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De Kulu à Eskisehir

Nous quittons la petite ville de Kulu. Alors que  nous traversons un petit village sur notre route, nous sommes invités par deux hommes pour prendre le thé. Nous sommes vite rejoints par trois femmes et deux autres hommes. La conversation n’était pas facile au début, mais alors avec tout ce monde, c’est un vrai capharnaüm ! Tout le monde parle en même temps, et notre traducteur sur le téléphone n’arrive pas à suivre. Ce n’est pas grave, c’est toujours un bon moment malgré tout.

Notre route parcourt encore des espaces désertiques, sans personnes, mais avec cette fois des terres agricoles à perte de vue, et quelques troupeaux par-ci par-là. La récolte de la betterave sucrière bat son plein.

Alors que nous arrivons à Haymana, nous passons plusieurs coups de fil aux hôtels de la ville pour se renseigner sur leur prix, mais personne ne parle anglais. Nous nous arrêtons alors à une station service pour demander au pompiste s’il sait où nous pourrions dormir. Nous tombons sur un homme très gentil, Enes, qui nous propose de nous héberger chez lui. Sauf que peu de temps après, il a un coup de fil de sa soeur, qui viendra aussi chez lui, et il n’y a donc plus de place pour nous ^^ Mais il appelle pour nous un hôtel, et nous obtient un bon prix (qu’on aurait certainement jamais eu en nous y présentant avec nos têtes de touristes !). Nous voilà donc dans une ville thermale, dans un hôtel thermal. Qui l’aurait cru ^^ Nous profitons donc des bains chauds en sous-sol (eau à 45°C !). Parfait après une bonne journée de vélo !

Et nous sommes bien d’attaque pour la journée du lendemain. Nous avançons d’ailleurs sans encombre toute la journée.

Vient l’heure de nous trouver un endroit où dormir, et pour ce soir, nous n’aurons pas d’autre option que de camper. Ils n’annoncent que  -1°, ça devrait aller (d’ailleurs, on a perdu une paire de gants, alors je mets des chaussettes à la place dans les descentes !) !

On se trouve un petit bout de pré en hauteur par rapport à notre route du jour, au milieu de champs et de rien du tout. Nous installons notre campement, le jour tombe doucement, nous nous faisons à manger.

Au loin, nous voyons deux troupeaux de moutons et leur berger qui semblent converger vers nous. Ah ben c’est pas de chance quand même, nous qui nous croyions bien isolés, voilà qu’ils viennent en plein vers nous ! Notre tente se retrouve entourée de moutons, c’est plutôt rigolo.

Les chiens de berger qui nous aboient dessus un peu moins, mais bon, tout se passe bien et nous nous retrouvons seuls de nouveau. Il est 19h30, il fait nuit et froid : nous enfilons toutes nos couches et nous glissons dans les duvets, quasiment prêts à fermer l’œil. 

Alors qu’on dormait presque, la lumière d’un véhicule éclaire la tente, puis un coup de klaxon : voilà que la gendarmerie a décidé de nous faire une petite visite ! Raaa fait chier on était bien emmitouflés, et il faut ressortir😅

Après s’être rassurés car nous ne sommes finalement “que des touristes”, ils nous expliquent qu’ils ont été alertés par des gens qui nous ont vu, qu’il fait froid, que ce n’est pas safe ici (difficile en réalité de savoir pourquoi, ils nous parlent d’animaux sauvages, de chiens, mais au final, craindrait-on réellement quelque chose ?). Ils nous parlent d’un hôtel à 20 km de là, mais pour nous il n’est pas envisageable de reprendre la route de nuit, surtout qu’on était à deux doigts de dormir !! Au final, après un coup de fil au maire du village d’à côté, ils nous ont dégoté un endroit où dormir au chaud 😲 Nous rangeons nos affaires à toute vitesse (ils n’ont pas l’air de saisir que ranger un campement prend du temps …) et les suivons donc sur 2 km jusqu’à la petite salle communale d’un mini village, où le poêle à bois vient d’être allumé pour nous.

On discute encore un peu et puis, ils finissent par nous souhaiter une bonne soirée, et repartent, non sans nous avoir précisé auparavant qu’ils détestaient notre président mais qu’ils aimaient quand même bien tous les étrangers.

Incroyable cette histoire ! Mais ce n’est pas fini ! Alors qu’on pensait se recoucher direct, voilà qu’un jeune débarque dans notre petite pièce : c’est Mohamed, il habite à côté et est l’imam du village. Il nous ramène du bois pour le poêle, et un plateau rempli de nourriture (alors qu’on lui a bien dit qu’on avait déjà mangé ^^) ! Aie aie aie !! Nous n’avons plus faim mais ne lui ferons pas l’affront de ne rien manger !

Nous discutons par l’intermédiaire des traducteurs de nos téléphones, puis il prend congé et nous nous couchons pour la 2e fois de la journée, en repensant à cette drôle de soirée !

Au réveil le lendemain matin, nous avons encore plein de choses à manger grâce à Mohamed qui avait vu vraiment large hier soir. Aujourd’hui, notre route traverse de nouveau de grands espaces agricoles, mais cette fois, nous nous retrouvons sur une toute petite route, avec une énorme descente au travers de champs bien colorés, c’est très beau.

A midi, alors que nous étions en train de nous installer à une table de pique-nique à côté d’une mosquée, dans un petit village, un vieux monsieur s’est approché de nous, curieux de nous voir ici. Et voilà, après quelques échanges, il disparaît et reparaît avec du thé, du pain, des tomates du jardin et du raisin. Puis nous laisse avec tout ça, car c’est l’heure de la prière. On ne cesse de le dire, mais quelle générosité encore !

En fin d’après-midi, nous commençons à réfléchir où dormir. Vu notre expérience de la veille, nous décidons de changer notre stratégie et nous dirigeons directement dans un village, vers la maison commune. Et là, comme par hasard, alors que nous avons rencontré des gens toute la journée, nous ne trouvons personne ! Bon, il y a encore deux autres villages juste après alors nous poursuivons.

Au 2e village, Uzunburun, rebelote, nous ne trouvons personne au niveau de la maison commune. En revanche, un peu plus loin, nous apercevons des gens qui rentrent leurs animaux à la ferme. Nous allons les voir et leur demandons s’ils savent où nous pourrions planter notre tente. Réponse : pourquoi planter la tente ? Venez chez nous !

On est trop content, et on les suit donc. Ils nous invitent également à manger avec eux, ce qu’on accepte bien sûr avec plaisir !

Nous voilà embarqués dans une grande famille, nous sommes entourés des deux parents, de leurs deux fils (de notre âge), et de leurs deux cousins. Et plus tard dans la soirée, nous sommes rejoints par trois de leurs amis qui vivent dans le même village ! Seul l’un d’entre eux parle anglais, qu’il a appris seul en regardant des films et en jouant aux jeux vidéo. Ça nous fluidifie quand même bien la conversation !

Nous mangeons de la soupe et du riz assis par terre, Mathieu se débat avec ses genoux pour essayer de trouver une position confortable. Après le repas, nous nous retrouvons “entre jeunes” pour jouer au 101 tous ensemble. C’est une très belle soirée tous ensemble, nous discutons beaucoup, et nous sommes questionnés … sur les gilets jaunes 😅

Nous finissons par faire un petit tour dans le village (Mathieu et moi on est toujours en short de vélo 🥶 mais on a parié sur le fait qu’ils auraient froid plus vite que nous, ce qui a été le cas !).

Nous battons probablement aujourd’hui notre nombre de tasses de thé ingurgitées en une journée !

Le réveil sonne le lendemain à 7h, pour un bon petit-dèj ! Dehors, un épais brouillard masque tout le paysage autour de nous.

Nous attendons qu’il se lève un peu, et puis vient l’heure de quitter cette super famille qui nous a accueilli à bras ouverts. Ils nous offrent même une paire de gants pour remplacer notre paire de chaussettes. Nous repartons le coeur rempli, et presque encore incrédules devant autant de générosité.

Nous roulons toujours au travers de petits villages très isolés, et empruntons beaucoup de chemins de terre, plus ou moins praticables.

Au détour de l’un d’entre eux, une vieille dame nous fait signe de nous arrêter. Nous voilà repartis pour un thé. “Voulez-vous manger quelque chose ?” “Non merci, nous avons déjà bien mangé ce matin”. Deux minutes plus tard, nous nous retrouvons avec un énorme (deuxième) petit dèj devant nous. Et pas question de se défiler, Zayneb, la dame, nous fait griller des tranches de pain sur le poêle en continu, et nous les beurre. C’est mignon, elle est toute contente, nous tape parfois dans le dos, me fait un bisou. Ils ont 81 et 83 ans, et semblent encore très en forme.

Une fois que nous avons refusé trois fois qu’ils nous coupent un 2e pain (car oui, on a déjà mangé le premier en entier !), ils nous amènent des fruits qu’ils nous ont coupé. On en vient presque à rire nerveusement, car on n’a vraiment plus faim du tout, on meurt de chaud avec le poêle, on sue à grosses gouttes, et on doit poursuivre notre route !

Et pour finir, ils nous remplissent un sac avec des légumes de leur jardin !! Le tout bien sûr arrosé d’innombrables tasses de thé ! Ce n’est pas évident, mais nous finissons par leur faire comprendre qu’il nous faut vraiment partir, après les avoir bien sûr remerciés du fond du coeur.

Nous enchaînons ensuite les kilomètres jusqu’à la ville (grande et industrielle) d’Eskisehir.

Ces derniers jours ont été d’une grande intensité au niveau des rencontres, ça restera marqué dans nos esprits !

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