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Shkodër

Le lendemain, avant de quitter Tirana, nous sommes à la recherche d’un magasin de vélo car tout était fermé la veille. Après un 1er échec, nous arrivons devant la vitrine de « bike doctor », également fermée. Mais on est vraiment chanceux, car le mécano arrive à son magasin alors qu’il est en congé, il avait un vélo réparé à rendre à quelqu’un. Il accepte gentiment de nous aider, vérifie nos chaînes et nous change nos plaquettes de freins arrière (ce qui est vraiment important vu le dénivelé qui nous attend dans les prochains jours au Monténégro !!) 

Nous voilà prêts à repartir, pour la grosse journée qui s’annonce : 110 km ! Au début, nous empruntons des pistes cyclables. Mais rapidement elles disparaissent, pour laisser la place à des routes très chargées et bien bouchonnantes. Heureusement que la ville n’est pas très grande car ça nous prend une éternité pour faire 20 km là-dedans. Et c’est pas très compatible avec une grosse journée de plus de 100 km ça ! 

La route finit par être plus sympa, et nous rencontrons un couple de suisse, Aïlen et Yann, toujours dans la direction opposée à la nôtre. On papote un bon moment et puis il nous faut repartir, on a toujours notre grosse journée devant nous ! Alors qu’il nous reste une trentaine de kilomètres, nous rencontrons à nouveau un couple de cyclistes français, Amélie et Anthony, avec qui nous avons échangé récemment sur internet. Sacrée coïncidence, il se trouve qu’Amélie a été à l’école avec Carole, la cousine de Mathieu ! Le monde est petit !

Nous passons encore un bon moment à discuter ensemble, mais la nuit s’approche à grands pas, alors on se sépare. On fonce ensuite, car la journée est bien avancée, et on arrive de nuit à Shkodër.

Nous allons loger dans une “eco-social farm”, trouvée sur Warmshower. Cette ferme est gérée globalement par une association, dont Kastriot est le président, mais nous sommes accueillis sur place par Martin, un argentin bénévole ici depuis plus de 6 mois. S’ensuit une grosse pasta party au coin du feu, avant une grosse nuit : on est crevé !

Les jours suivants sont consacrés au repos. Le temps est maussade, il pleut, on en profite pour recharger nos batteries, bouquiner au coin du feu.

Nous essayons d’en apprendre plus sur le fonctionnement de la ferme. De ce que nous comprenons, l’association de Kastriot a pour but d’aider à la réinsertion de personnes en difficultés, et la ferme est l’un de leurs projets. Ici, nous croisons principalement deux personnes, un homme qui s’occupe des animaux (un âne, quelques oies, canards et moutons), et une femme, Maria, qui semble être en charge de faire à manger, faire le ménage, … 

En parallèle de cette activité agricole, des dortoirs ont été aménagés afin d’héberger les gens de passage dans le coin. De notre côté nous les avons trouvés sur Warmshower.

Nous profitons d’une éclaircie pour aller visiter Shkodër, surmontée par une grande forteresse. Lors d’une belle pause dans un bon restaurant traditionnel, nous rencontrons un couple de français, Ben et Anna, qui eux voyagent en camping car. Nous décidons de visiter ensemble le musée de la photo qui expose des clichés de la ville et des environs remontant au 19e siècle.

Un autre jour, nous partons nous promener dans l’après-midi, car Kastriot nous a parlé d’un village en ruines et d’une source, a priori pas très loin. On monte donc dans la montagne, et le chemin rétrécit petit à petit, jusqu’à ne laisser plus que la largeur d’une personne, le tout envahi de ronces. On dirait pas franchement que quelqu’un est venu par ici récemment ! Mais nous on est coriace et on s’y enfonce. Le problème, c’est que plus on avance, plus c’est dense, plus l’heure tourne ! Mais à chaque fois on se dit que c’est trop tard pour faire demi-tour maintenant…. Bref, c’est la galère, il commence à faire sombre, mais bon, on finit par enfin s’extirper des ronces et à retrouver notre chemin initial. C’était franchement pas la balade du siècle, arrivés aux ruines il faisait déjà trop sombre pour voir quelque chose ^^ Tant pis, on se dépêche de redescendre, hésitant par-ci par-là sur la route à suivre, et on arrive dans la nuit noire. Pas une réussite cette expédition !

On prolonge un peu notre séjour sur place, car Kastriot et Martin nous parlent d’une fête qui va avoir lieu ici le week-end. En effet, Kastriot est aussi membre d’une association de randonnée, et une fois par an, plusieurs associations se rejoignent pour faire la fête et une balade tous ensemble. Cette année, c’est à Shkodër que ça se passe, et des groupes vont venir du Kosovo et de Macédoine du Nord ! Au total 70 personnes à nourrir et la moitié à loger. Pour ça, notre aide sera appréciée, et on a hâte de voir ce que ça va être !

On commence la veille par faire de la place dans la grande salle commune, sortir les canapés et rentrer des tables, faire du ménage, faire les lits. Martin est un peu stressé, car il est invité ce soir par Kastriot à manger et dormir en-dehors de la ferme et ils ne rentreront que demain dans la matinée, ce qui ne leur laissera pas trop de temps pour continuer de tout préparer !

De notre côté, on reste à la ferme ce soir, et on a la mission d’accueillir un couple de cyclistes français qui viennent dormir là ce soir, des warmshowers comme nous. Nous rencontrons donc Baptiste et Orane, qui sont des adeptes de la grimpe et qui trimbalent tout leur matos d’escalade !! Leurs vélos sont super lourds 😅 Nous passons une bien bonne soirée ensemble, et le lendemain au petit dèj ils nous font goûter une trouvaille du Monténégro : du café de gland ! Étonnant mais plutôt bon ! Apparemment ils ont aussi trouvé de la farine de gland là-bas, et on ne savait pas que ça existait !

Nos deux amis partent dans la matinée, et nous on s’étonne de ne pas voir Martin et Kastriot revenir, surtout qu’on pensait être super occupés toute la journée. En même temps, la météo est pourrie, alors on en vient presque à se dire que la fête est annulée !

Mais finalement, à 13h, ils débarquent et là, plus question de rigoler, c’est le branle-bas de combat !! Mathieu et moi épluchons 20 kg de patates 😱Puis il faut dresser les tables, et on sent que Kastriot se met la pression et veut vraiment bien faire les choses (c’est à la bonne franquette, mais pas tout à fait quoi) : on sort la vaisselle des placards, il faut vérifier que tout est bien propre, mettre le couvert en emballant les couverts dans les serviettes en papier (comme partout dans les restos ici), remettre le couvert parce que j’ai renversé une cruche sur la nappe en papier …

Et les premiers convives arrivent plus tôt que prévu ! On continue de s’affairer autour d’eux et pour eux, il faut vite leur retirer la carafe de vin et celle de raki car eux sont musulmans, faire du café, trouver le sucre (merde, on n’a pas de sucre – Maria, va acheter du sucre s’il te plaît !). Entre temps, tout le monde est arrivé, et nous on reste caché en cuisine. On travaille à la chaîne avec Martin, Maria et Gjoni, un ami de Kastriot venu l’aider.

On s’entend bien tous les quatre, Gjoni, qui est albanais et italien met l’ambiance et on enchaîne le dressage des plats, pour que tout puisse sortir quasiment en même temps. C’est la course ! Tout va très vite, et on peut enfin grignoter un peu de notre côté une fois que les desserts sont servis. Fiou !! Par contre, grosse désillusion, il ne reste pas une miette des patates qu’on avait préparées et qui avaient l’air si bonnes…

Ensuite, ça y est, on est libre d’aller dans la salle avec tout le monde et de profiter de la soirée. Et quelle soirée !! On nous dira souvent que c’est comme si on assistait à un mariage albanais. Il y a de la musique live, tout le monde chante à tue-tête les chants traditionnels, on découvre que peu importe qu’ils soient du Kosovo, de Macédoine ou d’Albanie, ces gens se revendiquent tous albanais et partagent les mêmes musiques et chansons traditionnelles. C’est très fort et émouvant de les voir à ce point “communier”. On s’essaie avec plus ou moins de succès à la danse traditionnelle, mais toujours avec de la bonne volonté !

Par moments ça nous rappelle le mariage d’Amal et Alejandro au Maroc, au niveau des manières de danser des femmes, ou bien lorsque tout le monde danse en agitant un drapeau albanais.

Nous passons une super soirée, dont on se souviendra longtemps. Tout le monde est heureux, enjoué, les jeunes dansent avec les vieux, et le covid, ma foi, eh bien il n’existe pas, et c’est tant mieux !!

Le lendemain, le réveil sonne à 7h, et il faut être prêt à 8h pour la rando ! Nous partons à l’assaut de la montagne qui surplombe la ferme, et visons les grosses antennes à son sommet. Si le temps de la veille était très pluvieux, on a le droit aujourd’hui à de belles éclaircies, c’est très beau !

En chemin, nous avons l’occasion de faire plus ample connaissance avec les personnes présentes, et notamment Rinesa et Shpat, deux jeunes kosovars de 18 et 20 ans. Nous en apprenons plus sur leur pays, et ils nous parlent notamment de leur sentiment d’isolation lié à leur passeport qui ne leur ouvre quasiment aucune frontière, étant donné que leur état n’est que très peu reconnu officiellement.

La bonne humeur règne toujours sur le groupe, tout le monde est très gentil, blagueur, la balade est ponctuée par des pauses chantées, quelle bonne ambiance !

Du sommet, nous voyons le Monténégro qui n’est qu’à 2 km à vol d’oiseau, et la route que nous emprunterons lorsque nous quitterons l’Albanie. La descente est bien raide et me laissera de bonnes courbatures pour les prochains jours.

En bas, c’est l’heure de dire aurevoir à tout ce monde, chacun reprenant la route de son pays. Même si nous ne connaissons ces personnes que depuis peu de temps, nous avons passé un très beau week-end et la séparation est émouvante. C’est toujours difficile quand nous rencontrons de belles personnes sur notre parcours, car nous savons que très probablement, nous ne nous reverrons jamais.

De retour à la ferme, nous savourons le calme avec Martin devant la cheminée.

Le lendemain matin, nous faisons également nos adieux à Martin, non sans émotion, et quittons la ferme. Nous nous arrêtons rapidement à l’épicerie du village pour écouler nos derniers leks avant de passer la frontière.

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Tirana

Nous quittons la ville de Fier, nous sommes le 31 décembre. On espérait atteindre Tirana ce soir, pour y passer le réveillon, mais c’est un peu trop ambitieux et nous ne ferons pas ces quelques 110 km. On s’arrête à Dürres, une ville balnéaire sans trop d’intérêt (défiguration de la côte en cours avec la construction d’innombrables complexes hôteliers), mais où nous avons trouvé un petit appart. 

Nous nous lançons dans la préparation de crêpes (il faut bien rentabiliser notre poêle 😂) et au moment de les cuire, voilà que la bouteille de gaz de la cuisinière est vide 😱 Par chance le proprio en a d’autres de rechange et nous pouvons reprendre. 

Comme on est bien fatigué, et qu’on n’a pas vraiment de projet pour faire la fête ce soir, on se couche à 23h 😅

On dormait bien, jusqu’à être réveillé par une grosse pétarade : on sort sur le balcon et on voit des feux d’artifice exploser dans tous les sens, dans toutes les rues, c’est fou !! 

Bonne année !

Le lendemain, il ne nous reste que 40 km à rouler pour atteindre Tirana, et la route se passe plutôt bien. Il y a bien de la circulation, mais l’arrivée dans la capitale est moins stressante que d’autres grandes villes. 

Comme on est le 1er janvier, tous les commerces, tous les restons sont fermés. On peine à trouver de quoi manger et on finit par se contenter de toasts au pain de mie dans un café. 

Nous posons nos affaires à l’auberge de jeunesse et repartons nous promener. Direction la place Skanderbeg (héros national albanais reconnu pour avoir tenu tête à l’empire ottoman), la place principale de la ville. Elle est très animée, la vue est complètement hétéroclite, on aime beaucoup ! Se côtoient ici une mosquée, une église, un grand sapin et une foire de Noël, des immenses buildings modernes en construction, des vieux immeubles délabrés… c’est très intéressant, très vivant. 

Le soir, on cherche à nouveau en vain un endroit où manger, et on finit par tomber sur une pizzeria, qui semble être le seul établissement ouvert !!

Le lendemain, nous nous éloignons un peu du centre ville pour aller visiter le « bunk’art 1« , un musée retraçant l’histoire récente de l’Albanie, installé dans l’un des plus gros bunkers anti-atomique construit par Enver Hoxha. Il s’étend sur 5 étages souterrains, 106 pièces, dont une salle de congrès.

Pleins de détails ici (en anglais).

Nous profitons ensuite du beau temps pour nous promener à vélo, on apprécie les nombreuses façades colorées, et on fait le tour d’un grand lac artificiel au sud de la ville, puis nous allons dans un bar à raki bien connu. 

Contrairement à ce qu’on aurait pensé, il y a pas mal de pistes cyclables dans le centre de Tirana !

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Col de Llogara

Après 4 jours d’arrêt, voilà une petite fenêtre de temps moins mauvais qui s’annonce. Ça tombe bien car on commence à vraiment tourner en rond dans cet appart, alors c’est reparti ! 

Nous longeons la côte méditerranéenne. Quel plaisir de voir la vue, les criques, la mer. Alors que nous faisons une petite pause photo, un grognement sourd nous fait sursauter. Dans nos têtes, on imagine un énorme chien (voire un ours mais ça c’est clairement le fruit de notre imagination !!) et on se retourne avec appréhension… Fausse alerte ! C’est un cochon !

À midi, nous croisons deux couples de cyclistes et pique niquons tous ensemble. Deux sont allemands, deux chiliens. Nous discutons de l’énorme côté qui nous attend juste après, et demain, et la chilienne nous dit bravement : « I would love to tell you something nice but honestly, I cried » . OK ca donne envie 😅

Nous nous séparons et ça commence juste après : une montée très raide, le long d’un ravin. Le tout dans l’ombre, avec de nombreuses stèles funéraires en bord de route, en l’hommage des victimes d’accidents. Et on peut dire qu’il y en a vraiment beaucoup ! Parfois même avec tellement de noms dessus qu’on devine que c’était un bus. 

De notre côté pas de risque d’accident, on pousse le vélo tellement la côte est raide. Mais on a largement l’occasion de voir la vitesse à laquelle les gens roulent, et c’est effrayant. 

De l’autre côté, petite descente de nouveau bien raide, mais on s’arrête vite car la nuit est presque tombée. A l’arrache, on s’engage sur une petite route et on s’installe au bord pour camper. On y sera probablement bien, il y a presque pas de passage. 

Presque, car voilà qu’une voiture arrive, et ils nous ont repéré alors même qu’on avait éteint nos lampes en les apercevant. Et bien sûr… c’est la police ! Bon heureusement ils ne nous délogent pas et nous souhaitent une bonne nuit. Autant dire qu’à 5 minutes près ils seraient tombés sur nous en tenue d’adam en pleine douche froide 😂

Le lendemain, le temps est à nouveau menaçant, et alors que nous venons juste d’entamer la fameuse énorme montée pour franchir le col de Llogara, voilà qu’il se met à pleuvoir à grosses gouttes. 

Par chance, nous sommes à côté d’une cabane ou un monsieur coupé du bois. Il nous autorise à nous abriter sous son auvent, puis nous invite même à l’intérieur, pour nous réchauffer auprès du poêle. Mathieu n’a pas le choix, il doit boire du raki, tandis que moi il m’offre gentiment du café. Nous sommes rejoints par le frère de ce monsieur, et voilà la deuxième tournée de raki ! 

C’est marrant, ici les gens se déplacent avec leur raki dans leur bouteille en plastique. Ainsi, chacun des deux frères se servent de leur raki. Et on verra souvent ça en Albanie. A tel point d’ailleurs qu’à deux reprises, des gens croiront que c’est du raki dans notre bouteille qui fait office de gourde 😅

Nos deux nouveaux amis nous invitent aussi à tremper des quartiers de pommes dans du miel fait par leurs soins. Nous passons un bon moment en leur compagnie, malgré la barrière de la langue. Par contre, ce raki ne va certainement pas booster les capacités de Mathieu pour la grosse montée ! 

Grosse montée que nous reprenons lorsque la pluie se calme. Il s’agit de presque 1000m de dénivelé positif, dont les trois quarts sont à franchir lors de trois énormes épingles à cheveux. C’est bien raide, et on pousse le vélo sur la moitié du chemin. Et surprise, on casse de nouveau un rayon ! Ça tombe bien mal mais pas le choix, on poursuit. 

On ne voit pas une miette de la vue sur la mer car on est dans les nuages. Parfois un brouillard très dense, où on ne voit rien à 20m, parfois de la brume qui masque partiellement la vue et sonne un caractère bien mystérieux au paysage. Dans tous les cas, c’est super beau ! 

En haut, il y a bien évidemment un resto panoramique. Probablement un attrapé touriste, et puis il n’y a pas de vue avec la brume, mais on s’en fout, on a la dalle et on s’attable. Les frites sont d’ailleurs délicieuses. Est-ce parce que ça fait longtemps qu’on en a pas mangé, parce qu’on a super faim après cet effort, ou simplement qu’elles sont vraiment bonnes ? Aucune idée mais on se régale. Et dehors c’est de nouveau le déluge, on est arrivé pile à temps. 

On attend jusqu’à ce que ça se calme et on repart, de l’autre côté, la descente est tout aussi raide, mais la route bien abîmée, alors on n’en profite pas autant qu’on l’aurait pensé ! 

Nous finissons par retrouver la côte, et le soleil fait son unique coucou de la journée : un beau couché de soleil rosé.

On finit cette énorme journée de nuit, pour arriver à Vlorë où nous dormons à l’auberge de jeunesse. Et pas de chance, nous en serons les seuls locataires, donc pas de rencontre pour ce soir. Mais au final, on est tellement fatigué que ça tombe presque bien ! Il n’y a pas de chauffage et on se les pèle. Tant pis !

Le lendemain, nous quittons vite cet endroit et recherchons un magasin de vélo. Le premier qu’on trouve est un tout petit atelier, on dirait presque un monsieur qui bricole dans son garage. Il n’arrive pas à desserrer une vis qui retient le disque de la roue arrière, malgré des coups de marteau assène dessus 😱😭, donc impossible de réparer notre roue. 

On va donc au deuxième (et dernier) magasin, où pareil, le technicien rencontre de belles difficultés. A nouveau, les coups de marteau n’y font rien, alors il emploie les grands moyens : un coup de disqueuse dans la vis 😱😱😱 ça a même entamé notre disque, aie aie aie ! On se dit que des fois, il faudrait mieux ne pas regarder quand les gens réparent notre vélo car ça fait mal au cœur ^^

Nous quittons la ville de Vlores en début d’après midi, la route est inintéressante, totalement défoncée et on a un gros vent de face : la motivation est au plus bas. On arrive péniblement à Fier et on décide de s’y arrêter, après seulement 40 km.

Au centre ville, on tombe sur un marché de dindons !! Il y en a des dizaines et des dizaines, par terre, accrochés par leurs pattes. Ils semblent plutôt amorphes. On se demande si c’est tout le temps comme ça ou si c’est spécialement car on est pendant les fêtes de fin d’année ! En tout cas maintenant on comprend pourquoi on a croisé plusieurs fois dans la journée des gens à vélo avec soit un dindon sur le porte bagage, soit carrément porté par les pied à bout de bras ! 

Les façades colorées des immeubles, le linge qui sèche aux fenêtres et la lumière du soleil qui se couche nous donnent un agréable tableau d’une ville bien vivante.

Petit point historique sur l’Albanie et ses bunkers : Enver Hoxha devient le dictateur communiste de l’Albanie à la fin de la seconde guerre mondiale (il est élu à 93% – il a fait en sorte que son parti soit le seul autorisé à se présenter, et le vote a été réalisé au moyen de boules de couleurs car près de 80% de la population était analphabète à ce moment-là). Dans un premier temps, en grand admirateur de Staline, il suit le régime de l’URSS avant de s’en détacher et de quitter le pacte de Varsovie en 1968 (suite aux réformes entreprises par Krouchtchev) pour adopter la doctrine maoïste de Chine. Il rompt ensuite également avec ce régime après la visite de Nixon en Chine en 1972 et à la mort de Mao. Le régime d’Enver Hoxha se retrouve alors isolé et le dictateur vit dans la crainte d’une attaque soit de ces régimes, soit de la Yougoslavie soit de l’OTAN.

C’est dans ces conditions qu’il se met à « bunkeriser » le pays : plus de 170 000 bunkers sont construits entre 1968 et 1985, année de la mort du dictateur. Ils sont depuis laissés en l’état et n’ont jamais été utilisés dans les conditions imaginées par Hoxha. On en a croisé sur notre route en Albanie tous les jours.

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Sarandë

Le jour suivant, nous quittons cette belle famille, et prenons la direction de Sarandë. Cette ville est sur la côte et nous avons donc une belle barre rocheuse à franchir avant d’y arriver. 

Lorsque nous entamons notre ascension, une vieille dame nous offre des clémentines, elles sont délicieuses. D’ailleurs, on voit des orangers, citronniers et clémentiniers (?) partout en Albanie, tous gorgés de fruits ! 

Nous roulons donc tranquillement le long d’une petite route bien sympa. Souvent on entend les clochettes de troupeaux, mais il est difficile de les repérer la plupart du temps, les bêtes se confondent bien avec le paysage rocailleux. 

Nous franchissons le col avec plaisir, pour entamer la descente de l’autre côté. Quel étonnement quand nous voyons arriver face à nous un bus jaune et bleu transisère !!! Ça alors ! Leur envoie-t-on nos bus quand on en veut plus ?! Quelques jours plus tard, on croisera aussi un bus RATP. Très étrange tout ça. 

M’enfin bref nous continuons notre route et faisons un arrêt au site « blue eye » : une source d’eau qui bouillonne, et se poursuit en rivière, l’eau est totalement claire, bleue turquoise et verte, avec des arbres au milieu, c’est beau! Il y a plusieurs resto les pieds dans l’eau, tous fermés mais qui laissent présager du business touristique estival. Bien content d’être là en cette période. 

étonnant spectacle que l’eau qui jaillit de ce trou !

Nous repartons en direction de Sarandë. Sur la fin la route est longue, surtout quand on découvre que la ville est derrière une nouvelle montagne !

On y arrive bien fatigué, mais on découvre avec plaisir le super appart qu’on a loué pour les prochains jours qui s’annoncent pluvieux. Deux fois plus grand que notre ancien appart à Paris, belle cuisine, canap, le tout pour la modique somme de 10€ 😱

Nous nous reposons donc ici les jours suivants, dans l’attente de jours meilleurs. Il pleut à verse, c’est l’enfer. 

Et puis c’est Noël, alors nous en profitons pour nous cuisiner de bonnes choses… une quiche de Noël !!! 😅 Pas très élaboré mais ça fait tellement longtemps qu’on n’en a pas mangé qu’on est aux anges. Le tout arrosé d’un petit verre de rouge et c’est parfait ! 

On profite aussi de la cuisine pour nous faire des crêpes. Mais le problème c’est que la poêle de l’appart a accroché à mort, alors on décide de s’en acheter une. Choix étrange, mais nous finirons donc notre voyage avec une poêle dans les sacoches ! L’occasion de se refaire des crêpes dès que l’occasion se présentera 😋

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Gjirokastër

Nous roulons sur la dernière portion grecque de notre itinéraire, au travers de belles collines boisées. 

Arrivés à la frontière, nous remontons la longue file de camions et voitures, et arrivons au guichet albanais. Ici, personne n’a de masque, et personne ne nous demande ni vaccin, ni test. Un peu deg de s’être fait triturer le nez pour rien ! 

Mais bon, nous voici en Albanie !! 

Deux choix s’offrent à nous, soit on campe quelque part dans le coin, soit on pousse jusqu’à Gjirokastër. Dans le premier cas, il faut chercher dès à présent car on a encore perdu une heure de soleil, dans le second, il faut puiser dans nos ressources pour parcourir encore 30 km… pour une distance totale de 105 km. Mais à Gjirokastër, Camille et Antoine nous ont conseillé d’aller dans une taverne tenue par une famille qui aime les cyclistes et les invitent à dormir dans le resto. 

On se décide pour la deuxième option, et on fonce. On traverse une immense plaine, cernée par deux grosses chaînes de montagnes, à toute vitesse, car la nuit tombe vite. 

Quand la ville se profile enfin devant nous, perchée sur le flanc de la montagne, on la trouve très belle …

Mais on déchante un peu. Il fait nuit, on a une énorme journée dans les pattes… et la taverne est tout en haut de la ville !! Les ruelles sont très étroites, littéralement défoncées, et d’une raideur sans précédent. On pousse le tandem dans les dédales, il nous semble peser un âne mort. 

Mais au bout, nous sommes récompensés : Xhuliano et ses parents nous accueillent chaleureusement. Ils nous installent devant le poêle et nous servent de délicieuses aubergines farcies et moussaka, accompagnées d’une bière albanaise. On se régale, et on est plongé dans la culture albanaise : la musique traditionnelle tourne en boucle à la télé. On nous sert aussi un verre de raki, l’eau de vie locale. Ça, ça ne nous enchante pas plus que ça en revanche ^^

Pour la suite de la lecture, écoutez cette musique pour vous mettre dans l’ambiance !! En prime, la vidéo est tournée à Gjirokastër.

Xhuliano nous propose de nous montrer rapidement le centre ville. Nous embarquons dans sa twingo, montons tout en haut de la ville déposer son frère dans leur maison, et redescendons dans le centre. Tout ça semble normal à lire. Mais il faut imaginer un véritable rallye. Xhuliano roule comme un malade, dans ces mini ruelles étroites, sinueuses, raides et défoncées, de nuit, la musique à fond. Il nous assure qu’on a pas besoin de mettre notre ceinture car seul le conducteur est obligé d’en avoir une. Nous on a cru que notre dernière heure était arrivée ce soir, c’est bien noté, on ne remontera plus dans sa voiture 😳😳

Pour nous, la soirée est très très longue, car on est crevé de ces derniers jours. Mais bien sûr avant de dormir il faut attendre que le resto ferme… à 23h, nous sommes « enfin » seuls et nous écroulons.

Le lendemain, nous nous promenons dans la ville. Il fait un froid de canard, ce versant de la montagne étant à l’ombre une bonne partie de la matinée ! Nous visitons la forteresse de la ville, et le centre historique, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Gjirokastër est la ville natale du dictateur communiste Enver Hoxha.

De retour à l’auberge le soir, nous sommes plus en forme que la veille pour apprécier l’ambiance. La musique traditionnelle tourne toujours en boucle, et on finit par avoir l’impression que toutes Les chansons sont identiques 😅

Le jour suivant, nous quittons cette belle famille, et prenons la direction de Sarandë. Un grand merci à eux !!