Nous quittons la ville de Fier, nous sommes le 31 décembre. On espérait atteindre Tirana ce soir, pour y passer le réveillon, mais c’est un peu trop ambitieux et nous ne ferons pas ces quelques 110 km. On s’arrête à Dürres, une ville balnéaire sans trop d’intérêt (défiguration de la côte en cours avec la construction d’innombrables complexes hôteliers), mais où nous avons trouvé un petit appart.
Nous nous lançons dans la préparation de crêpes (il faut bien rentabiliser notre poêle 😂) et au moment de les cuire, voilà que la bouteille de gaz de la cuisinière est vide 😱 Par chance le proprio en a d’autres de rechange et nous pouvons reprendre.
Comme on est bien fatigué, et qu’on n’a pas vraiment de projet pour faire la fête ce soir, on se couche à 23h 😅
On dormait bien, jusqu’à être réveillé par une grosse pétarade : on sort sur le balcon et on voit des feux d’artifice exploser dans tous les sens, dans toutes les rues, c’est fou !!
Bonne année !
Le lendemain, il ne nous reste que 40 km à rouler pour atteindre Tirana, et la route se passe plutôt bien. Il y a bien de la circulation, mais l’arrivée dans la capitale est moins stressante que d’autres grandes villes.
Comme on est le 1er janvier, tous les commerces, tous les restons sont fermés. On peine à trouver de quoi manger et on finit par se contenter de toasts au pain de mie dans un café.
Nous posons nos affaires à l’auberge de jeunesse et repartons nous promener. Direction la place Skanderbeg (héros national albanais reconnu pour avoir tenu tête à l’empire ottoman), la place principale de la ville. Elle est très animée, la vue est complètement hétéroclite, on aime beaucoup ! Se côtoient ici une mosquée, une église, un grand sapin et une foire de Noël, des immenses buildings modernes en construction, des vieux immeubles délabrés… c’est très intéressant, très vivant.
Le fameux Skanderberg
Le soir, on cherche à nouveau en vain un endroit où manger, et on finit par tomber sur une pizzeria, qui semble être le seul établissement ouvert !!
Le lendemain, nous nous éloignons un peu du centre ville pour aller visiter le « bunk’art 1« , un musée retraçant l’histoire récente de l’Albanie, installé dans l’un des plus gros bunkers anti-atomique construit par Enver Hoxha. Il s’étend sur 5 étages souterrains, 106 pièces, dont une salle de congrès.
Chambre et bureau du dictateurSalle de congrès reconvertie en salle de spectacleChauffe-eau a essenceLes triples portes
Nous profitons ensuite du beau temps pour nous promener à vélo, on apprécie les nombreuses façades colorées, et on fait le tour d’un grand lac artificiel au sud de la ville, puis nous allons dans un bar à raki bien connu.
Cathédrale de la résurrection du Christ (orthodoxe)A gauche, le clocher de la cathédrale
Contrairement à ce qu’on aurait pensé, il y a pas mal de pistes cyclables dans le centre de Tirana !
Après 4 jours d’arrêt, voilà une petite fenêtre de temps moins mauvais qui s’annonce. Ça tombe bien car on commence à vraiment tourner en rond dans cet appart, alors c’est reparti !
Nous longeons la côte méditerranéenne. Quel plaisir de voir la vue, les criques, la mer. Alors que nous faisons une petite pause photo, un grognement sourd nous fait sursauter. Dans nos têtes, on imagine un énorme chien (voire un ours mais ça c’est clairement le fruit de notre imagination !!) et on se retourne avec appréhension… Fausse alerte ! C’est un cochon !
Le fameux cochon !La pente est tellement raide qu’on dirait que la route plonge
À midi, nous croisons deux couples de cyclistes et pique niquons tous ensemble. Deux sont allemands, deux chiliens. Nous discutons de l’énorme côté qui nous attend juste après, et demain, et la chilienne nous dit bravement : « I would love to tell you something nice but honestly, I cried » . OK ca donne envie 😅
Nous nous séparons et ça commence juste après : une montée très raide, le long d’un ravin. Le tout dans l’ombre, avec de nombreuses stèles funéraires en bord de route, en l’hommage des victimes d’accidents. Et on peut dire qu’il y en a vraiment beaucoup ! Parfois même avec tellement de noms dessus qu’on devine que c’était un bus.
De notre côté pas de risque d’accident, on pousse le vélo tellement la côte est raide. Mais on a largement l’occasion de voir la vitesse à laquelle les gens roulent, et c’est effrayant.
De l’autre côté, petite descente de nouveau bien raide, mais on s’arrête vite car la nuit est presque tombée. A l’arrache, on s’engage sur une petite route et on s’installe au bord pour camper. On y sera probablement bien, il y a presque pas de passage.
Presque, car voilà qu’une voiture arrive, et ils nous ont repéré alors même qu’on avait éteint nos lampes en les apercevant. Et bien sûr… c’est la police ! Bon heureusement ils ne nous délogent pas et nous souhaitent une bonne nuit. Autant dire qu’à 5 minutes près ils seraient tombés sur nous en tenue d’adam en pleine douche froide 😂
Le lendemain, le temps est à nouveau menaçant, et alors que nous venons juste d’entamer la fameuse énorme montée pour franchir le col de Llogara, voilà qu’il se met à pleuvoir à grosses gouttes.
Par chance, nous sommes à côté d’une cabane ou un monsieur coupé du bois. Il nous autorise à nous abriter sous son auvent, puis nous invite même à l’intérieur, pour nous réchauffer auprès du poêle. Mathieu n’a pas le choix, il doit boire du raki, tandis que moi il m’offre gentiment du café. Nous sommes rejoints par le frère de ce monsieur, et voilà la deuxième tournée de raki !
C’est marrant, ici les gens se déplacent avec leur raki dans leur bouteille en plastique. Ainsi, chacun des deux frères se servent de leur raki. Et on verra souvent ça en Albanie. A tel point d’ailleurs qu’à deux reprises, des gens croiront que c’est du raki dans notre bouteille qui fait office de gourde 😅
Nos deux nouveaux amis nous invitent aussi à tremper des quartiers de pommes dans du miel fait par leurs soins. Nous passons un bon moment en leur compagnie, malgré la barrière de la langue. Par contre, ce raki ne va certainement pas booster les capacités de Mathieu pour la grosse montée !
Grosse montée que nous reprenons lorsque la pluie se calme. Il s’agit de presque 1000m de dénivelé positif, dont les trois quarts sont à franchir lors de trois énormes épingles à cheveux. C’est bien raide, et on pousse le vélo sur la moitié du chemin. Et surprise, on casse de nouveau un rayon ! Ça tombe bien mal mais pas le choix, on poursuit.
On ne voit pas une miette de la vue sur la mer car on est dans les nuages. Parfois un brouillard très dense, où on ne voit rien à 20m, parfois de la brume qui masque partiellement la vue et sonne un caractère bien mystérieux au paysage. Dans tous les cas, c’est super beau !
Les épingles a cheveux se profilent à l’horizonPause goûter lorsque le brouillard devient trop épaisAmbiance plus qu’étrange à la vue de bâtiment abandonné dans le brouillardOn pousse !Avez vous vu le bunker ?
En haut, il y a bien évidemment un resto panoramique. Probablement un attrapé touriste, et puis il n’y a pas de vue avec la brume, mais on s’en fout, on a la dalle et on s’attable. Les frites sont d’ailleurs délicieuses. Est-ce parce que ça fait longtemps qu’on en a pas mangé, parce qu’on a super faim après cet effort, ou simplement qu’elles sont vraiment bonnes ? Aucune idée mais on se régale. Et dehors c’est de nouveau le déluge, on est arrivé pile à temps.
On attend jusqu’à ce que ça se calme et on repart, de l’autre côté, la descente est tout aussi raide, mais la route bien abîmée, alors on n’en profite pas autant qu’on l’aurait pensé !
Nous finissons par retrouver la côte, et le soleil fait son unique coucou de la journée : un beau couché de soleil rosé.
On finit cette énorme journée de nuit, pour arriver à Vlorë où nous dormons à l’auberge de jeunesse. Et pas de chance, nous en serons les seuls locataires, donc pas de rencontre pour ce soir. Mais au final, on est tellement fatigué que ça tombe presque bien ! Il n’y a pas de chauffage et on se les pèle. Tant pis !
Le lendemain, nous quittons vite cet endroit et recherchons un magasin de vélo. Le premier qu’on trouve est un tout petit atelier, on dirait presque un monsieur qui bricole dans son garage. Il n’arrive pas à desserrer une vis qui retient le disque de la roue arrière, malgré des coups de marteau assène dessus 😱😭, donc impossible de réparer notre roue.
On va donc au deuxième (et dernier) magasin, où pareil, le technicien rencontre de belles difficultés. A nouveau, les coups de marteau n’y font rien, alors il emploie les grands moyens : un coup de disqueuse dans la vis 😱😱😱 ça a même entamé notre disque, aie aie aie ! On se dit que des fois, il faudrait mieux ne pas regarder quand les gens réparent notre vélo car ça fait mal au cœur ^^
Nous quittons la ville de Vlores en début d’après midi, la route est inintéressante, totalement défoncée et on a un gros vent de face : la motivation est au plus bas. On arrive péniblement à Fier et on décide de s’y arrêter, après seulement 40 km.
Au centre ville, on tombe sur un marché de dindons !! Il y en a des dizaines et des dizaines, par terre, accrochés par leurs pattes. Ils semblent plutôt amorphes. On se demande si c’est tout le temps comme ça ou si c’est spécialement car on est pendant les fêtes de fin d’année ! En tout cas maintenant on comprend pourquoi on a croisé plusieurs fois dans la journée des gens à vélo avec soit un dindon sur le porte bagage, soit carrément porté par les pied à bout de bras !
Les façades colorées des immeubles, le linge qui sèche aux fenêtres et la lumière du soleil qui se couche nous donnent un agréable tableau d’une ville bien vivante.
Petit point historique sur l’Albanie et ses bunkers : Enver Hoxha devient le dictateur communiste de l’Albanie à la fin de la seconde guerre mondiale (il est élu à 93% – il a fait en sorte que son parti soit le seul autorisé à se présenter, et le vote a été réalisé au moyen de boules de couleurs car près de 80% de la population était analphabète à ce moment-là). Dans un premier temps, en grand admirateur de Staline, il suit le régime de l’URSS avant de s’en détacher et de quitter le pacte de Varsovie en 1968 (suite aux réformes entreprises par Krouchtchev) pour adopter la doctrine maoïste de Chine. Il rompt ensuite également avec ce régime après la visite de Nixon en Chine en 1972 et à la mort de Mao. Le régime d’Enver Hoxha se retrouve alors isolé et le dictateur vit dans la crainte d’une attaque soit de ces régimes, soit de la Yougoslavie soit de l’OTAN.
C’est dans ces conditions qu’il se met à « bunkeriser » le pays : plus de 170 000 bunkers sont construits entre 1968 et 1985, année de la mort du dictateur. Ils sont depuis laissés en l’état et n’ont jamais été utilisés dans les conditions imaginées par Hoxha. On en a croisé sur notre route en Albanie tous les jours.
Le jour suivant, nous quittons cette belle famille, et prenons la direction de Sarandë. Cette ville est sur la côte et nous avons donc une belle barre rocheuse à franchir avant d’y arriver.
Lorsque nous entamons notre ascension, une vieille dame nous offre des clémentines, elles sont délicieuses. D’ailleurs, on voit des orangers, citronniers et clémentiniers (?) partout en Albanie, tous gorgés de fruits !
Nous roulons donc tranquillement le long d’une petite route bien sympa. Souvent on entend les clochettes de troupeaux, mais il est difficile de les repérer la plupart du temps, les bêtes se confondent bien avec le paysage rocailleux.
Nous franchissons le col avec plaisir, pour entamer la descente de l’autre côté. Quel étonnement quand nous voyons arriver face à nous un bus jaune et bleu transisère !!! Ça alors ! Leur envoie-t-on nos bus quand on en veut plus ?! Quelques jours plus tard, on croisera aussi un bus RATP. Très étrange tout ça.
M’enfin bref nous continuons notre route et faisons un arrêt au site « blue eye » : une source d’eau qui bouillonne, et se poursuit en rivière, l’eau est totalement claire, bleue turquoise et verte, avec des arbres au milieu, c’est beau! Il y a plusieurs resto les pieds dans l’eau, tous fermés mais qui laissent présager du business touristique estival. Bien content d’être là en cette période.
étonnant spectacle que l’eau qui jaillit de ce trou !
Nous repartons en direction de Sarandë. Sur la fin la route est longue, surtout quand on découvre que la ville est derrière une nouvelle montagne !
On y arrive bien fatigué, mais on découvre avec plaisir le super appart qu’on a loué pour les prochains jours qui s’annoncent pluvieux. Deux fois plus grand que notre ancien appart à Paris, belle cuisine, canap, le tout pour la modique somme de 10€ 😱
Nous nous reposons donc ici les jours suivants, dans l’attente de jours meilleurs. Il pleut à verse, c’est l’enfer.
Et puis c’est Noël, alors nous en profitons pour nous cuisiner de bonnes choses… une quiche de Noël !!! 😅 Pas très élaboré mais ça fait tellement longtemps qu’on n’en a pas mangé qu’on est aux anges. Le tout arrosé d’un petit verre de rouge et c’est parfait !
Un repas 4 étoiles ! (oui ce sont des toasts au Nutella 😇)
On profite aussi de la cuisine pour nous faire des crêpes. Mais le problème c’est que la poêle de l’appart a accroché à mort, alors on décide de s’en acheter une. Choix étrange, mais nous finirons donc notre voyage avec une poêle dans les sacoches ! L’occasion de se refaire des crêpes dès que l’occasion se présentera 😋
Petite éclaircie, voilà la vue depuis notre balcon. En face, l’île de Corfou.
Nous roulons sur la dernière portion grecque de notre itinéraire, au travers de belles collines boisées.
Arrivés à la frontière, nous remontons la longue file de camions et voitures, et arrivons au guichet albanais. Ici, personne n’a de masque, et personne ne nous demande ni vaccin, ni test. Un peu deg de s’être fait triturer le nez pour rien !
Mais bon, nous voici en Albanie !!
Deux choix s’offrent à nous, soit on campe quelque part dans le coin, soit on pousse jusqu’à Gjirokastër. Dans le premier cas, il faut chercher dès à présent car on a encore perdu une heure de soleil, dans le second, il faut puiser dans nos ressources pour parcourir encore 30 km… pour une distance totale de 105 km. Mais à Gjirokastër, Camille et Antoine nous ont conseillé d’aller dans une taverne tenue par une famille qui aime les cyclistes et les invitent à dormir dans le resto.
On se décide pour la deuxième option, et on fonce. On traverse une immense plaine, cernée par deux grosses chaînes de montagnes, à toute vitesse, car la nuit tombe vite.
Quand la ville se profile enfin devant nous, perchée sur le flanc de la montagne, on la trouve très belle …
Mais on déchante un peu. Il fait nuit, on a une énorme journée dans les pattes… et la taverne est tout en haut de la ville !! Les ruelles sont très étroites, littéralement défoncées, et d’une raideur sans précédent. On pousse le tandem dans les dédales, il nous semble peser un âne mort.
Mais au bout, nous sommes récompensés : Xhuliano et ses parents nous accueillent chaleureusement. Ils nous installent devant le poêle et nous servent de délicieuses aubergines farcies et moussaka, accompagnées d’une bière albanaise. On se régale, et on est plongé dans la culture albanaise : la musique traditionnelle tourne en boucle à la télé. On nous sert aussi un verre de raki, l’eau de vie locale. Ça, ça ne nous enchante pas plus que ça en revanche ^^
Pour la suite de la lecture, écoutez cette musique pour vous mettre dans l’ambiance !! En prime, la vidéo est tournée à Gjirokastër.
Xhuliano nous propose de nous montrer rapidement le centre ville. Nous embarquons dans sa twingo, montons tout en haut de la ville déposer son frère dans leur maison, et redescendons dans le centre. Tout ça semble normal à lire. Mais il faut imaginer un véritable rallye. Xhuliano roule comme un malade, dans ces mini ruelles étroites, sinueuses, raides et défoncées, de nuit, la musique à fond. Il nous assure qu’on a pas besoin de mettre notre ceinture car seul le conducteur est obligé d’en avoir une. Nous on a cru que notre dernière heure était arrivée ce soir, c’est bien noté, on ne remontera plus dans sa voiture 😳😳
Pour nous, la soirée est très très longue, car on est crevé de ces derniers jours. Mais bien sûr avant de dormir il faut attendre que le resto ferme… à 23h, nous sommes « enfin » seuls et nous écroulons.
Le lendemain, nous nous promenons dans la ville. Il fait un froid de canard, ce versant de la montagne étant à l’ombre une bonne partie de la matinée ! Nous visitons la forteresse de la ville, et le centre historique, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
La ville est célèbre pour ses toits de lauzes.
Gjirokastër est la ville natale du dictateur communiste Enver Hoxha.
De retour à l’auberge le soir, nous sommes plus en forme que la veille pour apprécier l’ambiance. La musique traditionnelle tourne toujours en boucle, et on finit par avoir l’impression que toutes Les chansons sont identiques 😅
Nous quittons les Météores et poursuivons notre route vers l’Albanie. Sur le chemin, une dame nous offre des clémentines. De bonnes vitamines pour affronter les grosses montagnes qui se dressent devant nous et vont occuper nos deux prochaines journées ! Un col à 1700 m d’altitude se profile pour demain.
Nous entamons donc la montée, et avalons 800 m de dénivelé en 26 km, ce qui est franchement intense ! Que de la montée tout le long. Il fait plutôt frais au fur et à mesure qu’on monte. Nous nous arrêtons vers 15 h près d’une petite chapelle pour faire une pause, et apercevons au loin d’eux cyclistes, arrivant dans l’autre sens. Voici donc Susie et Sébastien, avec qui nous papotons avec entrain. Au bout d’un moment, plutôt que de rester dehors à se geler, on décide de s’installer dans la chapelle pour se réchauffer. Et de fil en aiguille, pourquoi ne pas rester ici pour la nuit ?
On ne tergiverse pas longtemps, on sera bien mieux ici que dehors, surtout que le vent s’est levé, et que le thermomètre ne fait que chuter ! Il y a même une table et des chaises alors nous nous installons « comme à la maison ». Susie et Sébastien nous apprennent qu’il y a toujours des poubelles pour les cierges dans les églises orthodoxes ici (il semblerait que les gens brûlent énormément de bougies, d’ailleurs il y a des hottes d’aspiration au-dessus des emplacements pour les bougies !). Du coup on se sert dans ces poubelles et on s’éclaire avec ces bougies, qui ne sont quasiment pas consommées (étrange).
Nous faisons un bon repas tous ensemble et passons une belle soirée, ça fait très plaisir de partager du temps avec d’autres cyclistes ! On finit par monter nos tentes et se coucher.
Le lendemain, le réveil sonne tôt car bien sûr nous voulons avoir tout rangé avant qu’un éventuel visiteur nous surprenne ici ! Le timing est plus que parfait, à peine avons nous sorti nos affaires qu’une voiture apparaît au bout du chemin. Ni vu ni connu !
Quelle sage décision que d’avoir dormi dans l’église ! Dehors, il a fait -7°, avec un vent de folie, l’eau de la fontaine est gelée ! Et à l’intérieur, eh bien on a pas eu si chaud que ça 😅
Nous reprenons chacun la route de notre côté après ces chouettes moments passés ensemble. Grâce à Susie et Sébastien, nous modifions notre itinéraire. En effet, la route qui mène au col à 1700m est fermée et non déneigée, ils s’y sont heurtés la veille et ont dû rebrousser chemin (après avoir notamment vu des empreintes fraîches d’ours dans la neige !!!). Nous n’atteindrons donc qu’un col à 1500m pour notre part.
Au fur et à mesure que nous le gravissons, la neige fait son apparition sur les côtés de la route. C’est marrant d’être au milieu de la neige en tee shirt car on sue dans cette grande montée ! Par contre, dès qu’on s’arrête, le froid nous rattrape en deux secondes ! Il nous faut aussi faire attention dans les passages ombragés, car le verglas est un peu de la partie.
Nous ne croisons qu’un tout petit village, et comme on est dimanche, la supérette est fermée. Heureusement il y a un mini resto ouvert, tenu par une vieille dame. Elle nous sert deux énormes cotes de porc qu’on dévore à grandes bouchées. On a tellement faim, on mange même le gras ! On est collé à son poêle et malgré ça, il fait encore bien froid (14° selon notre compteur !).
Nous repartons ensuite et gravissons les derniers kilomètres qui nous séparent du col. On ne s’y attarde pas, ça souffle là-haut ! On remet toutes nos couches pour attaquer la descente, qui va nous glacer le sang.
En chemin, nous rencontrons à nouveau deux cyclotouristes, Camille et Antoine. Décidément !! Cette fois on est bien trop haut pour envisager de passer la nuit ici, donc on se sépare vite, non sans s’être échangé quelques bons plans.
Finalement, nous arrivons enfin à Metsovo, et nous arrêtons au chaud dans un hôtel dans ce petit village de montagne bien charmant.
Au petit matin, on nous sert un méga petit déjeuner à l’hôtel familial, on s’en met plein la panse et ça fait du bien !
Aujourd’hui, on redescend tout ce qu’on a monté les deux jours précédent, comprendre donc, on va se les peler sévère !! Par chance la route est globalement au soleil, donc ça limite un peu les hostilités.
Nous pique-niquons rapidement au soleil et repartons pour un peu de montée (que de relief par ici !). Arrivés au sommet, il ne nous reste plus qu’à descendre de l’autre côté pour atteindre Ioannina… mais on tombe sur une église un peu à l’écart de la route…. Ne sachant pas où nous allons dormir ce soir, ça nous paraît plutôt alléchant ! L’église en elle même est fermée, mais « l’antichambre » est ouverte, et de petit volume, ce qui nous semble vraiment bien !
L’antichambre, c’est juste la partie avec le grandes fenêtres.
Deux trois personnes passent pour poser des fleurs au cimetières, mais ne semblent pas vraiment s’intéresser à nous et c’est tant mieux. À la nuit tombée, on se fait une mini douche éclair à l’eau glacée de la fontaine, on mange et on se couche.
Nous sommes moins haut que la dernière fois et avons moins froid que la dernière fois. Au matin, les lumières du soleil levant sur les montagnes enneigées sont superbes !
Nous reprenons tôt la route vers Ioannina. Le soleil brille, on descend fort, avec un panorama sur le lac et la ville à couper le souffle. Des nuages sont en suspension au-dessus de l’eau, c’est magnifique.
En ville à Ioannina, nous nous promenons rapidement, mais faisons surtout un arrêt pour faire un test antigénique, pour passer la frontière. Négatif, yes !
Nous roulons sur la dernière portion grecque de notre itinéraire, au travers de belles collines boisées.
Après une bonne nuit de repos, nous voilà prêts à découvrir ces fameuses Météores ! Aujourd’hui, Steven reste à la maison, et nous partons à pieds au travers de ces imposants pitons rocheux (600 m d’altitude pour le plus haut), surmontés de monastères.
Monastère du Grand Météore
Ces monastères et couvents ont été construits aux 14 et 15e siècles, et 6 sont encore en activité. Avant leur construction, il y avait déjà des activités monastiques recensées au 11e siècle, mais les moines étaient installés dans les cavités naturelles de la roche.
Comme en Turquie, les femmes doivent se couvrir pour entrer dans ces lieux sacrés. Sauf que là, ce n’est pas la tête, mais les jambes. Oui, il faut mettre une espèce de foulard en jupe par-dessus le pantalon. Mais pourquoi ?
Un style à toute épreuve
Le plus impressionnant dans ces édifices, ce sont bien sûr les églises, entièrement recouvertes de fresques peintes, où on voit notamment à chaque fois les supplices des saints, avec d’innombrables scènes de torture (têtes coupées, flagellation, écartèlement, …). Il y a aussi beaucoup d’icônes, que les visiteurs orthodoxes embrassent une à une (pas de covid dans la maison de dieu apparemment !).
A chaque monastère, on voit de belles terrasses, de beaux jardins, et une vue imprenable sur la vallée. C’est très chouette.
Agios NikolaosFresques du 21e siècleFresques du 21e sièclePas trop dure la vie !Agios StefanosAghia TriadaMonastère VarlaamMonastère Roussanou au premier plan, Agios Nikolaos juste derrière et monastère Varlaam à droiteCouvent Roussanou
Nous restons presque deux jours dans ce magnifique décors, histoire de bien prendre le temps pour visiter les monastères (qui ferment à 15h, voire 14h pour certains !).
Nous quittons Katerini et entamons les deux journées intenses à venir : nous allons traverser la chaîne du Mont Olympe (bien sûr on ne va pas monter aussi haut que son sommet, le toit de la Grèce, qui culmine à 2917 m de hauteur). Nous avons prévu d’emprunter une petite route qui mène à la petite ville d’Elassona, car nous avons envoyé une requête à un hôte warmshower qui y vit, requête restée sans réponse jusqu’à présent.
Nous commençons bien vite notre ascension, et nous voyons la neige des derniers jours se rapprocher petit à petit. La brume qu’on voyait depuis le bas se rapproche pas mal aussi, et on a du mal à savoir si elle est en train de se dissiper ou bien de s’installer (au final, elle s’est plutôt bien installée !).
On trouve ces petits autels tout le long des routesCa grimpe !Pas très attirante cette purée de pois !
Le froid se fait bien sentir, et nous essayons de nous abriter à l’entrée d’une église (fermée) pour manger un peu de brioche et reprendre des forces. Plus tard, nous faisons une pause au chaud pour un café, qu’encore une fois des petits vieux paient pour nous.
La riche décoration de l’extérieur nous donnait bien envie de voir l’intérieur !Col atteint !Descente vers la plaine
En fin de journée, il nous faut nous rendre à l’évidence, nous n’avons toujours pas de nouvelle du warmshower, ça ne sera donc pas ce soir que nous allons pouvoir profiter de nouveau de ce réseau (dire que ça fait depuis la Finlande qu’on n’a pas eu soit de réponse positive, soit de réponse tout court !). Un peu avant Elassona, nous tombons sur un endroit qui nous semble assez bien pour camper. En plus, un passant nous file deux bouteilles d’eau. Nous sommes donc prêts pour nous installer ici, et allumons un grand feu pour nous réchauffer.
L’endroit se trouve à la croisée de deux routes, avec un beau point de vue sur les montagnes autour. La seule ombre au tableau, ce sont les nombreux déchets qui jonchent le sol, comme souvent malheureusement dans ce pays.
Au réveil le lendemain, nous avons la joie de voir le mont Olympe entièrement découvert, tout blanc de neige. C’est super beau !
Nous empruntons aujourd’hui de toutes petites routes bien isolées, ainsi que pas mal de chemins de terre. Nous passons quelques rares fermes (avec toujours beaucoup de chiens !), et de beaux troupeaux de vaches et chèvres en semi liberté. Pour le coup, il fait grand beau aujourd’hui.
Le fort dénivelé gravi dans la journée se fait bien sentir en fin de journée, et on arrive exténués à Kalambaka ! Il fait déjà presque nuit, nous n’apercevons donc pas les Météores aujourd’hui.
145 km, 2220 m de dénivelé, 2 joursKalambaka, c’est derrière le petit piton rocheux !
A notre arrivée à Thessalonique, nous nous posons très rapidement dans l’auberge de jeunesse, avant de ressortir : nous rencontrons ce soir Calliope, une cycliste grecque originaire d’ici, mais qui vit à Brighton. Nous l’avons contactée via Warmshower, et bien qu’elle ne puisse nous héberger chez ses parents, elle nous a proposé de passer la soirée ensemble. Il y a également un autre couple de cyclotouristes de passage, originaires de Suisse.
Nous passons un agréable moment tous ensemble, autour d’un bon vin rouge et de fromages grecs, chacun racontant ses anecdotes de voyage.
Le lendemain, nous nous promenons à vélo le long du bord de mer de la ville, et nous tombons nez à nez avec Calliope ! Sacré hasard que de croiser l’unique personne qu’on connaît ici, dans cette ville qui est la deuxième plus grande de Grèce !
Nous montons au sommet de la tour blanche (vestige des fortifications vénitiennes du 15e siècle), visitons le musée archéologique, l’église byzantine Sainte Sophie, les marchés, … Il faut jongler avec les horaires car l’hiver, les musées ferment autour de 15h, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour les visiter !
Un soir, nous nous faisons un bien bon resto, où on se régale avec des aubergines farcies, un bouyourdi, du Retsina (vin blanc dans lequel de la résine de pin a été ajoutée au cours de la fermentation – cela viendrait de l’Antiquité, lorsque l’étanchéité des amphores où le vin était stocké était assurée par un badigeonnage de résine sur les parois internes). Un autre soir, nous allons au cinéma voir West Side Story.
La tour blancheAlexandre le grandRetsina
Nous quittons Thessalonique sous un ciel lourd. L’étape du jour consiste à rallier la ville de Katerini, qui n’est pas si éloignée que ça sur le papier, mais il y a le delta de la rivière Aliakmon à traverser, et cela nous oblige à remonter pas mal vers le nord-ouest. Toute cette partie n’est pas particulièrement belle. Ce n’est qu’en fin de journée qu’on commence à apercevoir la chaîne montagneuse du mont Olympe, dont les cimes sont dans les nuages.
Le midi, alors que nous faisions une pause dans une taverne pour recharger nos batteries, deux petits vieux d’une table voisine nous ont fait servir une bonne bière bien fraîche. Santé !
A Katerini le soir, nous découvrons une petite ville aux airs de station de ski (bien qu’on soit toujours dans la plaine), richement décorée pour Noël. Un vendeur de fruits avec qui on discute un peu nous dit de ne surtout pas aller en Albanie, car on va s’y cailler sévère… Nous verrons bien, mais n’avons pas l’intention de changer notre route !
Juste après la frontière, nous roulons sur l’autoroute, totalement vide (on dirait qu’un seul camion passe la frontière toutes les 20 minutes), avant de rejoindre des routes plus sympa. Il y a un vent de malade, et même de la pluie, c’est pas facile ! Nous rencontrons deux allemands qui roulent dans le sens contraire au nôtre, puis nous arrivons tant bien que mal à Alexandroupoli, où nous nous arrêtons pour deux nuits, toujours à cause de cette météo capricieuse.
Il y a quand même selon nous un sacré avantage à notre arrivée en Grèce : la bouffe !! On est trop content de retrouver la bonne nourriture grecque, les salades délicieuses, les légumes, c’est un régal dès les premières bouchées 😁
Et aussi, à peine arrivés au premier village, on est plongé dans l’ambiance de Noël, qui n’existait quasiment pas du tout jusque-là ! Des crèches dans tous les villages, les sapins, les décorations, …
Le jour suivant, le temps est toujours menaçant mais nous préférons partir et avancer ! Et ça tombe bien car nous ne recevrons quasiment aucune goutte d’eau de toute la journée (probablement car on a enfilé nos Kway !) !
Un temps à peine menaçant !
En revanche, nous croisons à plusieurs reprises des routes bien abîmées, voire infranchissables, car submergées à la suite des précipitations importantes des derniers jours ! Ce sont des passages à gué, probablement à sec une bonne partie de l’année, mais nous tombons au mauvais moment ! Par chance, la première fois, un tracteur arrive au même moment, et nous fait monter sur sa “laboureuse” avec Steven pour traverser.
Mais ça ne peut pas marcher à chaque fois, et nous devons à deux reprises faire demi-tour un peu plus tard dans la journée. Nous longeons de nombreux champs de coton, également inondés.
Ça fait un sacré détour pour contourner tout ça
Au détour d’une petite route, nous croisons Mattys, un cycliste parti de Lyon, en direction de la Turquie. On en profite pour lui refiler nos dernières livres turques et notre carte SIM.
Il est ensuite l’heure de se chercher un endroit où dormir. On fait quelques courses rapides au passage, et le vendeur offre à Mathieu un sac rempli de cerneaux de noix… Presque un kilo ! Bon, c’est vraiment très gentil, mais ça va faire un peu beaucoup pour moi vu que Mathieu est allergique 😅
Au cours d’un dernier détour suite à une route immergée, nous pensons avoir trouvé un endroit pas mal pour planter notre tente, avec une belle vue sur le coucher de soleil.
Sauf que plus le temps passe, plus on se met à douter : cette crotte là, elle semble avoir plein de poils c’est bizarre non ? Oui et celle là-bas est assez spéciale aussi, non ? Bon, après quelques recherches sur internet, on voit qu’il y a potentiellement des loups et des ours dans le coin, et que ces excréments pourraient bien correspondre à ces animaux.
Humhum, on va peut être se trouver un autre endroit en fin de compte ! On redescend un peu en altitude, histoire d’être dans la plaine, et non plus à la lisière de la forêt, on trouve une bergerie abandonnée, et on s’y installe. Malgré les chiens qui aboient dans les villages voisins, on sera probablement bien mieux ici pour dormir !
La route et les paysages du lendemain évoluent doucement vers des paysages plus montagneux, et le temps meilleur. On tombe nez à nez avec une tortue !! En grands sauveurs que nous sommes, nous l’enlevons du milieu de la route pour la remettre derrière la glissière de sécurité, et espérons qu’elle ne décidera pas de retraverser !
Un peu plus loin, nous entendons ce petit « ting » caractéristique du rayon qui pète. Et quand on regarde notre roue arrière, il s’avère qu’il y en a même deux qui ont lâché !! Aie aie aie, la série noire continue 😨 On repère un magasin de vélo à une dizaine de km, et on s’y dirige doucement, mais à peine quelques mètres plus loin, voilà qu’un troisième casse. Là c’est franchement la débandade ! On décide alors que Mathieu roule seul jusqu’au magasin (comme ça la roue arrière est déchargée de tout mon poids…) et je le rejoins à pieds.
Par chance, il arrive à se rendre à bon port sans qu’un autre rayon ne casse, et moi, après même pas un kilomètre marché, une voiture s’arrête à mon niveau pour m’emmener. Trop facile !
Le mécanicien est très sympa, il nous répare notre roue, nous offre le café, et ne nous fait rien payer du tout !
Un grand merci à lui, et nous voilà prêt, pour rouler sans encombres jusqu’à Kavala, la capitale de la région de la Macédoine orientale.
Nous poursuivons notre route le lendemain, la montagne d’un côté, la mer de l’autre. Nous traversons des champs d’olivier, des vignes (certaines ont encore un peu de raisin, mais il est pas super bon). Nous croisons encore un couple de cyclistes français. Décidément, on a croisé tellement peu de monde en Turquie, à part bien sûr en Cappadoce, et ici, on croirait être sur une autoroute des cyclotouristes !! La géographie du coin fait que tout le monde passe au même endroit (comme un goulet d’étranglement) pour passer de la Grèce à la Turquie ou l’inverse. C’est malgré tout un peu frustrant de ne jamais être dans le même sens, et donc de ne pas partager un petit bout de chemin ensemble.
Au détour d’une route, nous tombons sur une énorme statue de lion, puis c’est la pluie qui nous tombe dessus. Heureusement, ce n’est qu’une rapide averse, et elle nous amène un magnifique arc-en-ciel.
Le lendemain, le temps est toujours maussade, on se croirait presque en Irlande parfois.
Lorsque la pluie se met à tomber, alors nous nous abritons dans une taverne. Quasiment tous les clients sont des hommes, le raki coule à flot. Alors qu’on s’apprêtait à partir, des musiciens débarquent, un guitariste, un chanteur et un clarinettiste. L’ambiance est bien vite réchauffée, tout le monde est content, certains chantent ! Le groupe passe de table en table, et le clarinettiste joue presque dans les oreilles des hommes ! On se dit d’une part qu’ils doivent tous être sourds, et d’autre part qu’ils ne craignent clairement pas le covid quand on voit les gouttes de bave qui sortent de la clarinette et qui tombent sur les épaules des clients !!! On reste encore un peu, et voilà que deux verres de vin, remplis à ras bords, arrivent devant nous : c’est un monsieur, au fond de la salle, qui a demandé au serveur de nous les apporter. C’est son propre vin. C’est très gentil de sa part, mais c’est pas vraiment bon 😅 Ce monsieur nous scrute, et nous devons donc garder bonne figure et tout boire, mais c’est un peu une épreuve. Surtout qu’on sait que juste après, on a une méga côte à gravir avant d’arriver à Thessalonique !
Nous finissons quand même par quitter la taverne pour retrouver le froid et le calme. La cote est aussi raide que prévue, mais en plus c’est un chemin de terre rocailleux, dans lequel on patine vu la pluie des derniers jours. On est donc contraint de pousser le vélo. Dur dur !
Le 1er décembre, nous quittons finalement Istanbul. Pendant une trentaine de km, nous longeons le bord de la mer de Marmara, avec une piste cyclable ! Il y a encore de grosses rafales de vent qui nous ralentissent, mais on se galvanise en se disant que finalement, contrairement à tout ce qu’on nous avait dit, c’est pas si difficile que ça de pédaler hors de la ville !
Quels naïfs nous sommes ! On finit par se retrouver sur une énorme route (2 x 4 voies), avec des voitures dans tous les sens, qui nous font clairement comprendre qu’ils passeront devant nous coûte que coûte, qu’on est plus petit qu’eux et qu’on aura jamais la priorité ! Voilà une journée qui finalement est bien stressante, fatigante, et qui fait monter les nerfs !
Une journée qui ne sera pas marquée par le charme de ses paysages.
Pour couronner le tout, nous avons de nouveau un rayon de la roue arrière qui casse. Du coup, alors qu’on aurait voulu s’éloigner un peu plus, nous faisons une pause forcée pour la soirée à Silivri. C’est un mal pour un bien, nous passons au magasin de vélo Mebikom où nous sommes très bien accueillis, à grands coups de thés. Le réparateur est super sympa, il nous offre même un tour de cou/tête chacun, et nous réinvite le lendemain matin pour le café.
Nos gentils réparateurs, et nos têtes couronnées de leur nouvel accessoire. Le proprio a sorti son béret exprès car nous sommes français !
Le lendemain, la route est moins stressante que la veille, le pire est probablement derrière nous. Par contre, il n’y a rien de bien intéressant à voir sur tout notre parcours, à part une chocolaterie ! On s’en achète une bonne petite quantité, dont on mange la moitié sur place, et les vendeurs nous en offre autant. Trop sympa !
Le soir, nous arrivons à Lülebürgaz, petite ville bien connue des cyclotouristes, pour son académie du vélo. C’est quoi ça ? La commune investit dans de grosses infrastructures pour rassembler les gens, notamment cet espace dédié au vélo. Ici, les habitants peuvent louer gratuitement un vélo, apprendre à en faire, parcourir les pistes et bosses… Une superbe initiative selon nous, mais malheureusement, il semblerait que toute l’organisation et la gestion de ce lieu repose sur une seule personne, Inanç, un jeune de 26 ans. On a un peu de mal à comprendre comment la commune peut investir autant dans des infrastructures puis ne pas mettre le personnel nécessaire pour faire fonctionner tout ça !
Sacré terrain de jeu !!
Il y a également dans la ville une académie de la nourriture, des sports, et des femmes (on se demande d’où viennent les fonds pour tout ça !). Dommage pour nous, Inanç n’aura pas le temps de nous les faire visiter.
Nous nous arrêtons ici quelques jours en raison du mauvais temps, et dans l’espoir qu’Inanç ait un peu de temps pour nous faire visiter ces différentes académies (dommage pour nous, ça ne sera finalement pas le cas). Oui car en plus d’essayer de fédérer les locaux autour du vélo, ils ont deux pièces pour loger les cyclotouristes ! Avec machine à laver et douche, ce qui est un grand luxe pour nous autres !
On a même l’occasion de tester des vélos de course, pour la première fois, ainsi qu’un drôle de dispositif qui permet de s’entraîner même quand il pleut (et c’est pas facile pour l’équilibre !!!).
Enfin, nous quittons Lülebürgaz, pour notre dernière étape en Turquie. Nous faisons la route vers Ipsala. Il n’y a toujours pas grand chose à voir, à part de nombreux chiens, et des chasseurs partout … à tel point qu’on enfile nos gilets jaunes pour la première fois ! La saison doit juste commencer car on n’en avait pas vu jusque là. Ils sont à la fois à travers la campagne, mais aussi beaucoup attablés dans les cafés des différents villages. D’ailleurs, il fait bien froid, et lorsqu’on s’attable à notre tour pour se réchauffer avec des thés, ce sont les gens de la table voisine qui règlent nos tasses. Nous aurons vraiment pu constater la générosité des turcs jusqu’au bout !
Nous arrivons en fin de journée à Ipsala, bien fatigués par cette journée qui est notre nouveau record de distance : 120 km !! On nous indique un hôtel sommaire pas cher du tout et on mange dans une cantine bien bonne, de quoi finir en beauté notre séjour en Turquie. Nous ressentons déjà un brin de nostalgie à l’idée de partir, et en même temps de l’excitation d’arriver en Grèce.
Le lendemain, c’est le grand jour ! On repasse en Europe !
Enfin… ça c’était le plan avant qu’on aille jeter un coup d’oeil sur internet aux formalités d’entrée en Grèce ! Il y a un formulaire à remplir en ligne minimum 24h avant de se présenter à la frontière (ce qu’on a pas fait), et il semblerait que le passage qu’on vise n’est ouvert qu’aux frontaliers et transporteurs de marchandises !!! Merde !!! Surtout que le seul autre point de passage pour aller en Grèce depuis la Turquie se trouve tout au nord, et il faudrait donc refaire tous les km d’hier en sens inverse. Et enfin, sur le papier à remplir, il faut préciser comment nous traversons la frontière terrestre : par bus, camion ou voiture, et préciser la plaque d’immatriculation. Nous voilà bien ennuyés !
Au final, comme on n’est qu’à 7 km de notre point de passage, on prend la décision de tester coûte que coûte, et advienne que pourra.
C’était la bonne décision. Après avoir remonté une bien longue file d’attente des camions, nous arrivons au poste turc, où nous passons sans souci. On traverse ensuite une rivière, avec des militaires bien armés sur le pont, et on arrive ensuite au poste grec. En fin de compte, c’est ouvert pour nous, et on peut remplir le formulaire sur place (“et vous avez qu’à mettre que vous passez en voiture avec votre numéro d’immatriculation en France”). Bingo, nous voici de retour dans l’UE !
Bye bye la Turquie !Welcome to Greece !On notera la différence architecturale des deux postes de frontière 😅