Après 4 jours d’arrêt, voilà une petite fenêtre de temps moins mauvais qui s’annonce. Ça tombe bien car on commence à vraiment tourner en rond dans cet appart, alors c’est reparti !
Nous longeons la côte méditerranéenne. Quel plaisir de voir la vue, les criques, la mer. Alors que nous faisons une petite pause photo, un grognement sourd nous fait sursauter. Dans nos têtes, on imagine un énorme chien (voire un ours mais ça c’est clairement le fruit de notre imagination !!) et on se retourne avec appréhension… Fausse alerte ! C’est un cochon !
À midi, nous croisons deux couples de cyclistes et pique niquons tous ensemble. Deux sont allemands, deux chiliens. Nous discutons de l’énorme côté qui nous attend juste après, et demain, et la chilienne nous dit bravement : « I would love to tell you something nice but honestly, I cried » . OK ca donne envie 😅
Nous nous séparons et ça commence juste après : une montée très raide, le long d’un ravin. Le tout dans l’ombre, avec de nombreuses stèles funéraires en bord de route, en l’hommage des victimes d’accidents. Et on peut dire qu’il y en a vraiment beaucoup ! Parfois même avec tellement de noms dessus qu’on devine que c’était un bus.
De notre côté pas de risque d’accident, on pousse le vélo tellement la côte est raide. Mais on a largement l’occasion de voir la vitesse à laquelle les gens roulent, et c’est effrayant.
De l’autre côté, petite descente de nouveau bien raide, mais on s’arrête vite car la nuit est presque tombée. A l’arrache, on s’engage sur une petite route et on s’installe au bord pour camper. On y sera probablement bien, il y a presque pas de passage.
Presque, car voilà qu’une voiture arrive, et ils nous ont repéré alors même qu’on avait éteint nos lampes en les apercevant. Et bien sûr… c’est la police ! Bon heureusement ils ne nous délogent pas et nous souhaitent une bonne nuit. Autant dire qu’à 5 minutes près ils seraient tombés sur nous en tenue d’adam en pleine douche froide 😂
Le lendemain, le temps est à nouveau menaçant, et alors que nous venons juste d’entamer la fameuse énorme montée pour franchir le col de Llogara, voilà qu’il se met à pleuvoir à grosses gouttes.
Par chance, nous sommes à côté d’une cabane ou un monsieur coupé du bois. Il nous autorise à nous abriter sous son auvent, puis nous invite même à l’intérieur, pour nous réchauffer auprès du poêle. Mathieu n’a pas le choix, il doit boire du raki, tandis que moi il m’offre gentiment du café. Nous sommes rejoints par le frère de ce monsieur, et voilà la deuxième tournée de raki !
C’est marrant, ici les gens se déplacent avec leur raki dans leur bouteille en plastique. Ainsi, chacun des deux frères se servent de leur raki. Et on verra souvent ça en Albanie. A tel point d’ailleurs qu’à deux reprises, des gens croiront que c’est du raki dans notre bouteille qui fait office de gourde 😅
Nos deux nouveaux amis nous invitent aussi à tremper des quartiers de pommes dans du miel fait par leurs soins. Nous passons un bon moment en leur compagnie, malgré la barrière de la langue. Par contre, ce raki ne va certainement pas booster les capacités de Mathieu pour la grosse montée !
Grosse montée que nous reprenons lorsque la pluie se calme. Il s’agit de presque 1000m de dénivelé positif, dont les trois quarts sont à franchir lors de trois énormes épingles à cheveux. C’est bien raide, et on pousse le vélo sur la moitié du chemin. Et surprise, on casse de nouveau un rayon ! Ça tombe bien mal mais pas le choix, on poursuit.
On ne voit pas une miette de la vue sur la mer car on est dans les nuages. Parfois un brouillard très dense, où on ne voit rien à 20m, parfois de la brume qui masque partiellement la vue et sonne un caractère bien mystérieux au paysage. Dans tous les cas, c’est super beau !
En haut, il y a bien évidemment un resto panoramique. Probablement un attrapé touriste, et puis il n’y a pas de vue avec la brume, mais on s’en fout, on a la dalle et on s’attable. Les frites sont d’ailleurs délicieuses. Est-ce parce que ça fait longtemps qu’on en a pas mangé, parce qu’on a super faim après cet effort, ou simplement qu’elles sont vraiment bonnes ? Aucune idée mais on se régale. Et dehors c’est de nouveau le déluge, on est arrivé pile à temps.
On attend jusqu’à ce que ça se calme et on repart, de l’autre côté, la descente est tout aussi raide, mais la route bien abîmée, alors on n’en profite pas autant qu’on l’aurait pensé !
Nous finissons par retrouver la côte, et le soleil fait son unique coucou de la journée : un beau couché de soleil rosé.
On finit cette énorme journée de nuit, pour arriver à Vlorë où nous dormons à l’auberge de jeunesse. Et pas de chance, nous en serons les seuls locataires, donc pas de rencontre pour ce soir. Mais au final, on est tellement fatigué que ça tombe presque bien ! Il n’y a pas de chauffage et on se les pèle. Tant pis !
Le lendemain, nous quittons vite cet endroit et recherchons un magasin de vélo. Le premier qu’on trouve est un tout petit atelier, on dirait presque un monsieur qui bricole dans son garage. Il n’arrive pas à desserrer une vis qui retient le disque de la roue arrière, malgré des coups de marteau assène dessus 😱😭, donc impossible de réparer notre roue.
On va donc au deuxième (et dernier) magasin, où pareil, le technicien rencontre de belles difficultés. A nouveau, les coups de marteau n’y font rien, alors il emploie les grands moyens : un coup de disqueuse dans la vis 😱😱😱 ça a même entamé notre disque, aie aie aie ! On se dit que des fois, il faudrait mieux ne pas regarder quand les gens réparent notre vélo car ça fait mal au cœur ^^
Nous quittons la ville de Vlores en début d’après midi, la route est inintéressante, totalement défoncée et on a un gros vent de face : la motivation est au plus bas. On arrive péniblement à Fier et on décide de s’y arrêter, après seulement 40 km.
Au centre ville, on tombe sur un marché de dindons !! Il y en a des dizaines et des dizaines, par terre, accrochés par leurs pattes. Ils semblent plutôt amorphes. On se demande si c’est tout le temps comme ça ou si c’est spécialement car on est pendant les fêtes de fin d’année ! En tout cas maintenant on comprend pourquoi on a croisé plusieurs fois dans la journée des gens à vélo avec soit un dindon sur le porte bagage, soit carrément porté par les pied à bout de bras !
Les façades colorées des immeubles, le linge qui sèche aux fenêtres et la lumière du soleil qui se couche nous donnent un agréable tableau d’une ville bien vivante.
Petit point historique sur l’Albanie et ses bunkers : Enver Hoxha devient le dictateur communiste de l’Albanie à la fin de la seconde guerre mondiale (il est élu à 93% – il a fait en sorte que son parti soit le seul autorisé à se présenter, et le vote a été réalisé au moyen de boules de couleurs car près de 80% de la population était analphabète à ce moment-là). Dans un premier temps, en grand admirateur de Staline, il suit le régime de l’URSS avant de s’en détacher et de quitter le pacte de Varsovie en 1968 (suite aux réformes entreprises par Krouchtchev) pour adopter la doctrine maoïste de Chine. Il rompt ensuite également avec ce régime après la visite de Nixon en Chine en 1972 et à la mort de Mao. Le régime d’Enver Hoxha se retrouve alors isolé et le dictateur vit dans la crainte d’une attaque soit de ces régimes, soit de la Yougoslavie soit de l’OTAN.
C’est dans ces conditions qu’il se met à « bunkeriser » le pays : plus de 170 000 bunkers sont construits entre 1968 et 1985, année de la mort du dictateur. Ils sont depuis laissés en l’état et n’ont jamais été utilisés dans les conditions imaginées par Hoxha. On en a croisé sur notre route en Albanie tous les jours.
Une réponse sur « Col de Llogara »
Les fenêtres colorés c’est chouette pour se repérer! Tu habites quelles couleurs??
Bon sinon bah je me régale toujours avec vos aventures!