Voilà une pause qui nous a fait grandement du bien. Juste ne rien faire, s’affaler dans un canapé, revoir nos copains, ne pas devoir déplier et replier nos affaires tous les jours, être propre 4 jours d’affilée… Vu de l’extérieur, ça peut paraître pas grand chose et de la flemmardise, mais vraiment, qu’est-ce que c’était bon 🙂 Merci Astrid et Guillaume !
Nous profitons de leur jardin pour doucher rapidement notre ami Steven, qui brille désormais de mille feux. Nous voilà prêts pour repartir. Un peu difficile de s’arracher à ce cocon de confort !
Nous filons en direction du nord, le long de la Weser. Nos amis nous ont indiqué une curiosité sur la route, le bunker Valentin, où nous faisons donc une escale. Alors que nous pensions l’apercevoir de loin, il faut attendre le dernier moment, le dernier virage, pour que ce mastodonte en béton surgisse devant nous. Cet ouvrage a été construit pour les nazis entre 1943 et 1945 pour industrialiser leur construction de sous-marins de guerre U-boat XXI (sa taille permettrait de travailler sur 13 d’entre eux en simultanée). Jusqu’à 10 000 travailleurs forcés y ont travaillé, jour et nuit : des travailleurs civils d’Europe de l’Est et de l’Ouest réquisitionnés pour les travaux forcés, des prisonniers de guerre soviétiques, des détenus de camps de concentration et des détenus d’un camp d’éducation par le travail de la Gestapo de Brême.
Physiquement, ça ressemble un peu à la base pour sous-marins de Saint-Nazaire. Les murs sont épais de 4,5 m, et le plafond atteint jusqu’à 7 m d’épaisseur ! Mais au final, ce bunker n’a jamais servi, car d’une part la partie encore inachevée en mars 1945 a été bombardée et le toit a été endommagé, et d’autre part, la guerre a été finie entre temps. Par la suite, ce bunker a été utilisé par les Alliés comme cible pour des essais de bombes.
La visite commence par une petite salle qui explique l’historique de cette zone, où de nombreuses infrastructures de guerre ont été construites depuis les années 1930. Puis, nous pouvons pénétrer le bunker et apercevoir son immensité, le tout dans une pénombre humide, éclairée uniquement par la lumière du jour qui perce au travers des quelques trous laissés par les bombardements sur le toit.
Nous avons beaucoup apprécié cette visite, d’autant plus que nous ne soupçonnions pas l’existence de ce bunker aussi proche de Brême.
Nous reprenons notre route, en direction de Bremerhaven, que nous pensions atteindre dans la journée. Mais finalement, c’est un peu trop loin, et nous nous arrêtons après 80 km, qui nous semblent largement suffisants pour la reprise. On est dans un tout petit village, on crève de faim, et alors qu’on commençait à se désespérer de devoir réenfourcher notre monture et pousser plus loin, nous apercevons un petit kiosque en bord du fleuve, qui propose des sandwichs au hareng nouveau (Matjes Brötchen). Voilà de quoi nous redonner des forces, le tout arrosé d’une petite bière.
Et pour parfaire cette journée de reprise, il y a un parking où 5 campings cars peuvent stationner juste à côté, des toilettes, un un petit pré. Bon, nous avons trouvé notre emplacement pour la nuit ! A priori, les campings cars doivent payer un petit quelque chose pour venir là, mais nous attendons la nuit pour nous installer, et repartirons tôt le lendemain, et ni vu ni connu ! Cerise sur le gâteau, on profite des sanitaires pour faire une toilette de chat au lavabo, et on se sent presque tout propres !
Un beau coucher de soleil et notre petit feu nous font patienter jusqu’à la nuit.
Lorsqu’il fait enfin noir, nous découvrons que ce joli endroit, qui rassemble familles et promeneurs le jour, est également un haut lieu de trafic la nuit ! Enfin du moins c’est ce que nous croyons comprendre, à en voir le nombre de voitures qui passent devant notre tente lorsqu’il fait bien sombre, et qu’il n’y a vraiment plus rien à voir dans le paysage ! En soi, ça ne nous dérangerait pas forcément, mais en réalité, à chaque fois qu’une voiture passe, ses phares éclairent le petit pré et donc notre tente !
On finit quand même par s’endormir, et nous sommes réveillés assez tôt le lendemain, par le soleil et surtout un vent fort qui bat la toile de tente.
Cette fois, nous arrivons bien à Bremerhaven ! Après un petit déjeuner dans une boulangerie portugaise (Mathieu découvre les pasteis de nata), nous allons au musée maritime. Enfin, nous essayons, car on a beau tourner autour du bâtiment, on ne trouve pas l’entrée ! Nous comprenons alors que la majeure partie du musée est fermée pour rénovation. Ah ben zut ! Nous pouvons quand même visiter un bateau amarré dans le port, le Seefalke, ainsi que le dernier exemplaire restant du sous-marin qui devait être fabriqué en série dans le bunker Valentin.
Nous sommes quand même un peu frustrés de ne voir que ça, alors nous allons finalement aussi visiter le musée de l’immigration. On ne l’avait pas choisi au début, car on en a déjà visité à plusieurs reprises. Eh bien au final, on ne regrette pas du tout notre choix. Ce musée est génial, chaque salle est remplie de décors pour reconstituer les différentes étapes des traversées transatlantiques, depuis la salle d’embarquement, jusqu’à l’arrivée à Ellis Island puis à la gare Grand Central à New York, en passant par les cabines de 3e classe dans des bateaux à différentes époques (voilier et bateau à vapeur), qui nous permettent de voir l’énorme évolution des conditions de vie et d’hygiène à bord. Il y a plein d’objets à voir, de témoignages à lire, à écouter. Encore un musée très interactif, où nous pourrions rester une journée entière !
Mais nous devons à nouveau rouler, toujours vers le nord, et donc contre le vent fort, en direction de Cuxhaven. On fait un faux départ, puisque 20 minutes après être parti, on nous apprend qu’un pont qu’on doit traverser est cassé (apparemment, un bateau serait rentré dedans ?!). On doit alors faire demi-tour et repasser par le centre ville ! Dur dur ^^ Globalement, le vent souffle contre nous pendant tout le trajet, ce n’est pas facile du tout. Nous arrivons malgré tout à Cuxhaven, profitons de notre avance pour prendre une glace et une bière, et puis nous embarquons sur le ferry qui nous fait traverser l’Elbe, en direction de Brunsbüttel.
Nous y débarquons à 20h, et on a repéré un nouveau parking de camping car à 5 km de là, avec en plus à côté un resto qui ferme à 21h. On y fonce, mais c’est la douche froide : la cuisine fermait à 20h !! On est dégouté !!!!!! Nous nous contenterons donc de pates ce soir. Sans sauce, mais grâce à Astrid et Guillaume, nous avons désormais du sel et de l’huile d’olive. Bon, au moins on a quelque chose dans l’estomac. On plante la tente à côté d’un petit cours d’eau où sont amarrés quelques bateaux de pêche, et on se rince au robinet d’eau froide.
Au petit matin, nous rangeons notre campement bien vite, et grand bien nous en fasse, car un monsieur commence à s’approcher de nous et à demander ce qu’on fout là. On fait semblant de ne pas comprendre, il repart en grommelant, et nous, on se tire !