Le 1er décembre, nous quittons finalement Istanbul. Pendant une trentaine de km, nous longeons le bord de la mer de Marmara, avec une piste cyclable ! Il y a encore de grosses rafales de vent qui nous ralentissent, mais on se galvanise en se disant que finalement, contrairement à tout ce qu’on nous avait dit, c’est pas si difficile que ça de pédaler hors de la ville !
Quels naïfs nous sommes ! On finit par se retrouver sur une énorme route (2 x 4 voies), avec des voitures dans tous les sens, qui nous font clairement comprendre qu’ils passeront devant nous coûte que coûte, qu’on est plus petit qu’eux et qu’on aura jamais la priorité ! Voilà une journée qui finalement est bien stressante, fatigante, et qui fait monter les nerfs !
Pour couronner le tout, nous avons de nouveau un rayon de la roue arrière qui casse. Du coup, alors qu’on aurait voulu s’éloigner un peu plus, nous faisons une pause forcée pour la soirée à Silivri. C’est un mal pour un bien, nous passons au magasin de vélo Mebikom où nous sommes très bien accueillis, à grands coups de thés. Le réparateur est super sympa, il nous offre même un tour de cou/tête chacun, et nous réinvite le lendemain matin pour le café.
Le lendemain, la route est moins stressante que la veille, le pire est probablement derrière nous. Par contre, il n’y a rien de bien intéressant à voir sur tout notre parcours, à part une chocolaterie ! On s’en achète une bonne petite quantité, dont on mange la moitié sur place, et les vendeurs nous en offre autant. Trop sympa !
Le soir, nous arrivons à Lülebürgaz, petite ville bien connue des cyclotouristes, pour son académie du vélo. C’est quoi ça ? La commune investit dans de grosses infrastructures pour rassembler les gens, notamment cet espace dédié au vélo. Ici, les habitants peuvent louer gratuitement un vélo, apprendre à en faire, parcourir les pistes et bosses… Une superbe initiative selon nous, mais malheureusement, il semblerait que toute l’organisation et la gestion de ce lieu repose sur une seule personne, Inanç, un jeune de 26 ans. On a un peu de mal à comprendre comment la commune peut investir autant dans des infrastructures puis ne pas mettre le personnel nécessaire pour faire fonctionner tout ça !
Il y a également dans la ville une académie de la nourriture, des sports, et des femmes (on se demande d’où viennent les fonds pour tout ça !). Dommage pour nous, Inanç n’aura pas le temps de nous les faire visiter.
Nous nous arrêtons ici quelques jours en raison du mauvais temps, et dans l’espoir qu’Inanç ait un peu de temps pour nous faire visiter ces différentes académies (dommage pour nous, ça ne sera finalement pas le cas). Oui car en plus d’essayer de fédérer les locaux autour du vélo, ils ont deux pièces pour loger les cyclotouristes ! Avec machine à laver et douche, ce qui est un grand luxe pour nous autres !
On a même l’occasion de tester des vélos de course, pour la première fois, ainsi qu’un drôle de dispositif qui permet de s’entraîner même quand il pleut (et c’est pas facile pour l’équilibre !!!).
Enfin, nous quittons Lülebürgaz, pour notre dernière étape en Turquie. Nous faisons la route vers Ipsala. Il n’y a toujours pas grand chose à voir, à part de nombreux chiens, et des chasseurs partout … à tel point qu’on enfile nos gilets jaunes pour la première fois ! La saison doit juste commencer car on n’en avait pas vu jusque là. Ils sont à la fois à travers la campagne, mais aussi beaucoup attablés dans les cafés des différents villages. D’ailleurs, il fait bien froid, et lorsqu’on s’attable à notre tour pour se réchauffer avec des thés, ce sont les gens de la table voisine qui règlent nos tasses. Nous aurons vraiment pu constater la générosité des turcs jusqu’au bout !
Nous arrivons en fin de journée à Ipsala, bien fatigués par cette journée qui est notre nouveau record de distance : 120 km !! On nous indique un hôtel sommaire pas cher du tout et on mange dans une cantine bien bonne, de quoi finir en beauté notre séjour en Turquie. Nous ressentons déjà un brin de nostalgie à l’idée de partir, et en même temps de l’excitation d’arriver en Grèce.
Le lendemain, c’est le grand jour ! On repasse en Europe !
Enfin… ça c’était le plan avant qu’on aille jeter un coup d’oeil sur internet aux formalités d’entrée en Grèce ! Il y a un formulaire à remplir en ligne minimum 24h avant de se présenter à la frontière (ce qu’on a pas fait), et il semblerait que le passage qu’on vise n’est ouvert qu’aux frontaliers et transporteurs de marchandises !!! Merde !!! Surtout que le seul autre point de passage pour aller en Grèce depuis la Turquie se trouve tout au nord, et il faudrait donc refaire tous les km d’hier en sens inverse. Et enfin, sur le papier à remplir, il faut préciser comment nous traversons la frontière terrestre : par bus, camion ou voiture, et préciser la plaque d’immatriculation. Nous voilà bien ennuyés !
Au final, comme on n’est qu’à 7 km de notre point de passage, on prend la décision de tester coûte que coûte, et advienne que pourra.
C’était la bonne décision. Après avoir remonté une bien longue file d’attente des camions, nous arrivons au poste turc, où nous passons sans souci. On traverse ensuite une rivière, avec des militaires bien armés sur le pont, et on arrive ensuite au poste grec. En fin de compte, c’est ouvert pour nous, et on peut remplir le formulaire sur place (“et vous avez qu’à mettre que vous passez en voiture avec votre numéro d’immatriculation en France”). Bingo, nous voici de retour dans l’UE !