cette nuit, Eric et Victorija nous ont laissé leur appart, et on en profite pour dormir un peu plus tard le matin, d’autant plus qu’on n’a pas une grosse journée devant nous. A notre départ, et sur leur conseil, on fait un stop au “Kiosque Tintin” pour acheter le meilleur pain bagnat de la ville, qu’on mange plus tard au bord de la mer. C’est vrai qu’ils sont bons !
Jusqu’à Cagnes sur Mer, nous empruntons une piste cyclable plutôt bien aménagée et très fréquentée. On est content ensuite d’enfin s’éloigner de la côte et de retrouver petit à petit des paysages plus sauvages. Il fait beau, les mimosas sont en fleurs, le paysage nous régale. On longe le Loup, on grimpe, et nous voici arrivés au Rouret, le village où Mathilde et Victor, nos copains de Montréal, se sont installés. Quel plaisir de revoir des amis et de prendre l’apéro ensemble ! Les discussions vont bon train, nous passons une super soirée.
Après une bonne nuit de sommeil, nous quittons la belle maison de Mathilde et Victor. Comme prévu par la météo, le vent souffle très fort et par rafales, c’est vraiment impressionnant. En plus, on a toujours ce rayon cassé et on aimerait bien le réparer avant de s’engager dans les routes montagneuses qui s’annoncent. Par chance, on trouve sur warmshower un couple de retraités néerlandais cyclotouristes chevronnés… à 5 km de là ! Jenny et Kees nous accueillent chez eux et nous réparons nous-même ce foutu rayon. On découvre alors que notre jante n’a pas apprécié particulièrement les derniers jours/semaines/mois (?) : quelques fissures la parcourent au niveau des liaisons avec les rayons. Oups !! Espérons que ça tienne encore pour les derniers kilomètres qui nous restent jusqu’à la maison !
C’est à ce moment que Jenny survient : vous mangez avec nous ? Cela nous fait vite oublier les problèmes mécaniques. C’est super, on mange que des légumes, nos corps en sont ravis ! Pour couronner le tout, de délicieuses olives du jardin et de la tapenade maison. Un régal ! Comme la tempête ne semble pas faiblir, ils nous proposent également de dormir chez eux, ce qu’on accepte avec plaisir. On en profite pour aider Kees qui débroussaille une partie de son jardin, et ensuite, Jenny nous montre les photos de leurs impressionnants périples. Nous sommes pleins d’admiration devant ce couple de 79 et 76 ans, touchants, pleins de vie, pleins de bonne humeur, ils sont très inspirants.