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Lituanie

De Lazdijai à Vilnius

De même que la veille, nous empruntons beaucoup de petits chemins de terre, bien bosselés (en tôle ondulée !). Mais à mi-parcours, nous passons sur une route plus importante, avec une dénomination du même style que nos autoroutes (A16, E28) 😱 Bon au final ce n’est qu’une deux fois une voie, avec quelques feux, heureusement ! Une recherche sur internet nous apprend qu’il s’agit d’une “route magistrale”. Il y a pas mal de circulation, mais au moins, nous avançons bien ! Beau score aujourd’hui, avec 92 km et 700 m de dénivelé. On a beau dire que la Lituanie et le nord de la Pologne sont plats, ils sont certes peu hauts en altitude, mais parsemés de collines !

Nous étions surpris en Pologne devant le peu de supermarchés dans les campagnes, et les mini épiceries peu avenantes, mais ici, c’est encore pire, il n’y a rien du tout ! Nous n’en avons pas croisé une de la journée ! 

Par contre, comme en Pologne, il y a énormément de calvaires partout dans les villages, mais ils sont beaucoup plus sobres ici, généralement en bois sculpté (sans fleurs ni rubans colorés).

A midi, nous avons réussi à trouver une petite échoppe pour manger des kibinis : une salle tout en bois bien sombre, sans aucune décoration, juste deux tables, et la propriétaire d’une soixantaine d’années, avec un visage très fermé et qui nous fixe du regard sans aucune expression. Wow, très spécial comme ambiance, presque glaçant !

Nous arrivons assez tôt à Trakai où nous avons réservé une chambre, et nous en profitons pour bien nous reposer !

Nous passons rapidement devant le château de Trakaï le lendemain matin. Planté au milieu du lac, la vue doit être vraiment belle lorsqu’il fait beau.

Nous sommes très surpris de voir à quel point les territoires sont ruraux, et les villages constitués seulement de quelques fermes (la plupart avec un ou plusieurs chiens, qui se font un malin plaisir à nous poursuivre en aboyant bien fort, pour mon plus grand plaisir), toutes en bois, parfois peint, et beaucoup avec un aspect vraiment très vieux et dégradé (toits à moitié effondrés…). Nous voyons aussi beaucoup de fermes avec un bœuf accroché à un piquet pour brouter devant les maisons. Et même, nous apercevons un fermier qui laboure son champ avec une charrue et un cheval !

Nous nous approchons ensuite de Vilnius, et plus ça va, plus la route empire (et les nerfs se crispent !). Absolument aucune infrastructure pour les vélos, on passe par d’énormes routes très circulées, on y comprend rien, c’est stressant ! Et pour couronner le tout, le temps est bien maussade et renforce le côté peu accueillant du tableau.

On s’arrête au resto Busi Trecias recommandé par le routard où nous mangeons de la cuisine bien roborative pour trois fois rien (saucisse Mathieu et galette patate pour moi).

Nous enchaînons avec la visite de la cathédrale (style néoclassique) et du clocher, dans une tour à part. Les deux ne nous enchantent pas plus que ça, il n’y a que quelques étroites meurtrières par lesquelles on peut essayer d’apercevoir la ville en haut de la tour.

Nous parcourons ensuite la rue principale du centre ville, la rue Pilies, parsemée de nombreuses autres églises en tout genre.

Notamment l’une d’entre elles, orthodoxe, semble très belle et bien sûr différente de ce à quoi on est habitué (baroque, avec un fond entièrement vert). Mais le problème, c’est qu’une cérémonie religieuse y est en cours, avec des prêtres qui psalmodient, 8 personnes qui leur répondent en chant lyrique (ça c’est magnifique). Bref, ça semble assez sacré, les gens semblent très pieux et se signent toutes les 30 secondes ou presque, les femmes portent toutes un fichu … On part assez vite, ne nous sentant pas vraiment à notre place.

Nous parcourons aussi le quartier de l’ancien ghetto de Vilnius. A la fin du 19e siècle, 40% de la population de Vilnius est juive. Puis avec l’occupation allemande, deux ghettos sont créés en septembre 1941. Les 11 000 habitants du petit ghetto sont tous assassinés dans les semaines qui suivent, tandis que les 30 000 du grand ghetto survivent deux ans, et constituent un réservoir d’esclaves pour les usines de guerres nazies. Moins de 5% des juifs de Vilnius ont survécu à la deuxième guerre mondiale.

Nous nous dirigeons ensuite chez Simona, notre hôte warmshower pour les deux prochains jours. Ca grimpe pour aller chez elle !! Nous mangeons ensemble et discutons jusque tard, nous passons une bonne soirée.

Le lendemain, nous nous promenons rapidement dans Uzupis. On devrait plutôt dire dans la République d’Uzupis ! En effet, les habitants de ce quartier ont décidé de se séparer de Vilnius et de fonder leur république le … 1er avril 2000. Ils se sont dotés d’une constitution, et sont jumelés avec la commune libre de Montmartre (dont pour notre part nous n’avons jamais entendu parler !). Il y a un président, des ministres… Simona nous a expliqué que globalement, tout le monde peut s’autoproclamer responsable d’une activité, d’un sujet, s’il s’implique dans ce domaine.

Le site internet de la république d’Uzupis est par ici.

Nous tombons ensuite sur un grand marché d’artisans, de nombreux stands avec de beaux objets en bois… C’est frustrant de ne rien pouvoir ramener sur notre vélo ! A défaut, nous nous rabattons sur les stands de bouffe bien sûr ! Poisson grillé et bugnes au programme. Nous sommes aussi intrigués par un atelier de boulangerie, où nous voyons une dame tourner une broche au-dessus d’un feu, tout en versant une pâte à gâteau dessus. Ca forme petit à petit une grande pâtisserie en forme de sapin (on en a vu plusieurs fois dans les supermarchés, sans jamais les goûter. Ce stand semblait donc être la parfaite occasion pour tester, mais manque de chance, au moment où on a voulu en acheter, il n’y en avait plus !

Dans un tout autre registre, nous visitons alors le musée du génocide et du KGB (situé dans les anciens locaux de ce dernier). La visite est très intéressante mais les très nombreux panneaux écrits en tout petits caractères nous assomment. Et le point final, la visite de la prison et de la salle d’exécution finissent de nous glacer le sang.

En soirée, nous faisons un crochet par le bar Spunkas, à Uzupis, recommandé par Simona. Tout petit, très bonne ambiance avec des gens qui semblent tous se connaître.

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