Nous voici de retour dans l’UE !
Juste après la frontière, nous roulons sur l’autoroute, totalement vide (on dirait qu’un seul camion passe la frontière toutes les 20 minutes), avant de rejoindre des routes plus sympa. Il y a un vent de malade, et même de la pluie, c’est pas facile ! Nous rencontrons deux allemands qui roulent dans le sens contraire au nôtre, puis nous arrivons tant bien que mal à Alexandroupoli, où nous nous arrêtons pour deux nuits, toujours à cause de cette météo capricieuse.
Il y a quand même selon nous un sacré avantage à notre arrivée en Grèce : la bouffe !! On est trop content de retrouver la bonne nourriture grecque, les salades délicieuses, les légumes, c’est un régal dès les premières bouchées 😁
Et aussi, à peine arrivés au premier village, on est plongé dans l’ambiance de Noël, qui n’existait quasiment pas du tout jusque-là ! Des crèches dans tous les villages, les sapins, les décorations, …
Le jour suivant, le temps est toujours menaçant mais nous préférons partir et avancer ! Et ça tombe bien car nous ne recevrons quasiment aucune goutte d’eau de toute la journée (probablement car on a enfilé nos Kway !) !
En revanche, nous croisons à plusieurs reprises des routes bien abîmées, voire infranchissables, car submergées à la suite des précipitations importantes des derniers jours ! Ce sont des passages à gué, probablement à sec une bonne partie de l’année, mais nous tombons au mauvais moment ! Par chance, la première fois, un tracteur arrive au même moment, et nous fait monter sur sa “laboureuse” avec Steven pour traverser.
Mais ça ne peut pas marcher à chaque fois, et nous devons à deux reprises faire demi-tour un peu plus tard dans la journée. Nous longeons de nombreux champs de coton, également inondés.
Au détour d’une petite route, nous croisons Mattys, un cycliste parti de Lyon, en direction de la Turquie. On en profite pour lui refiler nos dernières livres turques et notre carte SIM.
Il est ensuite l’heure de se chercher un endroit où dormir. On fait quelques courses rapides au passage, et le vendeur offre à Mathieu un sac rempli de cerneaux de noix… Presque un kilo ! Bon, c’est vraiment très gentil, mais ça va faire un peu beaucoup pour moi vu que Mathieu est allergique 😅
Au cours d’un dernier détour suite à une route immergée, nous pensons avoir trouvé un endroit pas mal pour planter notre tente, avec une belle vue sur le coucher de soleil.
Sauf que plus le temps passe, plus on se met à douter : cette crotte là, elle semble avoir plein de poils c’est bizarre non ? Oui et celle là-bas est assez spéciale aussi, non ? Bon, après quelques recherches sur internet, on voit qu’il y a potentiellement des loups et des ours dans le coin, et que ces excréments pourraient bien correspondre à ces animaux.
Humhum, on va peut être se trouver un autre endroit en fin de compte ! On redescend un peu en altitude, histoire d’être dans la plaine, et non plus à la lisière de la forêt, on trouve une bergerie abandonnée, et on s’y installe. Malgré les chiens qui aboient dans les villages voisins, on sera probablement bien mieux ici pour dormir !
La route et les paysages du lendemain évoluent doucement vers des paysages plus montagneux, et le temps meilleur. On tombe nez à nez avec une tortue !! En grands sauveurs que nous sommes, nous l’enlevons du milieu de la route pour la remettre derrière la glissière de sécurité, et espérons qu’elle ne décidera pas de retraverser !
Un peu plus loin, nous entendons ce petit « ting » caractéristique du rayon qui pète. Et quand on regarde notre roue arrière, il s’avère qu’il y en a même deux qui ont lâché !! Aie aie aie, la série noire continue 😨 On repère un magasin de vélo à une dizaine de km, et on s’y dirige doucement, mais à peine quelques mètres plus loin, voilà qu’un troisième casse. Là c’est franchement la débandade ! On décide alors que Mathieu roule seul jusqu’au magasin (comme ça la roue arrière est déchargée de tout mon poids…) et je le rejoins à pieds.
Par chance, il arrive à se rendre à bon port sans qu’un autre rayon ne casse, et moi, après même pas un kilomètre marché, une voiture s’arrête à mon niveau pour m’emmener. Trop facile !
Le mécanicien est très sympa, il nous répare notre roue, nous offre le café, et ne nous fait rien payer du tout !
Un grand merci à lui, et nous voilà prêt, pour rouler sans encombres jusqu’à Kavala, la capitale de la région de la Macédoine orientale.
Nous poursuivons notre route le lendemain, la montagne d’un côté, la mer de l’autre. Nous traversons des champs d’olivier, des vignes (certaines ont encore un peu de raisin, mais il est pas super bon). Nous croisons encore un couple de cyclistes français. Décidément, on a croisé tellement peu de monde en Turquie, à part bien sûr en Cappadoce, et ici, on croirait être sur une autoroute des cyclotouristes !! La géographie du coin fait que tout le monde passe au même endroit (comme un goulet d’étranglement) pour passer de la Grèce à la Turquie ou l’inverse. C’est malgré tout un peu frustrant de ne jamais être dans le même sens, et donc de ne pas partager un petit bout de chemin ensemble.
Au détour d’une route, nous tombons sur une énorme statue de lion, puis c’est la pluie qui nous tombe dessus. Heureusement, ce n’est qu’une rapide averse, et elle nous amène un magnifique arc-en-ciel.
Le lendemain, le temps est toujours maussade, on se croirait presque en Irlande parfois.
Lorsque la pluie se met à tomber, alors nous nous abritons dans une taverne. Quasiment tous les clients sont des hommes, le raki coule à flot. Alors qu’on s’apprêtait à partir, des musiciens débarquent, un guitariste, un chanteur et un clarinettiste. L’ambiance est bien vite réchauffée, tout le monde est content, certains chantent ! Le groupe passe de table en table, et le clarinettiste joue presque dans les oreilles des hommes ! On se dit d’une part qu’ils doivent tous être sourds, et d’autre part qu’ils ne craignent clairement pas le covid quand on voit les gouttes de bave qui sortent de la clarinette et qui tombent sur les épaules des clients !!! On reste encore un peu, et voilà que deux verres de vin, remplis à ras bords, arrivent devant nous : c’est un monsieur, au fond de la salle, qui a demandé au serveur de nous les apporter. C’est son propre vin. C’est très gentil de sa part, mais c’est pas vraiment bon 😅 Ce monsieur nous scrute, et nous devons donc garder bonne figure et tout boire, mais c’est un peu une épreuve. Surtout qu’on sait que juste après, on a une méga côte à gravir avant d’arriver à Thessalonique !
Nous finissons quand même par quitter la taverne pour retrouver le froid et le calme. La cote est aussi raide que prévue, mais en plus c’est un chemin de terre rocailleux, dans lequel on patine vu la pluie des derniers jours. On est donc contraint de pousser le vélo. Dur dur !