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Monténégro

Du lac de Skadar à Cetinje

Le lendemain matin, nous faisons également nos adieux à Martin, non sans émotion, et quittons la ferme. Nous nous arrêtons rapidement à l’épicerie du village pour écouler nos derniers leks avant de passer la frontière. La traversée est très rapide, les douaniers nous demandent si on a un test : non mais on est vacciné. Ah ok. Et ils nous laissent passer sans rien vérifier !

Rapidement, on commence à grimper une côte bien raide, et la pluie se joint à la partie. On s’arrête un peu en pensant que ça va passer, mais que nenni ! Plus qu’à enfiler les kways et continuer sous l’eau ! Amélie et Anthony nous avaient conseillé un resto panoramique sur la route, pas cher et super bon, c’est ce qui nous motive !! Et quelle déception, à notre arrivée, il est fermé😰 On comptait tellement dessus qu’on a quasiment rien à manger, et l’endroit est plutôt désertique ! On essaie de s’abriter tant bien que mal derrière un mur du resto, car non seulement il pleut, mais un vent à décorner les bœufs s’est levé et nous glace le sang, c’est l’enfer !! On mange vaillamment une boîte de sardines, et des biscuits que Mathieu a eu la clairvoyance d’acheter ce matin avec nos derniers leks.

On poursuit notre ascension et la pluie se calme un peu. Nous arrivons aux antennes qu’on voyait au loin lors de notre randonnée de la veille, et on voit également là où nous nous sommes promenés ! Quelle chance on a eu d’avoir beau temps hier pour profiter à fond de la vue !!

On redescend ensuite rapidement de l’autre côté et on s’arrête dans le premier village pour manger quelque chose d’un peu plus consistant ! Nous y croisons un franco-monténégrin qui nous invite pour le café et nous indique un bar où le patron a peut-être une solution pour nous héberger ce soir. Ni une ni deux, on s’y dirige, et on accepte avec grand plaisir la salle communale qu’il nous ouvre pour nous installer à l’abri des grosses rafales de vent. Dans son bar, on rencontre un homme qui semble content de parler anglais, qu’il avait appris lorsqu’il avait émigré aux USA. Au début, c’est sympa, mais c’est un vrai pilier de bar et sa discussion finit par tourner en boucle, toute en lourdeur et machisme. Du coup, on se retire dans notre abri de fortune !

On passe une bien bonne nuit, on a même eu trop chaud !

Nous reprenons notre chemin où nous l’avons laissé, et en prenons plein les yeux toute la journée. En fait, la totalité de notre parcours au Monténégro suit une route panoramique, et c’est absolument magnifique !! Elle est toute étroite, et quasiment personne ne roule dessus. Il ne pleut plus, heureusement, mais le soleil ne se montre pas avant la fin de la journée et le vent nous glace les os. Au maximum, il fait 6°, et on lutte toute la journée pour se réchauffer.

Autour de nous, c’est assez désertique, on ne croise que quelques rares habitations (et qui dit que les maisons sont encore habitées ?). Partout, de nombreux murets en pierres sèches ponctuent le paysage, on apprend qu’ils servaient à la fois à délimiter les parcelles, à parquer les troupeaux, et à lutter contre l’érosion. Le fil conducteur d’aujourd’hui et demain, c’est le lac Skadar (commun avec l’Albanie, le même qu’on avait vu lors de la randonnée), qu’on longe depuis hier et jusqu’à demain, et qui nous offre des tas de points de vue à couper le souffle. Il occupe une dépression karstique et est très peu profond (6 m en moyenne), à l’exception de crevasses ponctuelles.

Nous faisons une pause dans un pub le midi à Virpazar, et en profitons pour faire des courses (probablement le seul magasin qu’on va croiser entre hier matin et demain !). On se dégote ensuite un parfait endroit pour bivouaquer, en hauteur et avec une super vue sur les îles du lac Skadar. Il fait froid, mais c’est un froid sec, donc pour le moment, ça va. Au matin, le soleil se lève face à nous, quel plaisir de le retrouver !

Nous nous promenons à pied le long d’un ruisseau et de sa cascade, le tout dans un paysage bien karstique, et puis nous reprenons la route. 

Nous poursuivons sur la même route que la veille, le long de l’extrémité ouest du lac, qui nous offre des points de vue tous plus beaux les uns que les autres.

Notre point de chute ce soir est Cetinje, et si nous connaissons à peu près la distance qui nous en sépare, nous ne savons en revanche pas quel dénivelé nous attend. Comme on ne va rester que quelques jours au Monténégro, nous n’avons pas pris de carte sim et n’avons donc pas d’internet sur nos téléphones pour regarder tout ça. Et malheureusement, ça monte beaucoup plus que prévu !!! Et encore une fois, on n’a pas vraiment de stock de bouffe sur nous, à part des abricots secs achetés par miracle la veille. On en chie, on a l’impression que cette ville est toujours plus loin et plus haute, c’est bien dur. 

Quand enfin on y arrive, on est mort et on fait la sieste, tant pis pour les musées et autres choses à voir. En effet, cette ville a été la capitale du pays (avant Podgorica) entre 1878 et 1946, et on y trouve de beaux bâtiments qui abritaient anciennement les consulats étrangers, aujourd’hui reconvertis en musées pour la plupart (musée national du Monténégro, bibliothèque nationale, archives nationales, théâtre national …).

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Shkodër

Le lendemain, avant de quitter Tirana, nous sommes à la recherche d’un magasin de vélo car tout était fermé la veille. Après un 1er échec, nous arrivons devant la vitrine de « bike doctor », également fermée. Mais on est vraiment chanceux, car le mécano arrive à son magasin alors qu’il est en congé, il avait un vélo réparé à rendre à quelqu’un. Il accepte gentiment de nous aider, vérifie nos chaînes et nous change nos plaquettes de freins arrière (ce qui est vraiment important vu le dénivelé qui nous attend dans les prochains jours au Monténégro !!) 

Nous voilà prêts à repartir, pour la grosse journée qui s’annonce : 110 km ! Au début, nous empruntons des pistes cyclables. Mais rapidement elles disparaissent, pour laisser la place à des routes très chargées et bien bouchonnantes. Heureusement que la ville n’est pas très grande car ça nous prend une éternité pour faire 20 km là-dedans. Et c’est pas très compatible avec une grosse journée de plus de 100 km ça ! 

La route finit par être plus sympa, et nous rencontrons un couple de suisse, Aïlen et Yann, toujours dans la direction opposée à la nôtre. On papote un bon moment et puis il nous faut repartir, on a toujours notre grosse journée devant nous ! Alors qu’il nous reste une trentaine de kilomètres, nous rencontrons à nouveau un couple de cyclistes français, Amélie et Anthony, avec qui nous avons échangé récemment sur internet. Sacrée coïncidence, il se trouve qu’Amélie a été à l’école avec Carole, la cousine de Mathieu ! Le monde est petit !

Nous passons encore un bon moment à discuter ensemble, mais la nuit s’approche à grands pas, alors on se sépare. On fonce ensuite, car la journée est bien avancée, et on arrive de nuit à Shkodër.

Nous allons loger dans une “eco-social farm”, trouvée sur Warmshower. Cette ferme est gérée globalement par une association, dont Kastriot est le président, mais nous sommes accueillis sur place par Martin, un argentin bénévole ici depuis plus de 6 mois. S’ensuit une grosse pasta party au coin du feu, avant une grosse nuit : on est crevé !

Les jours suivants sont consacrés au repos. Le temps est maussade, il pleut, on en profite pour recharger nos batteries, bouquiner au coin du feu.

Nous essayons d’en apprendre plus sur le fonctionnement de la ferme. De ce que nous comprenons, l’association de Kastriot a pour but d’aider à la réinsertion de personnes en difficultés, et la ferme est l’un de leurs projets. Ici, nous croisons principalement deux personnes, un homme qui s’occupe des animaux (un âne, quelques oies, canards et moutons), et une femme, Maria, qui semble être en charge de faire à manger, faire le ménage, … 

En parallèle de cette activité agricole, des dortoirs ont été aménagés afin d’héberger les gens de passage dans le coin. De notre côté nous les avons trouvés sur Warmshower.

Nous profitons d’une éclaircie pour aller visiter Shkodër, surmontée par une grande forteresse. Lors d’une belle pause dans un bon restaurant traditionnel, nous rencontrons un couple de français, Ben et Anna, qui eux voyagent en camping car. Nous décidons de visiter ensemble le musée de la photo qui expose des clichés de la ville et des environs remontant au 19e siècle.

Un autre jour, nous partons nous promener dans l’après-midi, car Kastriot nous a parlé d’un village en ruines et d’une source, a priori pas très loin. On monte donc dans la montagne, et le chemin rétrécit petit à petit, jusqu’à ne laisser plus que la largeur d’une personne, le tout envahi de ronces. On dirait pas franchement que quelqu’un est venu par ici récemment ! Mais nous on est coriace et on s’y enfonce. Le problème, c’est que plus on avance, plus c’est dense, plus l’heure tourne ! Mais à chaque fois on se dit que c’est trop tard pour faire demi-tour maintenant…. Bref, c’est la galère, il commence à faire sombre, mais bon, on finit par enfin s’extirper des ronces et à retrouver notre chemin initial. C’était franchement pas la balade du siècle, arrivés aux ruines il faisait déjà trop sombre pour voir quelque chose ^^ Tant pis, on se dépêche de redescendre, hésitant par-ci par-là sur la route à suivre, et on arrive dans la nuit noire. Pas une réussite cette expédition !

On prolonge un peu notre séjour sur place, car Kastriot et Martin nous parlent d’une fête qui va avoir lieu ici le week-end. En effet, Kastriot est aussi membre d’une association de randonnée, et une fois par an, plusieurs associations se rejoignent pour faire la fête et une balade tous ensemble. Cette année, c’est à Shkodër que ça se passe, et des groupes vont venir du Kosovo et de Macédoine du Nord ! Au total 70 personnes à nourrir et la moitié à loger. Pour ça, notre aide sera appréciée, et on a hâte de voir ce que ça va être !

On commence la veille par faire de la place dans la grande salle commune, sortir les canapés et rentrer des tables, faire du ménage, faire les lits. Martin est un peu stressé, car il est invité ce soir par Kastriot à manger et dormir en-dehors de la ferme et ils ne rentreront que demain dans la matinée, ce qui ne leur laissera pas trop de temps pour continuer de tout préparer !

De notre côté, on reste à la ferme ce soir, et on a la mission d’accueillir un couple de cyclistes français qui viennent dormir là ce soir, des warmshowers comme nous. Nous rencontrons donc Baptiste et Orane, qui sont des adeptes de la grimpe et qui trimbalent tout leur matos d’escalade !! Leurs vélos sont super lourds 😅 Nous passons une bien bonne soirée ensemble, et le lendemain au petit dèj ils nous font goûter une trouvaille du Monténégro : du café de gland ! Étonnant mais plutôt bon ! Apparemment ils ont aussi trouvé de la farine de gland là-bas, et on ne savait pas que ça existait !

Nos deux amis partent dans la matinée, et nous on s’étonne de ne pas voir Martin et Kastriot revenir, surtout qu’on pensait être super occupés toute la journée. En même temps, la météo est pourrie, alors on en vient presque à se dire que la fête est annulée !

Mais finalement, à 13h, ils débarquent et là, plus question de rigoler, c’est le branle-bas de combat !! Mathieu et moi épluchons 20 kg de patates 😱Puis il faut dresser les tables, et on sent que Kastriot se met la pression et veut vraiment bien faire les choses (c’est à la bonne franquette, mais pas tout à fait quoi) : on sort la vaisselle des placards, il faut vérifier que tout est bien propre, mettre le couvert en emballant les couverts dans les serviettes en papier (comme partout dans les restos ici), remettre le couvert parce que j’ai renversé une cruche sur la nappe en papier …

Et les premiers convives arrivent plus tôt que prévu ! On continue de s’affairer autour d’eux et pour eux, il faut vite leur retirer la carafe de vin et celle de raki car eux sont musulmans, faire du café, trouver le sucre (merde, on n’a pas de sucre – Maria, va acheter du sucre s’il te plaît !). Entre temps, tout le monde est arrivé, et nous on reste caché en cuisine. On travaille à la chaîne avec Martin, Maria et Gjoni, un ami de Kastriot venu l’aider.

On s’entend bien tous les quatre, Gjoni, qui est albanais et italien met l’ambiance et on enchaîne le dressage des plats, pour que tout puisse sortir quasiment en même temps. C’est la course ! Tout va très vite, et on peut enfin grignoter un peu de notre côté une fois que les desserts sont servis. Fiou !! Par contre, grosse désillusion, il ne reste pas une miette des patates qu’on avait préparées et qui avaient l’air si bonnes…

Ensuite, ça y est, on est libre d’aller dans la salle avec tout le monde et de profiter de la soirée. Et quelle soirée !! On nous dira souvent que c’est comme si on assistait à un mariage albanais. Il y a de la musique live, tout le monde chante à tue-tête les chants traditionnels, on découvre que peu importe qu’ils soient du Kosovo, de Macédoine ou d’Albanie, ces gens se revendiquent tous albanais et partagent les mêmes musiques et chansons traditionnelles. C’est très fort et émouvant de les voir à ce point “communier”. On s’essaie avec plus ou moins de succès à la danse traditionnelle, mais toujours avec de la bonne volonté !

Par moments ça nous rappelle le mariage d’Amal et Alejandro au Maroc, au niveau des manières de danser des femmes, ou bien lorsque tout le monde danse en agitant un drapeau albanais.

Nous passons une super soirée, dont on se souviendra longtemps. Tout le monde est heureux, enjoué, les jeunes dansent avec les vieux, et le covid, ma foi, eh bien il n’existe pas, et c’est tant mieux !!

Le lendemain, le réveil sonne à 7h, et il faut être prêt à 8h pour la rando ! Nous partons à l’assaut de la montagne qui surplombe la ferme, et visons les grosses antennes à son sommet. Si le temps de la veille était très pluvieux, on a le droit aujourd’hui à de belles éclaircies, c’est très beau !

En chemin, nous avons l’occasion de faire plus ample connaissance avec les personnes présentes, et notamment Rinesa et Shpat, deux jeunes kosovars de 18 et 20 ans. Nous en apprenons plus sur leur pays, et ils nous parlent notamment de leur sentiment d’isolation lié à leur passeport qui ne leur ouvre quasiment aucune frontière, étant donné que leur état n’est que très peu reconnu officiellement.

La bonne humeur règne toujours sur le groupe, tout le monde est très gentil, blagueur, la balade est ponctuée par des pauses chantées, quelle bonne ambiance !

Du sommet, nous voyons le Monténégro qui n’est qu’à 2 km à vol d’oiseau, et la route que nous emprunterons lorsque nous quitterons l’Albanie. La descente est bien raide et me laissera de bonnes courbatures pour les prochains jours.

En bas, c’est l’heure de dire aurevoir à tout ce monde, chacun reprenant la route de son pays. Même si nous ne connaissons ces personnes que depuis peu de temps, nous avons passé un très beau week-end et la séparation est émouvante. C’est toujours difficile quand nous rencontrons de belles personnes sur notre parcours, car nous savons que très probablement, nous ne nous reverrons jamais.

De retour à la ferme, nous savourons le calme avec Martin devant la cheminée.

Le lendemain matin, nous faisons également nos adieux à Martin, non sans émotion, et quittons la ferme. Nous nous arrêtons rapidement à l’épicerie du village pour écouler nos derniers leks avant de passer la frontière.

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Tirana

Nous quittons la ville de Fier, nous sommes le 31 décembre. On espérait atteindre Tirana ce soir, pour y passer le réveillon, mais c’est un peu trop ambitieux et nous ne ferons pas ces quelques 110 km. On s’arrête à Dürres, une ville balnéaire sans trop d’intérêt (défiguration de la côte en cours avec la construction d’innombrables complexes hôteliers), mais où nous avons trouvé un petit appart. 

Nous nous lançons dans la préparation de crêpes (il faut bien rentabiliser notre poêle 😂) et au moment de les cuire, voilà que la bouteille de gaz de la cuisinière est vide 😱 Par chance le proprio en a d’autres de rechange et nous pouvons reprendre. 

Comme on est bien fatigué, et qu’on n’a pas vraiment de projet pour faire la fête ce soir, on se couche à 23h 😅

On dormait bien, jusqu’à être réveillé par une grosse pétarade : on sort sur le balcon et on voit des feux d’artifice exploser dans tous les sens, dans toutes les rues, c’est fou !! 

Bonne année !

Le lendemain, il ne nous reste que 40 km à rouler pour atteindre Tirana, et la route se passe plutôt bien. Il y a bien de la circulation, mais l’arrivée dans la capitale est moins stressante que d’autres grandes villes. 

Comme on est le 1er janvier, tous les commerces, tous les restons sont fermés. On peine à trouver de quoi manger et on finit par se contenter de toasts au pain de mie dans un café. 

Nous posons nos affaires à l’auberge de jeunesse et repartons nous promener. Direction la place Skanderbeg (héros national albanais reconnu pour avoir tenu tête à l’empire ottoman), la place principale de la ville. Elle est très animée, la vue est complètement hétéroclite, on aime beaucoup ! Se côtoient ici une mosquée, une église, un grand sapin et une foire de Noël, des immenses buildings modernes en construction, des vieux immeubles délabrés… c’est très intéressant, très vivant. 

Le soir, on cherche à nouveau en vain un endroit où manger, et on finit par tomber sur une pizzeria, qui semble être le seul établissement ouvert !!

Le lendemain, nous nous éloignons un peu du centre ville pour aller visiter le « bunk’art 1« , un musée retraçant l’histoire récente de l’Albanie, installé dans l’un des plus gros bunkers anti-atomique construit par Enver Hoxha. Il s’étend sur 5 étages souterrains, 106 pièces, dont une salle de congrès.

Pleins de détails ici (en anglais).

Nous profitons ensuite du beau temps pour nous promener à vélo, on apprécie les nombreuses façades colorées, et on fait le tour d’un grand lac artificiel au sud de la ville, puis nous allons dans un bar à raki bien connu. 

Contrairement à ce qu’on aurait pensé, il y a pas mal de pistes cyclables dans le centre de Tirana !

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Col de Llogara

Après 4 jours d’arrêt, voilà une petite fenêtre de temps moins mauvais qui s’annonce. Ça tombe bien car on commence à vraiment tourner en rond dans cet appart, alors c’est reparti ! 

Nous longeons la côte méditerranéenne. Quel plaisir de voir la vue, les criques, la mer. Alors que nous faisons une petite pause photo, un grognement sourd nous fait sursauter. Dans nos têtes, on imagine un énorme chien (voire un ours mais ça c’est clairement le fruit de notre imagination !!) et on se retourne avec appréhension… Fausse alerte ! C’est un cochon !

À midi, nous croisons deux couples de cyclistes et pique niquons tous ensemble. Deux sont allemands, deux chiliens. Nous discutons de l’énorme côté qui nous attend juste après, et demain, et la chilienne nous dit bravement : « I would love to tell you something nice but honestly, I cried » . OK ca donne envie 😅

Nous nous séparons et ça commence juste après : une montée très raide, le long d’un ravin. Le tout dans l’ombre, avec de nombreuses stèles funéraires en bord de route, en l’hommage des victimes d’accidents. Et on peut dire qu’il y en a vraiment beaucoup ! Parfois même avec tellement de noms dessus qu’on devine que c’était un bus. 

De notre côté pas de risque d’accident, on pousse le vélo tellement la côte est raide. Mais on a largement l’occasion de voir la vitesse à laquelle les gens roulent, et c’est effrayant. 

De l’autre côté, petite descente de nouveau bien raide, mais on s’arrête vite car la nuit est presque tombée. A l’arrache, on s’engage sur une petite route et on s’installe au bord pour camper. On y sera probablement bien, il y a presque pas de passage. 

Presque, car voilà qu’une voiture arrive, et ils nous ont repéré alors même qu’on avait éteint nos lampes en les apercevant. Et bien sûr… c’est la police ! Bon heureusement ils ne nous délogent pas et nous souhaitent une bonne nuit. Autant dire qu’à 5 minutes près ils seraient tombés sur nous en tenue d’adam en pleine douche froide 😂

Le lendemain, le temps est à nouveau menaçant, et alors que nous venons juste d’entamer la fameuse énorme montée pour franchir le col de Llogara, voilà qu’il se met à pleuvoir à grosses gouttes. 

Par chance, nous sommes à côté d’une cabane ou un monsieur coupé du bois. Il nous autorise à nous abriter sous son auvent, puis nous invite même à l’intérieur, pour nous réchauffer auprès du poêle. Mathieu n’a pas le choix, il doit boire du raki, tandis que moi il m’offre gentiment du café. Nous sommes rejoints par le frère de ce monsieur, et voilà la deuxième tournée de raki ! 

C’est marrant, ici les gens se déplacent avec leur raki dans leur bouteille en plastique. Ainsi, chacun des deux frères se servent de leur raki. Et on verra souvent ça en Albanie. A tel point d’ailleurs qu’à deux reprises, des gens croiront que c’est du raki dans notre bouteille qui fait office de gourde 😅

Nos deux nouveaux amis nous invitent aussi à tremper des quartiers de pommes dans du miel fait par leurs soins. Nous passons un bon moment en leur compagnie, malgré la barrière de la langue. Par contre, ce raki ne va certainement pas booster les capacités de Mathieu pour la grosse montée ! 

Grosse montée que nous reprenons lorsque la pluie se calme. Il s’agit de presque 1000m de dénivelé positif, dont les trois quarts sont à franchir lors de trois énormes épingles à cheveux. C’est bien raide, et on pousse le vélo sur la moitié du chemin. Et surprise, on casse de nouveau un rayon ! Ça tombe bien mal mais pas le choix, on poursuit. 

On ne voit pas une miette de la vue sur la mer car on est dans les nuages. Parfois un brouillard très dense, où on ne voit rien à 20m, parfois de la brume qui masque partiellement la vue et sonne un caractère bien mystérieux au paysage. Dans tous les cas, c’est super beau ! 

En haut, il y a bien évidemment un resto panoramique. Probablement un attrapé touriste, et puis il n’y a pas de vue avec la brume, mais on s’en fout, on a la dalle et on s’attable. Les frites sont d’ailleurs délicieuses. Est-ce parce que ça fait longtemps qu’on en a pas mangé, parce qu’on a super faim après cet effort, ou simplement qu’elles sont vraiment bonnes ? Aucune idée mais on se régale. Et dehors c’est de nouveau le déluge, on est arrivé pile à temps. 

On attend jusqu’à ce que ça se calme et on repart, de l’autre côté, la descente est tout aussi raide, mais la route bien abîmée, alors on n’en profite pas autant qu’on l’aurait pensé ! 

Nous finissons par retrouver la côte, et le soleil fait son unique coucou de la journée : un beau couché de soleil rosé.

On finit cette énorme journée de nuit, pour arriver à Vlorë où nous dormons à l’auberge de jeunesse. Et pas de chance, nous en serons les seuls locataires, donc pas de rencontre pour ce soir. Mais au final, on est tellement fatigué que ça tombe presque bien ! Il n’y a pas de chauffage et on se les pèle. Tant pis !

Le lendemain, nous quittons vite cet endroit et recherchons un magasin de vélo. Le premier qu’on trouve est un tout petit atelier, on dirait presque un monsieur qui bricole dans son garage. Il n’arrive pas à desserrer une vis qui retient le disque de la roue arrière, malgré des coups de marteau assène dessus 😱😭, donc impossible de réparer notre roue. 

On va donc au deuxième (et dernier) magasin, où pareil, le technicien rencontre de belles difficultés. A nouveau, les coups de marteau n’y font rien, alors il emploie les grands moyens : un coup de disqueuse dans la vis 😱😱😱 ça a même entamé notre disque, aie aie aie ! On se dit que des fois, il faudrait mieux ne pas regarder quand les gens réparent notre vélo car ça fait mal au cœur ^^

Nous quittons la ville de Vlores en début d’après midi, la route est inintéressante, totalement défoncée et on a un gros vent de face : la motivation est au plus bas. On arrive péniblement à Fier et on décide de s’y arrêter, après seulement 40 km.

Au centre ville, on tombe sur un marché de dindons !! Il y en a des dizaines et des dizaines, par terre, accrochés par leurs pattes. Ils semblent plutôt amorphes. On se demande si c’est tout le temps comme ça ou si c’est spécialement car on est pendant les fêtes de fin d’année ! En tout cas maintenant on comprend pourquoi on a croisé plusieurs fois dans la journée des gens à vélo avec soit un dindon sur le porte bagage, soit carrément porté par les pied à bout de bras ! 

Les façades colorées des immeubles, le linge qui sèche aux fenêtres et la lumière du soleil qui se couche nous donnent un agréable tableau d’une ville bien vivante.

Petit point historique sur l’Albanie et ses bunkers : Enver Hoxha devient le dictateur communiste de l’Albanie à la fin de la seconde guerre mondiale (il est élu à 93% – il a fait en sorte que son parti soit le seul autorisé à se présenter, et le vote a été réalisé au moyen de boules de couleurs car près de 80% de la population était analphabète à ce moment-là). Dans un premier temps, en grand admirateur de Staline, il suit le régime de l’URSS avant de s’en détacher et de quitter le pacte de Varsovie en 1968 (suite aux réformes entreprises par Krouchtchev) pour adopter la doctrine maoïste de Chine. Il rompt ensuite également avec ce régime après la visite de Nixon en Chine en 1972 et à la mort de Mao. Le régime d’Enver Hoxha se retrouve alors isolé et le dictateur vit dans la crainte d’une attaque soit de ces régimes, soit de la Yougoslavie soit de l’OTAN.

C’est dans ces conditions qu’il se met à « bunkeriser » le pays : plus de 170 000 bunkers sont construits entre 1968 et 1985, année de la mort du dictateur. Ils sont depuis laissés en l’état et n’ont jamais été utilisés dans les conditions imaginées par Hoxha. On en a croisé sur notre route en Albanie tous les jours.

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Sarandë

Le jour suivant, nous quittons cette belle famille, et prenons la direction de Sarandë. Cette ville est sur la côte et nous avons donc une belle barre rocheuse à franchir avant d’y arriver. 

Lorsque nous entamons notre ascension, une vieille dame nous offre des clémentines, elles sont délicieuses. D’ailleurs, on voit des orangers, citronniers et clémentiniers (?) partout en Albanie, tous gorgés de fruits ! 

Nous roulons donc tranquillement le long d’une petite route bien sympa. Souvent on entend les clochettes de troupeaux, mais il est difficile de les repérer la plupart du temps, les bêtes se confondent bien avec le paysage rocailleux. 

Nous franchissons le col avec plaisir, pour entamer la descente de l’autre côté. Quel étonnement quand nous voyons arriver face à nous un bus jaune et bleu transisère !!! Ça alors ! Leur envoie-t-on nos bus quand on en veut plus ?! Quelques jours plus tard, on croisera aussi un bus RATP. Très étrange tout ça. 

M’enfin bref nous continuons notre route et faisons un arrêt au site « blue eye » : une source d’eau qui bouillonne, et se poursuit en rivière, l’eau est totalement claire, bleue turquoise et verte, avec des arbres au milieu, c’est beau! Il y a plusieurs resto les pieds dans l’eau, tous fermés mais qui laissent présager du business touristique estival. Bien content d’être là en cette période. 

étonnant spectacle que l’eau qui jaillit de ce trou !

Nous repartons en direction de Sarandë. Sur la fin la route est longue, surtout quand on découvre que la ville est derrière une nouvelle montagne !

On y arrive bien fatigué, mais on découvre avec plaisir le super appart qu’on a loué pour les prochains jours qui s’annoncent pluvieux. Deux fois plus grand que notre ancien appart à Paris, belle cuisine, canap, le tout pour la modique somme de 10€ 😱

Nous nous reposons donc ici les jours suivants, dans l’attente de jours meilleurs. Il pleut à verse, c’est l’enfer. 

Et puis c’est Noël, alors nous en profitons pour nous cuisiner de bonnes choses… une quiche de Noël !!! 😅 Pas très élaboré mais ça fait tellement longtemps qu’on n’en a pas mangé qu’on est aux anges. Le tout arrosé d’un petit verre de rouge et c’est parfait ! 

On profite aussi de la cuisine pour nous faire des crêpes. Mais le problème c’est que la poêle de l’appart a accroché à mort, alors on décide de s’en acheter une. Choix étrange, mais nous finirons donc notre voyage avec une poêle dans les sacoches ! L’occasion de se refaire des crêpes dès que l’occasion se présentera 😋

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Gjirokastër

Nous roulons sur la dernière portion grecque de notre itinéraire, au travers de belles collines boisées. 

Arrivés à la frontière, nous remontons la longue file de camions et voitures, et arrivons au guichet albanais. Ici, personne n’a de masque, et personne ne nous demande ni vaccin, ni test. Un peu deg de s’être fait triturer le nez pour rien ! 

Mais bon, nous voici en Albanie !! 

Deux choix s’offrent à nous, soit on campe quelque part dans le coin, soit on pousse jusqu’à Gjirokastër. Dans le premier cas, il faut chercher dès à présent car on a encore perdu une heure de soleil, dans le second, il faut puiser dans nos ressources pour parcourir encore 30 km… pour une distance totale de 105 km. Mais à Gjirokastër, Camille et Antoine nous ont conseillé d’aller dans une taverne tenue par une famille qui aime les cyclistes et les invitent à dormir dans le resto. 

On se décide pour la deuxième option, et on fonce. On traverse une immense plaine, cernée par deux grosses chaînes de montagnes, à toute vitesse, car la nuit tombe vite. 

Quand la ville se profile enfin devant nous, perchée sur le flanc de la montagne, on la trouve très belle …

Mais on déchante un peu. Il fait nuit, on a une énorme journée dans les pattes… et la taverne est tout en haut de la ville !! Les ruelles sont très étroites, littéralement défoncées, et d’une raideur sans précédent. On pousse le tandem dans les dédales, il nous semble peser un âne mort. 

Mais au bout, nous sommes récompensés : Xhuliano et ses parents nous accueillent chaleureusement. Ils nous installent devant le poêle et nous servent de délicieuses aubergines farcies et moussaka, accompagnées d’une bière albanaise. On se régale, et on est plongé dans la culture albanaise : la musique traditionnelle tourne en boucle à la télé. On nous sert aussi un verre de raki, l’eau de vie locale. Ça, ça ne nous enchante pas plus que ça en revanche ^^

Pour la suite de la lecture, écoutez cette musique pour vous mettre dans l’ambiance !! En prime, la vidéo est tournée à Gjirokastër.

https://www.youtube.com/watch?v=qFDnHA-rZos&ab_channel=AngjelProAlbania1OfficialChannel

Xhuliano nous propose de nous montrer rapidement le centre ville. Nous embarquons dans sa twingo, montons tout en haut de la ville déposer son frère dans leur maison, et redescendons dans le centre. Tout ça semble normal à lire. Mais il faut imaginer un véritable rallye. Xhuliano roule comme un malade, dans ces mini ruelles étroites, sinueuses, raides et défoncées, de nuit, la musique à fond. Il nous assure qu’on a pas besoin de mettre notre ceinture car seul le conducteur est obligé d’en avoir une. Nous on a cru que notre dernière heure était arrivée ce soir, c’est bien noté, on ne remontera plus dans sa voiture 😳😳

Pour nous, la soirée est très très longue, car on est crevé de ces derniers jours. Mais bien sûr avant de dormir il faut attendre que le resto ferme… à 23h, nous sommes « enfin » seuls et nous écroulons.

Le lendemain, nous nous promenons dans la ville. Il fait un froid de canard, ce versant de la montagne étant à l’ombre une bonne partie de la matinée ! Nous visitons la forteresse de la ville, et le centre historique, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Gjirokastër est la ville natale du dictateur communiste Enver Hoxha.

De retour à l’auberge le soir, nous sommes plus en forme que la veille pour apprécier l’ambiance. La musique traditionnelle tourne toujours en boucle, et on finit par avoir l’impression que toutes Les chansons sont identiques 😅

https://www.youtube.com/watch?v=SgOQk0Z4gRQ&ab_channel=GenciMalaj

Le jour suivant, nous quittons cette belle famille, et prenons la direction de Sarandë. Un grand merci à eux !!

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Des Météores à l’Albanie

Nous quittons les Météores et poursuivons notre route vers l’Albanie. Sur le chemin, une dame nous offre des clémentines. De bonnes vitamines pour affronter les grosses montagnes qui se dressent devant nous et vont occuper nos deux prochaines journées ! Un col à 1700 m d’altitude se profile pour demain.

Nous entamons donc la montée, et avalons 800 m de dénivelé en 26 km, ce qui est franchement intense ! Que de la montée tout le long. Il fait plutôt frais au fur et à mesure qu’on monte. Nous nous arrêtons vers 15 h près d’une petite chapelle pour faire une pause, et apercevons au loin d’eux cyclistes, arrivant dans l’autre sens. Voici donc Susie et Sébastien, avec qui nous papotons avec entrain. Au bout d’un moment, plutôt que de rester dehors à se geler, on décide de s’installer dans la chapelle pour se réchauffer. Et de fil en aiguille, pourquoi ne pas rester ici pour la nuit ?

On ne tergiverse pas longtemps, on sera bien mieux ici que dehors, surtout que le vent s’est levé, et que le thermomètre ne fait que chuter ! Il y a même une table et des chaises alors nous nous installons « comme à la maison ». Susie et Sébastien nous apprennent qu’il y a toujours des poubelles pour les cierges dans les églises orthodoxes ici (il semblerait que les gens brûlent énormément de bougies, d’ailleurs il y a des hottes d’aspiration au-dessus des emplacements pour les bougies !). Du coup on se sert dans ces poubelles et on s’éclaire avec ces bougies, qui ne sont quasiment pas consommées (étrange).

Nous faisons un bon repas tous ensemble et passons une belle soirée, ça fait très plaisir de partager du temps avec d’autres cyclistes ! On finit par monter nos tentes et se coucher.

Le lendemain, le réveil sonne tôt car bien sûr nous voulons avoir tout rangé avant qu’un éventuel visiteur nous surprenne ici ! Le timing est plus que parfait, à peine avons nous sorti nos affaires qu’une voiture apparaît au bout du chemin. Ni vu ni connu !

Quelle sage décision que d’avoir dormi dans l’église ! Dehors, il a fait -7°, avec un vent de folie, l’eau de la fontaine est gelée ! Et à l’intérieur, eh bien on a pas eu si chaud que ça 😅

Nous reprenons chacun la route de notre côté après ces chouettes moments passés ensemble. Grâce à Susie et Sébastien, nous modifions notre itinéraire. En effet, la route qui mène au col à 1700m est fermée et non déneigée, ils s’y sont heurtés la veille et ont dû rebrousser chemin (après avoir notamment vu des empreintes fraîches d’ours dans la neige !!!). Nous n’atteindrons donc qu’un col à 1500m pour notre part.

Au fur et à mesure que nous le gravissons, la neige fait son apparition sur les côtés de la route. C’est marrant d’être au milieu de la neige en tee shirt car on sue dans cette grande montée ! Par contre, dès qu’on s’arrête, le froid nous rattrape en deux secondes ! Il nous faut aussi faire attention dans les passages ombragés, car le verglas est un peu de la partie.

Nous ne croisons qu’un tout petit village, et comme on est dimanche, la supérette est fermée. Heureusement il y a un mini resto ouvert, tenu par une vieille dame. Elle nous sert deux énormes cotes de porc qu’on dévore à grandes bouchées. On a tellement faim, on mange même le gras ! On est collé à son poêle et malgré ça, il fait encore bien froid (14° selon notre compteur !).

Nous repartons ensuite et gravissons les derniers kilomètres qui nous séparent du col. On ne s’y attarde pas, ça souffle là-haut ! On remet toutes nos couches pour attaquer la descente, qui va nous glacer le sang.

En chemin, nous rencontrons à nouveau deux cyclotouristes, Camille et Antoine. Décidément !! Cette fois on est bien trop haut pour envisager de passer la nuit ici, donc on se sépare vite, non sans s’être échangé quelques bons plans.

Finalement, nous arrivons enfin à Metsovo, et nous arrêtons au chaud dans un hôtel dans ce petit village de montagne bien charmant.

Au petit matin, on nous sert un méga petit déjeuner à l’hôtel familial, on s’en met plein la panse et ça fait du bien !

Aujourd’hui, on redescend tout ce qu’on a monté les deux jours précédent, comprendre donc, on va se les peler sévère !! Par chance la route est globalement au soleil, donc ça limite un peu les hostilités.

Nous pique-niquons rapidement au soleil et repartons pour un peu de montée (que de relief par ici !). Arrivés au sommet, il ne nous reste plus qu’à descendre de l’autre côté pour atteindre Ioannina… mais on tombe sur une église un peu à l’écart de la route…. Ne sachant pas où nous allons dormir ce soir, ça nous paraît plutôt alléchant ! L’église en elle même est fermée, mais « l’antichambre » est ouverte, et de petit volume, ce qui nous semble vraiment bien !

Deux trois personnes passent pour poser des fleurs au cimetières, mais ne semblent pas vraiment s’intéresser à nous et c’est tant mieux. À la nuit tombée, on se fait une mini douche éclair à l’eau glacée de la fontaine, on mange et on se couche.

Nous sommes moins haut que la dernière fois et avons moins froid que la dernière fois. Au matin, les lumières du soleil levant sur les montagnes enneigées sont superbes !

Nous reprenons tôt la route vers Ioannina. Le soleil brille, on descend fort, avec un panorama sur le lac et la ville à couper le souffle. Des nuages sont en suspension au-dessus de l’eau, c’est magnifique.

En ville à Ioannina, nous nous promenons rapidement, mais faisons surtout un arrêt pour faire un test antigénique, pour passer la frontière. Négatif, yes !

Nous roulons sur la dernière portion grecque de notre itinéraire, au travers de belles collines boisées.

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Les Météores

Après une bonne nuit de repos, nous voilà prêts à découvrir ces fameuses Météores ! Aujourd’hui, Steven reste à la maison, et nous partons à pieds au travers de ces imposants pitons rocheux (600 m d’altitude pour le plus haut), surmontés de monastères.

Ces monastères et couvents ont été construits aux 14 et 15e siècles, et 6 sont encore en activité. Avant leur construction, il y avait déjà des activités monastiques recensées au 11e siècle, mais les moines étaient installés dans les cavités naturelles de la roche.

Comme en Turquie, les femmes doivent se couvrir pour entrer dans ces lieux sacrés. Sauf que là, ce n’est pas la tête, mais les jambes. Oui, il faut mettre une espèce de foulard en jupe par-dessus le pantalon. Mais pourquoi ?

Le plus impressionnant dans ces édifices, ce sont bien sûr les églises, entièrement recouvertes de fresques peintes, où on voit notamment à chaque fois les supplices des saints, avec d’innombrables scènes de torture (têtes coupées, flagellation, écartèlement, …). Il y a aussi beaucoup d’icônes, que les visiteurs orthodoxes embrassent une à une (pas de covid dans la maison de dieu apparemment !).

A chaque monastère, on voit de belles terrasses, de beaux jardins, et une vue imprenable sur la vallée. C’est très chouette.

Nous restons presque deux jours dans ce magnifique décors, histoire de bien prendre le temps pour visiter les monastères (qui ferment à 15h, voire 14h pour certains !).

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De Katerini à Kalambaka

Nous quittons Katerini et entamons les deux journées intenses à venir : nous allons traverser la chaîne du Mont Olympe (bien sûr on ne va pas monter aussi haut que son sommet, le toit de la Grèce, qui culmine à 2917 m de hauteur). Nous avons prévu d’emprunter une petite route qui mène à la petite ville d’Elassona, car nous avons envoyé une requête à un hôte warmshower qui y vit, requête restée sans réponse jusqu’à présent.

Nous commençons bien vite notre ascension, et nous voyons la neige des derniers jours se rapprocher petit à petit. La brume qu’on voyait depuis le bas se rapproche pas mal aussi, et on a du mal à savoir si elle est en train de se dissiper ou bien de s’installer (au final, elle s’est plutôt bien installée !).

Le froid se fait bien sentir, et nous essayons de nous abriter à l’entrée d’une église (fermée) pour manger un peu de brioche et reprendre des forces. Plus tard, nous faisons une pause au chaud pour un café, qu’encore une fois des petits vieux paient pour nous.

En fin de journée, il nous faut nous rendre à l’évidence, nous n’avons toujours pas de nouvelle du warmshower, ça ne sera donc pas ce soir que nous allons pouvoir profiter de nouveau de ce réseau (dire que ça fait depuis la Finlande qu’on n’a pas eu soit de réponse positive, soit de réponse tout court !). Un peu avant Elassona, nous tombons sur un endroit qui nous semble assez bien pour camper. En plus, un passant nous file deux bouteilles d’eau. Nous sommes donc prêts pour nous installer ici, et allumons un grand feu pour nous réchauffer.

L’endroit se trouve à la croisée de deux routes, avec un beau point de vue sur les montagnes autour. La seule ombre au tableau, ce sont les nombreux déchets qui jonchent le sol, comme souvent malheureusement dans ce pays.

Au réveil le lendemain, nous avons la joie de voir le mont Olympe entièrement découvert, tout blanc de neige. C’est super beau !

Nous empruntons aujourd’hui de toutes petites routes bien isolées, ainsi que pas mal de chemins de terre. Nous passons quelques rares fermes (avec toujours beaucoup de chiens !), et de beaux troupeaux de vaches et chèvres en semi liberté. Pour le coup, il fait grand beau aujourd’hui.

Le fort dénivelé gravi dans la journée se fait bien sentir en fin de journée, et on arrive exténués à Kalambaka ! Il fait déjà presque nuit, nous n’apercevons donc pas les Météores aujourd’hui.

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Thessalonique

A notre arrivée à Thessalonique, nous nous posons très rapidement dans l’auberge de jeunesse, avant de ressortir : nous rencontrons ce soir Calliope, une cycliste grecque originaire d’ici, mais qui vit à Brighton. Nous l’avons contactée via Warmshower, et bien qu’elle ne puisse nous héberger chez ses parents, elle nous a proposé de passer la soirée ensemble. Il y a également un autre couple de cyclotouristes de passage, originaires de Suisse.

Nous passons un agréable moment tous ensemble, autour d’un bon vin rouge et de fromages grecs, chacun racontant ses anecdotes de voyage.

Le lendemain, nous nous promenons à vélo le long du bord de mer de la ville, et nous tombons nez à nez avec Calliope ! Sacré hasard que de croiser l’unique personne qu’on connaît ici, dans cette ville qui est la deuxième plus grande de Grèce !

Nous montons au sommet de la tour blanche (vestige des fortifications vénitiennes du 15e siècle), visitons le musée archéologique, l’église byzantine Sainte Sophie, les marchés, … Il faut jongler avec les horaires car l’hiver, les musées ferment autour de 15h, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour les visiter !

Un soir, nous nous faisons un bien bon resto, où on se régale avec des aubergines farcies, un bouyourdi, du Retsina (vin blanc dans lequel de la résine de pin a été ajoutée au cours de la fermentation – cela viendrait de l’Antiquité, lorsque l’étanchéité des amphores où le vin était stocké était assurée par un badigeonnage de résine sur les parois internes). Un autre soir, nous allons au cinéma voir West Side Story.

Nous quittons Thessalonique sous un ciel lourd. L’étape du jour consiste à rallier la ville de Katerini, qui n’est pas si éloignée que ça sur le papier, mais il y a le delta de la rivière Aliakmon à traverser, et cela nous oblige à remonter pas mal vers le nord-ouest. Toute cette partie n’est pas particulièrement belle. Ce n’est qu’en fin de journée qu’on commence à apercevoir la chaîne montagneuse du mont Olympe, dont les cimes sont dans les nuages.

Le midi, alors que nous faisions une pause dans une taverne pour recharger nos batteries, deux petits vieux d’une table voisine nous ont fait servir une bonne bière bien fraîche. Santé !

A Katerini le soir, nous découvrons une petite ville aux airs de station de ski (bien qu’on soit toujours dans la plaine), richement décorée pour Noël. Un vendeur de fruits avec qui on discute un peu nous dit de ne surtout pas aller en Albanie, car on va s’y cailler sévère… Nous verrons bien, mais n’avons pas l’intention de changer notre route !