Nous rangeons vite nos affaires ce matin, et enfourchons notre monture, pour franchir les derniers kilomètres qui nous séparent de la Pologne.
A peine la limite dépassée, nous nous arrêtons pour prendre un bon petit dèj bien copieux, qui nous lance sur cette journée. La météo s’annonçait mauvaise mais on a quand même du ciel bleu, donc on en profite.
Nous quittons l’île Usedom (commune donc à l’Allemagne et à la Pologne) grâce à un ferry gratuit (!), et traversons de grandes forêts. On profite des rares instants où le soleil arrive à percer au travers des nuages et des grands arbres, dont certains sont affublés de petits nichoirs.
Nous passons également plusieurs zones militaires au milieu de la forêt, dont une où nous entendons des coups de feu, ce qui n’est clairement pas rassurant.
La journée suivante est assez similaire, beaucoup de forêts, et par contre, de la bonne grosse pluie.
Bon mais nous avons un warmshower qui nous accueille le soir, alors ça ne nous démoralise pas !
On arrive donc au point de rendez-vous, et le fils vient à vélo nous donner les clefs. On parle un peu, la famille semble très occupée à refaire la peinture de leur maison principale. On s’installe dans cette maison de vacances, l’intérieur est plein de moquette. Le matelas, par terre, est recouvert de couvertures très épaisses. La pièce est petite, plutôt sombre (par un temps très pluvieux) alors on allume la lumière. Celle-ci est bleutée et très puissante (un peu comme dans un hôpital ^^). On s’assoit dans le petit canapé. La pièce, l’humidité et le silence sont étouffants… On prend une douche (l’eau est juste tiède, car le chauffe-eau était éteint avant notre arrivée). Et on attend …. Nous avions cru comprendre que nous rencontrerions la famille alors on attend un signe (peut-être mangerons-nous avec eux dans une ambiance chaleureuse à parler des aventures de chacuns !) ! 20h30… forcés de constater que rien ne se passera ce soir ! Il pleut des cordes, alors on prend ce qu’on a à manger (une unique boîte de sardines et du pain)…. Bon appétit ! Avec Mathilde on est mort de rire, sacrée désillusion !! 😀 Mathilde bouquine, pour ma part je regarde quelques reportages assez déprimants sur arte.tv… On se couche… Bonne nuit !!
La pluie est toujours là ce matin, Mathilde a repéré un café (5/5 !!!) pour prendre un petit dej revigorant ! Les gâteaux sont savoureux ! L’un d’eux est plein de chantilly, mais c’est très léger et très bon avec les fruits à l’intérieur ! Et le Mocha me rappelle l’excellence du café jaune à Londres, quel bonheur ! Par la fenêtre on peut voir les cordes tomber… On ne se presse pas trop !
Le temps de passer à un décath pour racheter un short de vélo et quelques babioles pour entretenir le vélo !
Il est déjà tard et il fait frais, on trouve sur internet un logement qui nous semble bien ! Par contre, cela semble plutôt difficile d’y accéder si on regarde la carte (cf. localisation de l’article sur la page d’accueil du blog !). Qu’importe, on réserve et on met les bouchées doubles pour arriver au plus vite ! On longe d’abord pendant un très long moment une autoroute en construction. C’est bien droit, et très long… Heureux de la quitter, on s’engouffre dans un chemin forestier qui semble s’enfoncer dangereusement au plein cœur de la forêt. Après quelques kms, on a l’impression d’être perdus au beau milieu de nul part et le chemin devient de plus en plus impraticable (et les moustiques attaquent !). Il est tard et le jour tombe, impossible de faire demi-tour. Le chemin est parsemé d’ornières de presque un mètre de haut et remplies de boue, on marche, on essaie de pousser le vélo qui glisse dans tous les sens. On craque, on est morts de rire (nerveux certainement) !
On regarde une nouvelle fois la réservation, en croyant s’être trompés d’adresse. Tout semble pourtant coller pour la carte, la réception “ouverte 24/24” semble quand même difficilement imaginable au milieu de cette forêt. Je dis à Mathilde en soupirant : “c’est sûrement une arnaque, nous sommes sûrement les seuls candides ayant marché jusqu’ici !”.
Impossible de marcher sur le chemin, alors on passe avec le vélo dans la forêt coûte que coûte. Il nous reste 1 km avant d’arriver sur le point noté sur la carte.
Avec de la boue jusqu’aux genoux, trempés nous arrivons finalement sur le précieux point et d’un coup une clairière avec des maisons apparaît dans la pénombre tombante ! Incroyable !!
La porte de l’une d’entre elle s’ouvre et Henryk nous accueille. Nous pensions avoir réservé une chambre et nous sommes finalement logés dans une petite maison avec un feu !! Henryk nous offre du pain, du beurre et des œufs, nous allume même le feu,et on s’installe les pieds vers la cheminée qui crépite. On est aux anges tellement c’est accueillant et réconfortant !!
On se lève le lendemain en entendant la pluie dehors. On est vraiment super bien logés, et on décide de rester une nuit de plus ! Reste à demander au propriétaire !
On retrouve Henryk qui nous propose même un café et des gâteaux home made ! La conversation n’est pas facile, quelques mots d’allemand nous permettent de communiquer (car les traducteurs sur téléphone, ça ne marche parfois pas terrible !)
Il nous parle de l’URRS, du communisme tel qu’il l’a vécu. La faim, la pauvreté…. Et de l’espoir qu’a représenté alors l’ouest de l’Europe et le capitalisme (où on pouvait manger et où les toilettes étaient propres). Depuis cette période, lui et sa femme ont construit petit à petit des maisonnettes destinées à accueillir et loger des touristes cherchant à vivre près de la ferme (dans le cadre du label “agroturystyka”) Et ça fonctionne très bien 🙂
Pas facile de faire quelques courses par ici, alors Henryk nous propose un petit tour en voiture. Nous découvrons la “route” officielle qui dessert sa maison. C’est quand même plus praticable !! Mais ça reste les fameux blocs de béton troués. Pas de ceinture ici, et on découvre qu’avec de l’habitude, on peut rouler très vite dans ces chemins ! La jauge d’essence ainsi que le cadran indiquant la vitesse ne fonctionnent plus.
La voiture broute puis s’arrête… Qu’à cela ne tienne, Henryk sort, ouvre le coffre, prend le bidon d’essence et nous sommes repartis ! Normal semble-t-il !
Nous passons une station service qui semble être d’un autre temps, puis nous arrivons à l’épicerie (“sklep”). On en croisera beaucoup par la suite, et ce sont très souvent de mini magasins, dans des bâtiments qui semblent très vieux, voire abandonnés, et avec des fois juste un frigo pour quelques produits frais. La plupart du temps, on y trouve des sortes de saucisses, des chips et de la bière : pas grand chose de plus… c’est assez dépaysant.
Nous consacrons notre aprem à prendre soin de Steven, notamment des chaînes qui ont bien souffert ces derniers jours dans les chemins, le sable, sous la pluie… Cette journée off file à toute allure mais fait le plus grand bien.
Après cette pause salvatrice, nous repartons requinqués, et motivés par le soleil qui brille de nouveau ! Nous faisons bien attention de ne pas reprendre le même chemin qu’à l’aller, et empruntons donc la “route” (des alignements de blocs de bétons qui secouent) en redoublant de vigilance, maintenant qu’on a vu à quelle vitesse les locaux pouvaient rouler ! Nous retrouvons le littoral et ses petits villages Disneyland.
Depuis notre arrivée en Pologne, nous sommes bien chahutés par les différentes routes que nous empruntons. Autant, parfois c’est super bien aménagé, digne des pays les plus cyclables d’Europe, autant souvent, c’est très chaotique ! Entre les chemins pleins de cailloux ou recouverts de sable, on fait de beaux dérapages. D’autres fois, ce sont des plaques de béton posées les unes contre les autres. Soit elles sont de toute la largeur de la route, soit juste de la largeur des roues (et donc sur deux files), et avec de gros trous dedans (mais pourquoi ??). Nous voyons aussi des pavés hexagonaux, qui confèrent un peu un style d’orgues basaltiques (orgues bétonitiques ?) à la route. Dans tous les cas, ces routes-ci nous secouent énormément, car la liaison entre les différents éléments n’est jamais bonne. Il y a aussi des passages où, même si elle est recouverte de bitume, on dirait un patchwork tellement elle a été raccomodée à de nombreuses reprises (et ça nous secoue dans tous les sens !).
Bref, refermons cet aparté route.
Nous dormons dans un tout petit camping près de Utska, dans le jardin d’une grande maison. C’est tout mignon, il y a plein de fleurs, des petits lampions pour éclairer la nuit, des tables de pique nique, bref, on y est super bien.
Le lendemain, nous nous engageons dans le parc national de Slowinski.
Ça commence plutôt bien, on est au frais sous les arbres, on voit encore plein de petits champignons…. Mais au bout d’un moment, la route commence à faire des siennes !! Il y a beaucoup de dépôts de sable, et on dérape à fond. C’est un peu drôle, mais surtout ça nous ralentit beaucoup et c’est bien fatigant pour le pilote ! On a beau s’éloigner un peu du littoral, les chemins forestiers restent couverts de ce sable. C’est chiant !!
Mais à ce moment, on ne s’attendait pas à l’obstacle qui allait survenir ensuite : on traverse un paysage de tourbière, le sol est gorgé d’eau et d’ornières (bon pas aussi grosses que celles pour aller chez Henryk, mais impraticables elles aussi !). Il y a bien des pontons parfois, censés nous aider à traverser tout ça. Sauf qu’ils sont envahis d’orties, et qu’il faut passer une marche d’une trentaine de centimètres pour monter dessus ! Bref, autant dire qu’on passe de longues minutes à marcher et pousser le vélo, hésitant entre le rire et l’énervement. On est quand même rassurés de croiser quelques personnes, aussi enchantées que nous par la situation.
Quand enfin nous arrivons à bout de ce chemin, nous retrouvons presque avec plaisir les fameux pavés troués qui secouent, mais sur lesquels au moins, on peut rouler. Nos péripéties nous ont quand même bien fatigués, et nous nous cassons la margoulette ! Première chute du voyage ! Par chance, c’est assez lent, et nous tombons dans de hautes herbes, donc c’est moelleux à l’arrivée. Sauf que… ça pique !! On est dans les orties !
Bref, une journée éprouvante et nous sommes bien soulagés quand nous nous arrêtons pour la soirée !
Le lendemain, la route est aussi bonne que celle d’hier était mauvaise. Ca fait plaisir !
Sur la fin, on a même une voie verte comme celle au pied de chez Mathieu : une ancienne voie ferrée reconvertie. Ca roule tout seul, c’est génial.
Nous dormons ce soir dans un camping bien minimaliste, sans charme, aux abords de la ville de Puck. Il y a quelques caravanes abandonnées, nous squattons la table devant l’une d’entre elles.