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Roskilde

Nous partons en direction de Roskilde, plein ouest, avec un vent en pleine face : un régal. Nous sommes bluffés par les itinéraires cyclables autour de Copenhague. Ce sont presque de vraies routes, entièrement dédiées aux vélos, c’est super chouette. Ca nous marque d’ailleurs bien plus que les pistes cyclables de Copenhague même, qui sont certes très bien développées et beaucoup empruntées, mais où contrairement à ce qu’on avait lu, on a trouvé qu’il y avait quand même beaucoup de voitures partout. 

A Roskilde, nous arrivons pile poil à temps pour pouvoir visiter la cathédrale avant sa fermeture. C’est à son emplacement qu’a été construite la toute première église du Danemark, au temps de Harald Bluetooth. C’est un édifice avec une architecture à la fois romane et gothique, classée à l’Unesco, et renommée car c’est là que la monarchie est couronnée et enterrée. Nous visitons ainsi plusieurs chapelles avec les tombeaux des rois et reines passées, certaines avec des toits magnifiquement peints. C’est un peu l’équivalent de la basilique Saint Denis pour les français. Ce qui est assez surprenant, c’est que le tombeau de la reine actuelle (Margaret II) est déjà prêt (il est d’ailleurs caché sous une oeuvre d’art super moche). Une exposition y est d’ailleurs consacrée, avec une reproduction à 1/10e de l’ouvrage : il s’agit d’une espèce de capsule en verre, dans laquelle ont été moulés les corps de la reine et du prince. En tout cas, ça semble très impressionnant et il est un peu frustrant de ne pas pouvoir le voir !

Nous arrivons ensuite à un shelter au bord du fjord, où nous passons la soirée seuls. La baignade est agréable.

Ce matin, nous sommes bien motivés et nous levons rapidement : nous avons le musée des bateaux vikings de Roskilde à visiter, et on pressent que ça va nous occuper une bonne partie de la journée (bingo !).

A l’époque viking, entre 700 et 1100, la ville de Roskilde était la plus importante de la Scandinavie, avec environ 10 000 habitants. Afin de la protéger, la stratégie était d’empêcher les bateaux d’arriver jusqu’à la ville, et de forcer l’ennemi à arriver par la terre. Un peu plus au nord, il y a trois chenaux dans le fjord, très peu profonds et étroits. Ainsi, sur ces trois chenaux, seul un fut laissé ouvert, tandis qu’un autre fut barré par des pieux, et que le dernier fut barré par des bateaux abîmés sabordés (au lieu-dit Skuldelev). Si un ennemi s’approchait de la ville, des guetteurs le signalaient par de grands feux allumés dans des points stratégiques du fjord, jusqu’à ce que Roskilde soit prévenu (il suffirait seulement a priori de 15 minutes !). Puis les vikings de Roskilde iraient fermer le dernier chenal, et enverraient des troupes par la terre en direction des points d’accostage de l’adversaire.

Les bateaux présentés dans le musée sont les 5 sabordés, ils y ont été retrouvés en 1962 et datent des années 1040 à 1070, et ont été fabriqués au Danemark, en Irlande et en Norvège.  Il s’agit de la plus grande découverte de ce genre jamais faite. 

Les fragments de bois ont passé tellement de temps immergés, que lorsque les archéologues ont commencé à les sortir de l’eau,  ils s’abîmaient très rapidement. Ils ont alors mis au point une solution de polyéthylène glycol (paraffine naturelle hydrosoluble) dans lesquels tous les fragments ont été trempés, afin de pouvoir les conserver. Puis, ils ont réassemblés les bouts, qui sont aujourd’hui présentés dans le musée. Il leur a fallu pas moins de 25 ans pour finir de reconstituer les 5 bateaux !! Parmi eux, deux sont des navires de guerre (dont le plus grand pouvait avoir un équipage de près de 100 vikings), les autres sont destinés au commerce.

Toute la deuxième partie du musée est en fait un chantier naval. En effet, un programme d’archéologie expérimentale vise à reconstruire à l’identique ces 5 bateaux, avec les outils, les méthodes et les matériaux de l’époque. C’est simplement passionnant ! Tout est basé sur l’étude très détaillée des fragments retrouvés (par exemple les traces sur le bois permettent d’identifier les outils qui ont été utilisés), et pour le tout premier bateau, ce sont des artisans non spécialistes des constructions navales qui ont été embauchés, afin qu’ils ne soient pas biaisés dans leur analyse et leur travail ! Une fois les bateaux finis, des voyages de test sont également réalisés, toujours pour essayer de mieux comprendre comment se comportaient ces ouvrages, à quoi ils étaient destinés (par exemple, s’ils étaient plutôt maniables en mer ou le long des côtes).

Cette visite nous laisse enchantés, mais voilà déjà 17h, et il nous faut maintenant enchainer les kilomètres ! Nous roulons jusqu’au shelter du village de Druestrup, caché au fond d’un stade d’une école. Encore une fois, nous y sommes seuls.

En plein petit dèj, nous voyons une ribambelle d’enfants arriver en courant, accompagnés d’une instit : c’est l’échauffement avant le cours de sport ! Le soleil est déjà au RDV, la journée s’annonce belle.

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