Nous partons tôt, et arpentons une route toute droite, plus plate que plate, désertique. C’est assez pollué au sortir de la ville, et il n’a pas plu depuis longtemps, alors il y a énormément de poussière. C’est franchement pas passionnant, on enchaîne les kilomètres au plus vite.
Pour le midi, afin de nous garantir de la sérénité au niveau digestion, nous décidons de nous cuisiner des pâtes au réchaud à une station service. Deux chiens errants nous tournent autour. Ils ont un air tellement abattus, faibles, tristes, même moi qui ne les aime pas ai pitié d’eux. Un monsieur qui fait aussi une pause ici nous offre le thé avant de repartir, un autre nous donne des espèces de pâtisseries absolument bizarres (sorte de loukoums méga industriel fourré avec des noix et entouré d’un truc caoutchouteux non identifié blanc). Et alors qu’on allait repartir, un policier nommé Mesut, également en pause ici, nous invite à nouveau à boire le thé, et nous pose pleins de questions sur notre voyage. Nous repartons avec son numéro de téléphone “au cas où nous ayons des problèmes” (il prendra d’ailleurs des nouvelles de nous à 2 reprises dans la semaine !).
Après ces beaux moments, nous reprenons la route et enchaînons les kilomètres jusqu’à Sultanhani, où nous avons réservé un hôtel plutôt classe, juste en face du magnifique caravansérail.
On nous y sert du thé et du café turc le soir, pendant que de vieux hommes (de la famille des gérants) jouent à un jeu nommé 101, qui ressemble beaucoup à notre Rummikub. C’est hypnotisant d’observer la dextérité de leurs mains maniant les jetons, et leurs airs malicieux quand ils se passent les jetons.
Et là, alors que nous étions tous tranquillement installés, retentit un énorme “Pschhhhhhhhhh” : voilà que notre chambre à air avant vient de crever !!!! C’est exactement comme quand on avait quitté Besançon : on est pas sur le vélo, il n’est même pas chargé, mais la chambre à air a explosé de l’intérieur, probablement car le scotch en fond de jante a cédé. Fait chier !!! On verra le lendemain pour réparer tout ça !
Au matin, après un bon petit dèj, nous descendons pour réparer notre roue avant puisqu’elle a eu le bon goût de crever hier soir. Après une première tentative de réparation de la chambre à air, il s’avère qu’on s’est trompé de colle à rustine, et donc ça n’a pas marché. Il faut tout recommencer !! A la 2e tentative, on prend bien la bonne colle, mais encore une fois, quand tout est remis en place, on entend une fuite d’air. Bigre !! Alors, il faut tout redéfaire une 3e fois, et on se résout à utiliser la chambre à air neuve qu’on a en rechange !! Il faut savoir que nos pneus sont vraiment super, mais par contre ultra difficile à enlever !!! Et en plus, un mec de l’hôtel a passé son temps à nous regarder et donner des conseils…
M’enfin, voilà que notre roue est changée, plus d’une heure plus tard 🥴
Nous pouvons donc aller visiter le caravansérail, construit en 1229 sous le règne du sultan Alâaddin Key Kubat 1er. En entrant par le portail magnifiquement décoré, on tombe sur une grande cour bordée de portiques d’un côté, de pièces (vides aujourd’hui) de l’autre, avec une mosquée au milieu. Tout au fond, derrière un deuxième portail sculpté, il y a un deuxième hall, mais couvert, utilisé pendant l’hiver.
Ces édifices sont retrouvés le long de la route de la soie. En effet, jusqu’au 7e siècle, seule la Chine possédait le secret de la fabrication de la soie, et l’exportation de la production se faisait à dos de chameau via ces fameuses routes de la soie, notamment au travers de l’Himalaya, la Perse, la Turquie. Bivouaquer avec toute cette marchandise était trop dangereux, et les commerçants dormaient donc dans des sortes d’hôtels immenses, capables d’héberger toute la caravane, y compris les animaux : ce sont les caravansérails. C’était presque des petites villes fortifiées, on y trouvait un hammam, la mosquée, des écuries, des boutiques, des entrepôts, …. La nuit, les portes étaient fermées et des gardes étaient chargés d’assurer la protection de la caravane des pillards. La caravane pouvait s’arrêter, être hébergée et nourrie gratuitement pendant 3 jours.
On trouvait ces édifices à peu près tous les 35 km, correspondant à la distance effectuée quotidiennement par les chameaux.
Avec toutes ces aventures, il est déjà tard lorsque nous prenons la route. Et elle est la même qu’hier : toute droite, toute plate. Autant dire qu’on est peu motivé. Nous faisons donc une petite étape, 45 km, jusqu’à Aksaray.
Après avoir posé Steven à l’hôtel, nous allons nous promener dans la ville. Il nous faut quasiment 30 minutes avant de trouver LA rue animée ! Incroyable comme tout est concentré et tout est mort ailleurs ! Le resto où nous allons s’avère être tenu par un couple franco-turc super sympa, Marine et Fatih, on est bien content ! Ils sont un tout petit peu plus vieux que nous, ça nous fait plaisir de parler un peu français, ils nous offrent thé et café, et nous nous régalons avec deux pizzas (bon par contre toujours pas de bière) !
Au matin, le petit-déjeuner de l’hôtel est un buffet pantagruélique !! On ne sait pas où donner de la tête, et en plus, il n’y a pas que les éternels concombres tomates fromage, il y a aussi de bonnes confitures, et du gâteau marbré maison !! Ca ne semble pas extraordinaire en temps normal mais là, qu’est-ce qu’on l’apprécie !!!
Une réponse sur « De Konya à Aksaray »
Vous venez de m expliquer la carte Caravansérail de 7 wonders, merci les amis ! Un turc de fou 🤪