Le lendemain, on retrouve notre tandem tel quel, car ils n’avaient pas de roulement adapté pour remplacer notre pièce défaillante. Dommage, car la journée est déjà bien avancée, contrairement à nous ! C’est pas grave, on fonce dans la montée qui nous mène jusqu’à la frontière slovène, qu’on passe sans encombre, sans vérification de document covid. Pas loin après, on arrive à Ilistra Bistrica, petite ville, mais dotée d’un magasin de vélo. Nous y tentons notre chance à nouveau, mais sans succès, on nous indique qu’il faut soit aller à Ljublijana la capitale, soit à Trieste en Italie.
Nous en profitons pour demander au gérant du magasin s’il a un endroit à nous conseiller pour dormir, et le voilà qui téléphone à un ami – Franjo ! Oui car nous, sur la météo qu’on regarde, il est annoncé “seulement” -1°, mais lui nous dit que la nuit va plutôt tourner entre -5 à -6° !
Ni une ni deux, nous voilà de nouveau sur nos selles pour quelques petits kilomètres jusqu’à Prem, deux gros chiens de berger énormes nous accueillent. Nous sommes face à un magnifique manoir, un étang et un puits devant, un cadre enchanteur. Nous faisons le tour et finissons par trouver Franjo : il fait des travaux debout, sur une chaise, sur une table, sur une mezzanine sans garde-corps 😱 (ça me rappelle les exemples de situation dangereuse présentés lors des formations SST).
Nous faisons connaissance avec lui, et il nous invite à boire un petit Jägermeister maison.
Nous sommes ébahis devant l’immense cuisine – seule pièce où nous sommes entrés pour le moment. Il nous raconte que souvent le week-end, ils se retrouvent en famille ici et cuisinent de la viande, du gibier dans cette énorme cheminée.
Derrière ce manoir, Franjo nous montre la grange où nous allons pouvoir nous installer à l’étage, directement dans le foin. C’est à l’air libre, mais nous y serons à l’abri du vent. En-dessous de nous, les moutons qu’il vient de rentrer. On leur donne du foin au-travers de trappes communicantes entre les deux étages. Comme la température a déjà bien baissé, il nous propose de cuisiner dans sa cuisine. Nous voilà donc avec notre minuscule réchaud, sous la gigantesque cheminée. C’est cocasse ! Dans tous les cas, on est ravi, car au chand (il fait 12° ^^), et on redoute le moment où on va ressortir dans le froid. On en vient même à se dire qu’on va lui demander si on ne peut pas s’installer ici, dans sa cuisine !
Mais finalement, pas besoin, car quand Franjo nous rejoint après avoir fini sa journée de travaux, et avant de quitter le manoir pour retourner chez lui, il nous dit : “j’ai confiance en vous, si vous voulez, vous pouvez dormir dans la pièce à côté, le poêle a chauffé toute la journée, vous y serez mieux. Trop cool !!! Petit coup d’œil au thermomètre : 18°. Génial !
Le lendemain matin, nous nous réveillons contre le poêle. Franjo est de retour et nous offre le café, puis nous fait visiter le manoir. Il nous explique qu’il l’a acheté avec sa femme en 1994 quand il avait 30 ans, nous raconte avec malice comment il a réussi à obtenir son prêt bancaire la veille de la date limite, comment les voisins n’en revenait pas qu’ils aient acheté cette vieille ruine… Les pièces du bas sont superbes, à la fois rustiques et chaleureuses. A l’étage, il est en train de créer deux appartements, qu’il espère terminer d’ici l’été pour la saison touristique. C’est un travail de titan, pour lequel il a dédié toute sa vie, et on sent tous les sacrifices qu’il a dû faire pour ça.
Il va ensuite chercher les œufs dans son poulailler, et nous faisons une bonne omelette pour tous les trois.
Cette rencontre nous a beaucoup touché, et nous sommes émus en repartant. Qui sait, peut-être qu’un jour, nous y reviendrons loger en tant que clients 🙂
Mais pour l’instant, il nous faut foncer, car nous devons être à 13h à la grotte de Škocjan, pour la seule visite guidée de la journée. Nous avalons les 25 km qui nous en séparent et arrivons à 12h55. Fiou !
Nous avons le privilège de n’être que 4 pour la visite guidée, et apprécions la grandeur de ce gouffre karstique, qui descend jusqu’à 220 m de profondeur. Nous débouchons dans une salle monumentale (volume de 2 millions de m3, 150 m de hauteur et 120 m de large), avec la rivière 160 m plus bas que nous, mince filet d’eau qui fait déjà un boucan d’enfer. Difficile d’imaginer le bruit que ça fait lorsqu’il y a un peu plus d’eau. En moyenne, le débit du cours d’eau est de 9 m3/s, mais il a déjà pu atteindre par le passé 380 m3/s ! On peut voir par endroits les sédiments laissés lors des précédentes inondations… Lors d’un fort épisode, la rivière a déjà rempli la totalité de la cavité !
A l’intérieur, il est interdit de prendre des photos, rendez-vous donc ici ou encore ici pour voir les clichés officiels.
Pour plus d’informations sur les grottes, c’est ici (en français).
Pour une visite en 3D, c’est ici.
Après cette visite, nous nous arrêtons dans le village suivant, Divaca, pour faire quelques courses. Le magasin est à côté d’un boulodrome, où sont affairés une dizaine de petits vieux, les boules dans une main, le verre de blanc dans l’autre. A notre passage, ils nous font de grands coucous. J’ai un bon pressentiment, et nous allons donc papoter avec eux. Enfin, surtout avec l’un d’eux, le seul qui parle anglais. Il nous explique qu’ils jouent à la Bocce (nous, à part la taille des boules – celles-ci sont plus grosses – on a du mal à voir la différence avec la pétanque !), et qu’ils sont là tous les jours à 14h !
Puis, il nous pose des questions sur notre voyage, et on en profite pour lui demander s’il ne connaîtrait pas un endroit abrité où on pourrait s’installer. Sa réponse ? Il y a ici un hôtel, 70€ la nuit je crois. Bien sûr, on lui explique que c’est beaucoup trop cher pour nous. Alors finalement, après quelques minutes d’observation du match en cours, il nous dit : OK, venez chez moi, j’appelle ma femme elle vous fait un lit ! Super ! C’est donc reparti pour une tournée de vin blanc (maison), et une partie pour Mathieu !
Après ça, nous arrivons donc chez lui, Mirjan, et sa femme Sonja. Ils habitent une très grande maison, et le rez-de-chaussée est en fait constitué de plusieurs chambres qu’ils louent l’été en airbnb. Il y a une cuisine commune où nous pouvons nous faire à manger. Ils nous apportent un apéro, de la tisane, des biscuits, nous laissent du pain et des œufs, puis remontent à l’étage. Sonja et Mirjan nous reçoivent comme des clients, c’est super gentil mais déroutant !
Au petit matin, ils nous offrent à nouveau des œufs, du pain et du beurre, dont nous nous régalons. Nous sommes prêts pour la journée qui s’annonce, nous séparons d’eux non sans les avoir bien remerciés, et roulons vers la frontière italienne, à moins de 10 km de là.
Notre passage en Slovénie aura été très bref (il caille sévère là-bas !), mais les rencontres faites chaque jour nous auront bien marqué.