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Venise

Nous nous séparons de Mirjan et Sonja non sans les avoir bien remerciés, et roulons vers la frontière italienne, à moins de 10 km de là. Nous débouchons rapidement sur une ancienne voie ferrée, qui descend directement dans le centre ville de Trieste. Quelle approche agréable pour une si grosse ville !! Ici, nous allons tout de suite trouver un réparateur de vélo pour changer notre roulement de pédalier arrière : prestation très rapide et pas chère, on a eu de la chance !

Et puis, alors qu’on voulait s’installer et boire un petit café, nous nous heurtons pour la première fois aux restrictions covid et à l’application du pass sanitaire. Ici, il s’appelle le “green pass” (allez savoir pourquoi ils ont mis des termes anglais !), et si nous l’avons bien, nous n’avons en revanche pas le “super green pass”, qui nécessite l’injection du “booster” (ces termes sont à la fois drôles et blasant), soit la 3e dose… Nous voilà donc paria. Suite à un conseil obtenu en pharmacie, nous allons à l’hôpital central de Trieste, mais on nous y refuse le vaccin, car dans cette région, on ne vaccine pas les étrangers. Sympa l’UE ! 

Bon, on arrive quand même à manger une pizza, car on nous a indiqué un resto où ils ne sont pas très regardant. Sinon, le reste du temps, nous ne sommes acceptés dans aucun resto, bar, café, hôtel, camping, transport en commun… 

On se promène rapidement dans le centre ville avant de décamper, histoire de se trouver un coin un peu tranquille pour planter notre tente ! Nous traversons le village de Monfalcone, qui nous fait bien sûr penser à Montfaucon en Velay !

Quand nous sommes enfin dans la campagne, nous nous arrêtons devant une ferme pour demander si nous pouvons planter notre tente dans leur pré. Une dame nous ouvre, ne parle aucune autre langue que l’italien, alors on se débrouille pour se faire comprendre. Elle nous dit qu’elle doit appeler sa fille pour voir ce qu’elle en pense. Et si le ton de leur conversation téléphonique est très enjouée (va bene va bene, si si…), elle raccroche et nous dit : ma fille a dit non.

Après ce bel échec, nous roulons seulement quelques centaines de mètres, trouvons une autre ferme qui semble abandonnée, et nous y installons sans rien demander à personne.

La nuit passe au gré de petits bruits de rongeurs et d’oiseaux. Mais soulagement au réveil, aucune de nos sacoches n’a été grignotée. Nous avons une grosse journée devant nous, et prenons la route sans tarder. Nous roulons 110 km sur du plat, un peu monotone, mais dans l’idée d’arriver vers Trévise, où un hôte Warmshower nous attend. 

Peu avant notre arrivée, on fait un détour par un Décathlon, le premier depuis longtemps ! Il nous faut racheter un oreiller, le notre étant percé. On y arrive sur les rotules, et en pleine hypoglycémie. Miraculeusement, un stand de Fritelle, des gros beignets frits bien gras et sucrés nous attend devant le magasin. Nos tremblements cessent rapidement et notre moral remonte en flèche une fois cette débauche de sucre, de graisse et de nutella est engloutie. Ça va mieux !

Encore une petite dizaine de kilomètres et nous arrivons enfin chez notre warlshower du jour. Il s’agit d’un camping dans une ferme agrotouristique, qui accueille gratuitement les cyclistes. Le cadre est bien beau, on peut mettre la tente au milieu du verger, il y a une douche chaude et des tables de picnic sous un abri en bois. Par contre, comme on est en hiver, on est tout seul, et ce n’est pas tout à fait l’expérience typique de warmshower : après nous avoir montré les sanitaires, notre hôte (dont on ne se rappelle même plus le nom) rentre chez lui, on ne le reverra pas de la soirée. Il nous a même donné le code du portail pour qu’on puisse partir quand on veut le lendemain matin. On va pas se le cacher, on est un peu déçu. Mais en même temps, le principe de base du réseau warmshower, c’est bien juste d’offrir une douche chaude ! Disons qu’on a été mal habitués par toutes nos précédentes expériences.

Au réveil le lendemain matin, il fait bien bien froid, notre tente et Steven sont complètement givrés ! Nous attendons les premiers rayons de soleil avec impatience et observons nos affaires goutter.

Nous reprenons la route, traversons Trévise et roulons jusqu’à Mestre, la ville qui fait face à Venise. Au hasard d’une route, nous tombons sur un vaccinodrome. Aubaine ? On décide de tenter notre chance, et bien nous en prend, car on nous accepte directement, et nous obtenons notre précieux sésame ! Enfin… du moins, un papier attestant qu’on a eu notre 3e dose, mais il nous manque quand même le QR code. Et dans les prochains jours, on va tomber sur des resto qui ne démordront pas et ne nous accepteront pas, car nous n’avons pas de QR code à leur présenter 🤬🤬🤬

Après ça, nous atteignons enfin l’immense pont qui mène à Venise, et au bout, les nombreux parkings. Au milieu, un espace pour les vélos. C’est plutôt high tech, ce sont carrément des boxs où on enferme totalement son vélo. Ça coûte 10€ la journée, et il est  bien écrit que si un vélo s’avérait mal garé, il pourrait être enlevé par la police. Bien sûr, ce système ne marche pas pour notre tandem qui est bien trop long pour entrer dans ces boxs… Nous l’attachons donc à un poteau, ne payons pas et partons explorer la ville en misant sur le bon sens du personnel.

La météo est avec nous, il fait un temps radieux et ça fait ressortir les couleurs des bâtiments autour de nous. Il y a peu de monde dans les rues, ce qui surprend Mathieu par rapport à la visite qu’il avait déjà faite ici il y a quelques années. Parfois, on débouche sur de petites places, qui laissent presque deviner une vie de quartier : des enfants qui jouent au ballon, des vieux assis sur un banc et qui discutent… Tout au long de la journée, nous croisons de belles boulangeries et nous régalons avec les petits beignets traditionnels de la période du carnaval.

Nous arrivons sur la place Saint Marco et sommes éblouis par la beauté des bâtiments et leurs couleurs orangées par le soleil qui commence à décliner. De même, juste derrière le palais des loges, lorsqu’on débouche sur la lagune. Seule ombre au tableau ? Un énorme goéland qui a fondu sur mon goûter et est reparti avec !!!

Le soir, nous sommes hébergés à Mestre par Shira, grâce au réseau Bewelcome. Américaine, elle a été avocate et prof, et elle est maintenant en Europe pour faire un master en lien avec l’accueil des migrants. Dans un premier temps, la formation était à Montpellier, puis ici en Italie, et elle va ensuite partir en Tunisie, notamment pour apprendre l’arabe. Nous passons une super soirée en sa compagnie, autour d’un bon risotto (elle nous assure que oui, les crevettes peuvent se manger toutes entières, la tête y compris !).

La nuit en revanche est moins sympa, avec une bonne fièvre pour ma part suite au vaccin.

Le lendemain matin, nous passons encore un moment agréable avec Shira. Quelle belle rencontre ! Nous décidons de retourner pour la journée à Venise, vu qu’on a bien aimé hier. Malheureusement, le temps est beaucoup moins beau qu’hier, les couleurs sont fades, il y a beaucoup plus de monde (on ne se l’explique pas trop), et on est crevés par le vaccin !! Bref, disons qu’on aurait été frustrés de ne pas être revenus, mais on a été déçus de notre 2e visite.

On a quand même pu en profiter pour se faufiler dans la basilique Saint Marco, pendant la messe, pour apercevoir furtivement les belles mosaïques qui recouvrent ses coupoles.

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