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Pologne

Malbork et Frombork

Aujourd’hui, les routes qu’on emprunte sont vraiment bien aménagées, voire même neuves ! On avait l’impression que l’une d’entre elles sentait presque encore le bitume frais (et on a d’ailleurs croisé les ouvriers chargés d’ensemencer ses abords, comme quoi !). Du coup, une bonne journée remplie de kilomètres, et nous voici arrivés à Malbork, où nous dénichons un camping parfait pour passer la soirée.

Nous visitons la forteresse teutonique de Malbork (Marienburg), construite aux 13e et 14e siècles. C’est ici que le Grand Maître de l’ordre teutonique a fixé son siège en 1309. Cette forteresse est constituée de trois niveaux, avec l’avant château (pour les activités économiques), le château moyen, siège des activités séculières et des échanges avec l’extérieur, abritant notamment les appartements du Grand Maître, et le château haut abritant le monastère, entièrement réservé aux membres de l’ordre.

L’ordre des chevaliers teutoniques, ou plutôt, l’ordre des chevaliers de l’hôpital de Sainte Marie des allemands, a été créé vers 1127-8 en terre sainte pour venir en aide aux pèlerins germaniques malades ou blessés. Peu à peu, l’ordre se militarise, jusqu’à s’imposer comme ordre religieux et militaire, placé sous la seule autorité du pape.

En 1229, et alors que la période des croisades est sur le déclin, ces moines soldats répondent à l’appel de Conrad de Mazovie pour préserver ses terres d’une invasion des prussiens (comprendre pour anéantir et convertir les prussiens païens). Au passage, ils en profitent également pour s’approprier les terres prussiennes, et créent un état théocratique au bord de la Baltique, qui s’étend jusqu’à l’Estonie.

Ils établissent alors leur capitale à Malbork et commencent la construction de la château-monastère de Marienburg (autre nom de la forteresse de Malbork). En parallèle, 120 autres châteaux, également en briques, ont été construits sur leur territoire. Ils sont assez fortunés grâce au commerce de l’ambre, mais aussi grâce à leurs activités agricoles, leurs nombreuses manufactures…

Dans leur soif d’agrandir encore plus leur territoire, ils tentent de combattre les polonais, mais l’opération se solde par un échec lors de la bataille de Grunwald en 1410 : ils sont vaincus par le royaume de Pologne qui s’était unifié avec le Grand duché de Lituanie. A la fin de cette guerre, les polonais tentent de prendre la forteresse de Malbork, mais les 1000 habitants du château de Malbork résistent à ce siège qui dure deux mois !

Durant les années qui suivent, plusieurs conflits militaires éclatent, d’un côté les Teutoniques, aidés de nombreux mercenaires, de l’autre côté, les armées du royaume de Pologne, de la Confédération prussienne et du Grand-Duché de Lituanie. En particulier, la guerre de 13 ans (1454-1466) met à mal les finances de l’ordre Teutonique et le grand maître de l’époque est contraint de céder la propriété du château de Marienburg aux mercenaires car il n’est plus capable de payer (les teutoniques s’installent alors à Kaliningrad). Ces derniers revendent aussitôt la forteresse au royaume de Pologne en 1457. Malgré leurs efforts, les Teutoniques ne réussirent pas à inverser la tendance, et en 1525, la Prusse teutonique devint une principauté sous vassalité polonaise.

Le château reste entre les mains des rois polonais jusqu’en 1772, où il est repris par les prussiens qui revendiquent l’héritage teutonique.

Lors de notre visite, nous sommes particulièrement impressionnés par la taille gigantesque des cheminées dans les cuisines des châteaux haut et moyen, et par le système de chauffage au sol de l’époque. Et aussi surpris d’apprendre que l’ordre existe toujours aujourd’hui, mais se consacre à des œuvres de charité.

Outre la découverte des nombreuses pièces des châteaux, nous voyons aussi des expositions thématiques.

L’une d’elles concerne l’ambre, particulièrement présente le long des côtes de la Baltique et dans la région de Gdansk. Nous voyons pas mal d’objets faits avec de l’ambre (objets sacrés, jeu d’échec, boîtes, …), des bijoux remontant jusqu’à 800 avant JC, d’autres beaucoup plus récents et pour certains bien moins esthétiques à notre goût. 

Une autre expo concerne bien sûr les armes et armures depuis l’âge de fer jusqu’au 17e siècle.

Enfin une dernière retrace les longues années de restauration de la forteresse. En effet, à la suite du déclin de l’ordre, le château revenu à la Pologne a été laissé dans l’oubli, avant d’être converti en caserne (1737-1744), et réaménagé pour héberger une garnison prussienne, au mépris du patrimoine (1780-1803). A partir de 1817, grâce à l’intervention du poète Von Schenckendorf, et au romantisme en vogue à l’époque, des travaux de restauration ont été lancés. Cela a également été soutenu et poursuivi par l’empereur Guillaume II de Prusse (le même qui avait fait rénover le Haut Koenigsbourg, d’aailleurs, le Haut Koenigsbourg formait la limite ouest de son empire, et la forteresse de Malbork la limite est).

A nouveau bien détruit pendant la 2e guerre mondiale (il servait alors de bastion pour l’armée allemande, et a été fortement bombardé par les russes), il a encore une fois été reconstruit, dans son état actuel.

Nous avons beaucoup apprécié cette visite, qui encore une fois s’est faite au moyen d’un audioguide en français passionnant (d’ailleurs, c’est la même société qui a produit cette visite que pour le musée de Gdansk sur Solidarnosc). 

Après ça, nous roulons vite et bien (surtout vite au final, car notre trajet longe une nationale bien chargée avec des camions – pas cool) jusqu’à Elblag. Nous y avons trouvé une petite chambre dans un camping, où nous sommes bien installés.

Au moment de partir le lendemain, nous rencontrons nos voisins de camping, deux polonais à vélo aussi. Nous échangeons rapidement sur nos itinéraires respectifs avant de prendre la route.

Quel plaisir aujourd’hui ! Le temps est radieux, la route est en très bon état, vallonnée, nous prenons notre pied dans de grosses descentes, la journée passe bien vite, les kilomètres aussi. Dans la matinée, nous avons à plusieurs reprises un beau point de vue sur l’immense lagune de la Vistule, commune à la Pologne et à l’enclave de Kaliningrad.

Nous faisons une belle pause aussi à Frombork, où se trouve une autre forteresse teutonique. Heureusement, bien moins grande que celle de Malbork ! Nous y visitons la cathédrale, c’est ici que Copernic est enterré !

Et nous montons en haut du donjon pour apprécier le panorama alentour. Super !

Et comme les astres sont bien alignés ce soir, nous repérons un camping à un endroit idéal par rapport à notre avancée du jour (92 km quand même !). A notre arrivée, agréable surprise, il s’agit d’un terrain chez l’habitant, tout petit et très sympa. Il y a juste une caravane en plus de nous. Nous sommes accueillis par Wojciech, la soixantaine, germanophone, qui a l’air tout content de nous recevoir, ce qui fait plaisir ! Nous nous voyons offrir un shooter de schnaps, “pour se remettre de la journée”, puis un deuxième “pour la deuxième jambe”, et un troisième pour “le troisième pied” !! Le tout accompagné de poisson fumé, miam ! Nous repartons aussi à la tente avec deux grosses couvertures, car il a peur que nous ayons froid. Vraiment trop sympa ce monsieur.

Bon du coup bizarrement, à 21h on est bien bien fatigué et on se couche sans demander notre reste.

La nuit n’a pas été des plus bonnes, malgré les couvertures chaudes que notre hôte nous avait donné ! De mon côté, j’ai rêvé qu’on se faisait charger dans la tente par des sangliers… rien que ça ^^

Alors que nous étions prêts à partir, Wojciech nous attrape et nous offre du jus de sureau, fait par sa femme, pour nous donner de l’énergie sur la route. Il nous remercie d’être venus, car pour lui, nous sommes “des voyageurs exotiques” ! Nous sommes touchés par sa gentillesse 🙂

Notre route traverse de nouveau de beaux paysages champêtres, nous sommes sous le soleil, tout va bien… Sauf la route ! Encore des chemins très cabossés qui nous en font voir de toutes les couleurs. Nous faisons encore pas mal de dénivelé aujourd’hui, mais nous ne pouvons même pas profiter de la descente, car la route est tellement mauvaise qu’il faut freiner en permanence !

Le midi nous nous arrêtons manger dans un petit patelin, à la cantine locale. De supers plats typiques (soupe, patate, porc), bons, pas chers, le top.

Et pour finir, le soir, comme nous ne trouvons aucun camping ni hébergement (c’est assez perdu là où nous sommes !), nous demandons à des passants s’ils savent où nous pourrions nous installer, et ils nous indiquent un parc pour enfants, avec des tables de pique-nique : c’est parfait !! Il y a même un robinet à l’extérieur, grand luxe.

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