Nous voyons sur le routard qu’un musée du pré-cinéma se trouve à Padoue. La curiosité nous dirige vers une grande porte, qui se dresse devant nous.
On sonne à l’interphone : la porte s’ouvre et on grimpe de grands escaliers jusqu’à arriver sous une magnifique charpente de bois. Là, dans cet espace sombre, un petit monde fascinant s’offre à nous. C’est le monde où ni la photo, ni l’animation qu’on connait sur les écrans n’existe encore, mais où on s’émerveille déjà de la lumière, de l’image, du voyage.
On découvre dans une grande pièce « les lanternes magiques », sorte d’instrument optique permettant de contempler le monde. Il s’agit de l’ancêtre du projecteur (lui-même ancêtre du video-projecteur…).
On allume la machine et on se retrouve projeté dans ce monde où l’optique, le objectifs ne sont encore que des curiosités. Nous sommes au début de la belle époque !
Ces lanternes sont plutôt simples de composition : une source lumineuse (bien souvent des bougies, ou de l’huile) permet la création d’un faisceau lumineux suffisamment puissant (ce qui crée beaucoup de fumée derrière le projecteur, et exige une cheminée !!). Ce faisceau traverse ensuite une plaque de verre peinte, et une lentille permet la projection de l’image sur un écran. A l’époque, la simple apparition de l’image était particulièrement magique et révolutionnaire. Certaines lanternes pouvaient projeter ainsi plusieurs images et possédaient deux objectifs ! Ceux ci permettaient un effet de fondu enchaîné et le changement d’image sans interruption de la projection. Magique à l’époque !
D’autres machines exposaient des plaques parfois peintes de telle sorte qu’on pouvait voir différents moments de la journée en fonction de l’éclairage qui leur était apporté.
De petits trous présents dans les plaques pouvaient être utilisés pour matérialiser les lampadaires des villes scintillantes. On découvrait ainsi le monde de jour comme de nuit ! Voyager ainsi était particulièrement tendance a l’époque, et les riches propriétaires pouvaient s’enorgueillir d’avoir un tel progrès dans leur salon !
Le guide fait marcher quelques de ces machines devant nous, la poésie des images opère encore aujourd’hui ! Quelle révolution pour l’époque !
On retrouve également toute cette poésie dans le cinéma des ombres où derrière un écran et une source lumineuse, de petites maquettes s’activent pour conter quelques histoires ! Le théâtre du chat noir à Paris y est évoqué, et avec Mathilde ça nous rappelle un bon souvenir !
Après l’apparition de la photo, les plaques de verre peintes sont peu à peu remplacées par des plaques photographiques sur lesquels le réel est figé. Certaines de ces machines utilisent déjà une représentation stéréoscopique et permettent de voir des images en 3 dimensions, quel progrès !
En pleine découverte des lois de l’optique et de la persistance rétinienne, l’heure est également au début de l’animation ! Les images défilent si vite qu’elles semblent s’animer dans le Zootrope qui tourne !
L’ère du pre-cinema est à son apogée ; plus tard, les frères Lumières créeront le premier projecteur de cinéma moderne.
On ressort de ce voyage temporel à la sortie du musée, comme après un beau voyage. Cette belle époque nous semble aujourd’hui presque poétique par la spontanéité et la simplicité technique, mais aussi pleine d’espoirs envers ce monde nouveau façonné par le progrès. C’est fascinant !